Déchets électroniques : Une mine d’or et de toxicité

Publié par Samy YACINE le 22-04-2015, 18h03 | 67

Un récent rapport d’un organisme des nations unies revient sur le fléau  des déchets  électroniques  qui continuent de polluer de nombreux pays du sud, notamment  en Afrique, dans une ambiance de laxisme et d’hypocrisie.

Les chiffres ont de quoi donner le tournis, et les perspectives ne sont gère reluisantes sur ce marché des déchets électroniques qui font le bonheur de quelques-uns et le malheur de beaucoup d’autres.

En pu liant cette semaine une étude bien documentée sur la question l’université des nations unies remet au gout du jour une vieille problématique pour laquelle de nombreuses législations tant nationales qu’internationales ont été mises en place sans pour autant parvenir  à enrayer le marché du transfert des déchets vers des pays pauvres ne quête de quelques dividendes à tirer des matières premières qu’ils recèlent.

L’étude estime le poids total des déchets produits en 2014 à quelques 41,8 millions de tonnes, soit une augmentation de 2millions de tonnes en comparaison avec l’année d’avant. D’après l’université onusienne, il n’y a jamais eu autant de déchets sur la planète et il faut s’attendre à une progression fulgurante qui pourrait atteindre les 50 millions de tonnes dans les trois prochaines années.

Ces déchets se constituent de divers matériaux et se constituent de nombreuses sortes, avec « une large majorité d'équipements souvent volumineux de cuisine, de salle de bain ou de buanderie, tels que des réfrigérateurs et des lave-linge.

Mais aussi de plus petits appareils, comme des téléphones portables, des calculatrices, des ordinateurs portables ou des imprimantes, qui prolifèrent et pèsent désormais 7% des déchets produits », peut-on lire sur le site du quotidien français lefigaro.fr qui rapporte une explication de l’université des nations unies selon laquelle, au moment où «nous assistons à toujours plus d'innovations technologiques, la durée de vie de nos appareils se réduit, ce qui conduit à une hausse rapide du nombre de ‘e-déchets'».

Au classement des pays producteurs de déchets, l’étude inique que les Etats Unis et la Chine viennent évidemment aux premières loges, même si, comptabilisée par tête  d’habitants, la production de déchets électronique se fait le plus en Norvège (28,4 kg), vient ensuite la Suisse (26,3 kg), l’Islande (26,1 kg), puis le Danemark et la Grande Bretagne.

Les auteurs de l’étude rapportent que le total des déchets traités ne dépasse pas le sixième du volume produit et soulignent l’intérêt représenté par ce gisement qui constitue   «un large réservoir potentiel de matériaux recyclables qui font d'eux une ‘mine urbaine'», souligne David Malone, sous-secrétaire général des Nations-Unies et recteur de l'UNU, cité par le site lefigaro.fr qui note au passage que ces « déchets renfermaient ainsi pour 48 milliards d'euros de fer, de cuivre ou d'or l'an dernier, selon les calculs de l'étude. »

Revenant sur les résultats de cette étude le site www.greenit.fr ajoute de son côté que « seulement 15 % (6,5 millions de tonnes) a été collecté et retraité par les dispositifs nationaux officiels », indiquant explicitement que « nous n’avons aucune idée où finissent 85 % des DEEE ! »

A partit de là se pose pour ce site la question des « nombreux problèmes de santé associés aux toxines contenues dans ces déchets », qui se constituent d’après lui de produits hautement toxiques contenus dans les différents sortes de déchets qui se constituent ainsi :

« les équipements informatiques et télécoms (catégories 3 et 4) - téléphones, ordinateur, imprimante, écrans, etc. – représentent 13 % du tonnage total contre 35 % pour le petit et gros électroménager et 10 % pour les équipements de chauffage et de climatisation. Les lampes ne représentent que 1 % du tonnage », lit-on sur greenit.fr

