L’œuvre de René Sintès, peintre du «brasier algérois» exposée au Centre culturel algérien à Paris

Publié par DK News le 15-02-2014, 18h16 | 69

Une importante rétrospective de l’£uvre de l’artiste René Sintès est exposée depuis mercredi soir à la galerie du Centre culturel algérien (CCA), rendant ainsi un hommage posthume à celui qu’on qualifie de «Peintre du brasier algérois» pour avoir peint la Casbah en pleine «bataille d’Alger» et plus tard ses meurtrissures, provoquées par la folie criminelle de l’OAS, à la veille de la proclamation de l’indépendance nationale.

Grâce à une série de photographies prises par René Sintès depuis son immeuble du quartier de La Marine, où il habitait à l’époque, on reconnaît la position exacte des paysages urbains qu’il transposa dans son £uvre qu’il voua à sa ville natale Alger. Une sélection de plus d’une trentaine de toiles ont été présentées, dans le cadre de cette exposition posthume, au regard d’un public féru d’art, venu nombreux et visiblement impressionné par sa qualité esthétique et sa valeur mémorielle.

L’artiste peintre habitera dans ce quartier des artistes de l’époque, que fut La Marine, jusqu’aux deux attentats au plastic perpétrés par l’OAS  le 6 et 7 mars 1962, deux mois avant son enlèvement  par le commando Delta de la sinistre organisation. Sintès disparaît alors à jamais à l’âge de 29 ans. Son corps ne sera jamais retrouvé. Après un séjour à Paris, le retour de René Sintès en Algérie, en 1957, coïncide avec le début de la «bataille d’Alger» où la population de la capitale allait être happée dans la tourmente et les violences perpétrées au quotidien par les parachutistes contre les militants de la cause nationale.

La ville est alors sous le régime draconien des arrestations, des couvre-feux, des quadrillages, des barbelés et pénuries de toutes sortes. Malgré les difficultés du quotidien, le peintre reproduit dans quelques-unes de ses toiles, des moments de bonheur familial qui se reflètent dans les couleurs dorées de «Marché rempli de lumières» une rare représentation chez le peintre de figures humaines et de fruits étalés en premier plan. S’en suivit dans ses £uvres, une progression du clair vers les tons obscurs qui viennent se calquer sur les neuf mois de la bataille d’Alger (janvier-septembre 1957). Ses toiles prennent alors des couleurs de plus en plus sombres mêlant l’ocre, le rouge et le noir, telles que «Métamorphoses», «Nocturnes I» , «Nocturnes II», travaillées au couteau et à la spatule.