Oran : Ouverture du colloque international sur l'Emir Abdelkader

Publié par dknews le 04-05-2015, 18h29 | 373

Un colloque international dédié à la dimension spirituelle et intellectuelle du fondateur de l'Etat algérien moderne, l'Emir Abdelkader, s'est ouvert lundi à Oran avec la participation d'une centaine de chercheurs et personnalités culturelles de différents pays et en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.
«L'Emir Abdelkader, poétique et tasawwuf» est le thème générique de la rencontre qui se tient jusqu'à mardi, à l'initiative de l'Unité de recherche sur la Culture, la Communication, les Langues, les Littératures et les Arts (UCCLLA), relevant du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).


«La manifestation scientifique a pour objectif de mettre en valeur la richesse du legs culturel de cette grande figure de l'histoire algérienne», a souligné le directeur de l'UCCLLA et coordinateur du colloque, Mohamed Daoud. Y prennent part des chercheurs et enseignants universitaires venus de plusieurs universités algériennes aux côtés de leurs pairs étrangers invités d'une dizaine de pays, dont l'Egypte, les Emirats arabes unis, la France, la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie.
Les conférences et ateliers programmés dans ce cadre seront consacrés aux questions relevant de la culture, de la connaissance, de la littérature et des aspects linguistiques, a indiqué le coordinateur du Colloque, signalant que «ces thématiques sont inscrites dans les programmes de recherche de l’UCCLLA et des laboratoires partenaires».


«Les intervenants s'attelleront à rendre visibles les postures intellectuelles et littéraires de l’Emir Abdelkader, celles qui lui ont permis d’être une personnalité éminente ayant su faire face aux défis et enjeux de l’époque», a expliqué Mohamed Daoud.
«Porteur d’un projet humaniste, l'Emir Abdelkader a pu dépasser, par sa profonde vision, les frontières locales et régionales», a-t-il relevé, faisant valoir que «l’Emir n’a pas été uniquement le fondateur de l’Etat Algérien moderne et résistant à l’occupation française durant plusieurs années, mais il s’est illustré, également, par la maîtrise du verbe, tantôt poète, tantôt penseur traitant de plusieurs questions».


L'Emir a légué une oeuvre très riche dont «Kitab el mawaqif» (Le livre des haltes) et «Dhikr el aqil» (Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent), traduit par «Lettre aux Français» où il met en exergue le mérite du savoir et des savants.
Il est également l'auteur de plusieurs traités et poèmes qui font de lui «un poète et un soufi de grande stature», a encore noté Mohamed Daoud, insistant sur le fait que «le rapprochement de l’Orient et de l’Occident, le dialogue des cultures et des religions ont été au c£ur de ses réflexions».
La cérémonie d'ouverture du colloque s'est tenue en présence du wali d'Oran, Abdelghani Zaalane qui s'est félicité de la tenue de cette manifestation scientifique mettant en relief la dimension humaine de l'illustre figure de l'histoire nationale.

L’Emir Abdelkader, une figuremarquante de la résistancepopulaire contre l’occupantfrançais

L’Emir Abdelkader, dont un colloque international sur sa pensée et son apport culturel est organisé à Oran, ces lundi et mardi, est considéré comme l’une des figures marquantes de la résistance populaire nationale contre l’occupation française et un modèle dont doivent s’inspirer les générations montantes.
L’itinéraire et les actions de cet homme dont le nom est lié à la fondation de l’Etat algérien moderne représentent des pans incontournables de l’histoire nationale et reflètent sa grandeur, ses combats et ses sacrifices.


Tout le long de sa vie, L’Emir Abdelkader n’a pas seulement donné l’image d’un guerrier et d’un leader de la résistance populaire mais également celles d’un homme de science, un humaniste, un diplomate, un homme de lettres et un fin stratège.
L’Emir Abdelkader Ibn Mahieddine est né en 1808, dans le village d’El Gotna, près de Mohammadia, dans la wilaya de Mascara. C’est son père qui lui a enseigné, dès son jeune âge, les rudiments de la langue arabe et le Saint Coran.


Il s’est rendu ensuite à Arzew pour approfondir ses connaissances, selon diverses sources historiques. En 1827, il se rend en compagnie de son père aux Lieux Saints pour accomplir le Hadj pour se rendre ensuite à Damas et Baghdad.  
Deux années après le début de la colonisation du pays, l’Emir Abdelkader a été désigné pour commander la résistance contre la présence française et procéder à la fondation d’un Etat algérien moderne qui a duré 17 ans.


Les historiens soulignent dans leurs écrits et témoignages que l’Emir Abdelkader a fait preuve de sagesse, de droiture et d’équité dans la gestion des affaires des populations. Son exil en France, puis son transfert vers la Turquie et finalement son installation à Damas (Syrie) ont été des moments consacrés à la quête du savoir et à l’écriture touchant diverses disciplines. Ses pensées restent encore d’actualité et montrent la profondeur de vision et de sa perception de certaines choses de la vie spirituelle et religieuse.