Les équipements informatiques qui représentent une bonne proportion du volume global des déchets électroniques sont considérés parmi les plus toxiques, selon ce site qui  considère qu’ils « représentent 2,2 millions de tonnes de verre au plomb (6 fois le poids de l’Empire State Building), 300 000 tonnes de batteries contenant du mercure, du cadmium, du chrome, etc », ajoutant un peu plus loin que  « ces substances toxiques entraînent des problèmes de santé tels qu’un retard du développement intellectuel, des cancers et différentes pathologies du foie et des reins. »

Ces risques toxiques n’empêchent pas l’attrait des déchets électroniques sur beaucoup de populations dans des pays du sud, devenus par la force des choses une sorte de poubelle pour les déchets exportés par les pays développés, en dépit des restrictions légales bien présentes.

Pour le site www.greenit.fr, ce « sont surtout les métaux précieux qui permettent de valoriser l’opération de collecte et de recyclage » ; il donne ainsi quelques détails  sue les produits enfouis dans   les 42 millions de tonnes de déchets qui, écrit-il « contiennent 16,5 millions de tonnes de fer, 1,9 millions de tonne de cuivre, 300 tonnes d’or (soit 11 % de la production mondiale en 2013) ainsi que de l’argent, de l’aluminium, du palladium et différents plastiques réutilisables »

Reprenant les indications fournies par l’étude de l’université des nations unies, le site souligne que les plus grands producteurs de déchets sont des pays qui font  « 130 fois plus de déchets par habitant que les pays les moins émetteurs », selon le site qui situe parmi les pays les moins producteurs  « trois pays africains : le Libera, le Niger et la République Démocratique du Congo qui émettent moins de 0,5 kg par habitant et par an. »


Et la santé publique ?

Sur le site www. bastamag.net, est publié  un reportage sur l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert de déchets électroniques en Afrique.

Elle est située  à « Agbogbloshie, dans la banlieue d’Accra la capitale», souligne cet article qui ajoute qu’elle  « est la plus grande décharge de déchets électroniques au Ghana Des dizaines de milliers de personnes qui se rendent malades à démonter des appareils et à brûler les câbles. »

Le journaliste s’est entretenu avec  Mike Anane  qui planche sur le dossier des exportations illégales de ces produits depuis plus de dix ans. Il se rappelle qu’au début «  ces déchets arrivaient par demi-camions. Le phénomène a explosé ces huit dernières années. »

Le phénomène tend à l’industrialisation de nos ours selon ce témoin de première main  qui avance le chiffre de 500 containers débarquant chaque mois au port ghanéen de Tema. Le reste se passe dans des décharges à ciel ouvert, où, d’après ce site, « les équipements sont démantelés, une partie récupérée, le reste brûlé, sans protection suffisante pour les travailleurs du site ».

Le journaliste du site n’omet pas d’évoquer  les « conséquences désastreuses pour les populations locales : le site d’Agbogbloshie est classé parmi les dix endroits les plus pollués au monde, selon le classement effectué par l’ONG suisse Greencross et l’institut américain Blacksmith », avance-t-il


Hypocrisie sur toute la ligne

Au plan international, la convention internationale de Bâle, entrée en vigueur en 1992, »  interdit l’exportation de déchets dangereux des pays membres de l’OCDE vers ceux du Sud », note le site bastamag.net qui ajoute que les européens ont mis en place des normes plus strictes, en effet, écrit-il, « une directive européenne a structuré en 2002 la filière de la collecte et interdit à ses États membres d’exporter leurs déchets, dangereux ou non, pour les faire éliminer dans un pays étranger. »

Cela n’empêche toujours pas les lots entiers de déchets électroniques d’être déversés dans les pays pauvres. Pour Mike Anane, la raison est à trouver dans le fait  que les  «États-Unis n’ont pas ratifié la convention de Bâle... Et les pays européens font passer les exports de déchets électroniques pour des dons d’équipements usagers ».

APS