Crise au Yémen: Poursuite des combats, malgré les multiples appels au dialogue pour mettre fin au chaos

Publié par DK News le 25-04-2015, 15h37 | 25

L'ancien président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a appelé ses alliés, les rebelles Houthis, à se conformer aux exigences de l'ONU de se retirer des territoires conquis en vue de mettre fin au chaos par le dialogue au Yémen, alors que les raids de la coalition arabe se poursuivaient samedi dans ce pays.

«J'appelle Ansarullah (les rebelles Houthis) à accepter et appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour pouvoir obtenir l'arrêt de l'agression des forces de la coalition» arabe dirigée par Ryadh contre les Houthis, a dit M. Saleh selon un communiqué lu en son nom sur une chaîne privée. «Je les exhorte, a-t-il ajouté, à se retirer de toutes les provinces, spécialement d'Aden», principale ville du sud du Yémen, a-t-il ajouté.

En proclamant mardi dernier la fin de la campagne aérienne intensive déclenchée le 26 mars, l'Arabie saoudite a affirmé que la coalition se réservait le droit de bombarder, au cas par cas, des mouvements suspects d'insurgés, estimant que l'arrêt des raids, est le début d'une nouvelle phase, baptisée «Redonner l'espoir».

La nouvelle phase se veut un début pour la reprise du processus politique au Yémen, l'acheminement de l'aide humanitaire et de la lutte contre le terrorisme.Toutefois, la coalition arabe a de nouveau mené des raids ayant pris pour cible un camp militaire d'une unité favorable aux rebelles près de Taëz (sud-ouest).

Des positions rebelles ont été bombardées et des affrontements ont eu lieu notamment à Aden, dans la province de Marib (est), d'Abyane (sud) et d'Ibb (centre).

Les parties appelées à rejoindre la table des négociations

Suite à l'annonce par l'Arabie saoudite de la fin de la 1ère phase de l'intervention au Yémen, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, a plaidé pour une reprise rapide du processus politique au Yémen, appelant à la protection des civils et à la facilitation de l'accès de tous les Yéménites à l'aide humanitaire.

«J'espère qu'il y aura une fin des combats dès que possible», a ajouté M. Ban, se déclarant «prêt à fournir les facilités diplomatiques nécessaires pour  résoudre cette crise par le dialogue». Dans sa première réaction, la rébellion Houthie au Yémen a exigé l'arrêt total des raids aériens de la coalition, ainsi que des pourparlers parrainés par l'ONU.

«Après un arrêt complet de l'agression contre le Yémen et la levée du blocus (aérien et maritime), nous exigeons la reprise du dialogue politique, là où il s'était arrêté (...), sous le parrainage des Nations unies», a déclaré Mohammed Abdelsalam, porte-parole des rebelles Houthis, dans un communiqué. Même son de cloche pour les Etats-Unis qui ont eux aussi appelé les rebelles et leurs alliés à reprendre les négociations. «Nous avons besoin que les Houthis et ceux qui ont de l'influence sur eux soient prêts à rejoindre la table des négociations», a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry.

Le président américain Barack Obama, a également exprimé son souhait de voir les belligérants reprendre les négociations, «ce que nous devons faire est rassembler toutes les parties autour de la  table et trouver un accord politique», a-t-il souligné.

Les Houthis font la sourde oreille

Au lendemain de l'appel de l'ex-président Saleh qui a quitté le pouvoir en 2012, à ses alliés rebelles de se retirer des zones conquises pour permettre la reprise d'un dialogue, des combats meurtriers se sont poursuivis samedi dans plusieurs ville du Yémen.

Les Houthis, qui comptent aussi parmi leurs alliés l'Iran, accusé de leur livrer des armes, ce que Téhéran dément, avaient fait de l'arrêt des raids de la coalition dirigée par Ryadh un préalable à leur retrait.

Au moins 38 personnes sont mortes samedi dans des combats entre rebelles et partisans du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, tandis que des raids de la coalition arabe ont ciblé des positions rebelles à Aden, la deuxième ville du pays, et dans la province voisine de Lahej.

Préoccupés, les Etats-Unis, par la voix de leur secrétaire d'Etat John Kerry, espèrent que dans les jours à venir «il y aura une désescalade» et que «nous pourrons nous retrouver dans un endroit où des négociations pourront se tenir», a-t-il souhaité, alors qu'un nouveau médiateur onusien pour le Yémen vient d'être désigné, le précédent ayant démissionné.

Entre le 19 mars et le 20 avril, plus de 1.000 personnes, dont une moitié de civils, ont été tuées et 4.352  blessées au Yémen selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'après l'ONU, au moins 115 enfants sont morts dans les hostilités.

«Les précautions nécessaires n'ont pas toujours été prises pour minimiser les souffrances des civils», a affirmé, pour sa part, le vice-directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord de l'ONG Amnesty international, Saïd Boumedouha.«Il est crucial que des enquêtes impartiales et indépendantes soient menées pour savoir si la loi  humanitaire internationale a été violée», a-t-il insisté.