L’Emir Abdelkader a échangé d’innombrables correspondances avec les savants et les gouvernants de son époque. Il meurt au mois de radjeb de l’année hégirienne 1300 (1883). Il fut enterré à Damas, près de la tombe du soufi Ibn Arabi qui l’a fortement influencé.
Rapatrié le 5 juillet 1966, l’Emir Abdelkader repose depuis cette date au carré des martyrs, au cimetière d’El Alia, dans son pays natal.

 

Nouvel ouvrage sur «Les penséesde l'Emir Abdelkader» en juin

Un nouvel ouvrage au contenu riche en documents, commentaires et études analytiques sur les Pensées de l'Emir Abdelkader sera édité en juin prochain, a annoncé lundi à Oran le Directeur de la Culture islamique auprès du ministère des Affaires religieuses et Wakfs.
Cette publication, rédigée en langue arabe sous le titre «Tibr el khawatir fi fikr el Emir Abdelkader», sera éditée dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», a précisé Boumediene Bouzid.


«L'ouvrage verra le jour en deux tomes de quelque 700 pages, recueillant les études critiques d'une trentaine de chercheurs algériens», a expliqué ce responsable dans une déclaration à l'APS, en marge d'un colloque international sur l'Emir Abdelkader.
Un livre a été déjà publié par le passé sous le même titre et sur 250 pages, a-t-il rappelé, signalant que les deux tomes à paraître ne sont pas une réédition mais un nouveau recueil riche en études récentes. Le Directeur de la culture islamique a également fait savoir que son département organisera, le 27 mai prochain, un colloque sur la «communication en religion», dont une partie des travaux est aussi programmée à Contantine.


«Cette rencontre réunira plusieurs chercheurs autour de l'objectif de dégager des recommandations favorisant une communication saine en matière religieuse et ce, a fortiori au temps de l'internet, des réseaux sociaux et des multiples chaînes satellitaires versées en la matière», a-t-il souligné. Une centaine de chercheurs et de personnalités culturelles participent au colloque international dédié à la dimension spirituelle et intellectuelle de l'Emir Abdelkader, ouvert lundi à Oran, en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.


Le parcours du fondateur de l'Etat algérien moderne a été mis en exergue lors d'une conférence plénière animée dans ce cadre par M. Bouzid qui a notamment insisté sur les qualités humaines de l'Emir Abdelkader. Plusieurs ateliers figurent au programme de cet événement, traitant, entre autres, des thèmes intitulés «La langue, la littérature et la poésie», «Tasawwuf et gnose (Irfan)», «Dialogue avec l’Autre», «Poésie populaire et résistance», et «Discours, argumentation et identité». Le colloque est organisé par l'Unité de recherche sur la Culture, la Communication, les Langues, les Littératures et les Arts (UCCLLA) relevant du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC).
 

Exposition, sur "L'Emir Abdelkader: un homme,un destin, un message"

"Cette manifestation culturelle met en relief les valeurs humaines universelles pronées par le fondateur de l'Etat algérien moderne", ont souligné les organisateurs.
Plus de vingt panneaux géants comportant des données sur le parcours spirituel et intellectuel de l'Emir sont proposés aux visiteurs de l'exposition initiée par l'Association internationale soufie alawia (AISA-ONG).


Les participants au colloque, dont de nombreux étrangers, ont pris plaisir à découvrir ou revoir les tableaux qui ont sillonné plusieurs pays depuis leur réalisation en 2003 dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France.


"L'objectif est de faire connaître la personnalité modèle que fut l'Emir tant au plan de la résistance héroïque qu'il opposa aux forces coloniales françaises que pour ses valeurs humaines", a souligné Setty Simon-Khedis, commissaire générale de l'exposition et membre de l'AISA-ONG affiliée à l'Association Cheikh el Alawi pour la culture et l'éducation soufie, basée à Mostaganem.
"Fruit de plusieurs années de travail documentaire, l'exposition démontre, au contraire des motifs civilisationnels invoqués par la France coloniale, que l'Algérie au 19e siècle jouissait de ses coutumes, de ses traditions et de sa propre organisation sociale et politique", a expliqué l'algérienne Mme Khedis."Une multitude d'archives, manuscrits et livres d'époque ont été exploités à l'effet de valoriser cette importante partie de la mémoire nationale en focalisant sur la dimensions héroïque, spirituelle et intellectuelle de l'Emir Abdelkader", a-t-elle indiqué.


Depuis 2003, l'exposition a été traduite dans les langues de tous les pays sillonnés, dont les Etats-Unis, le Canada, la Turquie et le Japon, a rappelé Mme Khedis qui figure aussi parmi les intervenants au colloque avec une conférence intitulée "L'Emir Abdelkader au miroir de l'Autre".