Le gouvernement guinéen appelle au dialogue pour apaiser la tension : l'opposition persiste dans sa contestation

Publié par DK News le 06-05-2015, 17h46 | 19

Le gouvernement guinéen, dans le but de désamorcer la crise politique au pays, a réitéré mercredi son appel à un dialogue avec l'opposition qui maintient son mot d'ordre pour de nouvelles manifestations afin de dénoncer un calendrier annoncé par la commission électorale.

Dans le cadre des concertations et des consultations avec la classe politique guinéenne engagée dans le processus électoral, le président Alpha Condé, affichant une volonté d'apaiser la tension qui ne faiblit pas pour le moment, rencontrera, vendredi prochain, le chef de file de l'opposition, l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, pour parler du «désaccord sur le calendrier électoral.»

Le bureau de presse de la présidence guinéenne a indiqué que le président Condé avait adressé une invitation personnelle à M. Diallo, président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, principal parti de l'opposition) pour un entretien en tête à tête afin de désamorcer la crise politique actuelle liée au processus électoral.

La rencontre entre les deux hommes sera axée notamment sur l'«analyse et l'examen de la situation sociopolitique nationale, en prélude à l'élection présidentielle prévue le 11 octobre prochain et celles des communes qui auront lieu pendant le premier trimestre de 2016», a-t-on précise.La liste des invités à ces concertations, en vue de trouver une solution à la crise actuelle, n'es pas encore rendue publique, selon les médias.

L'opposition campe sur sa position

Depuis plusieurs mois, l'opposition guinéenne organise des manifestations pour protester contre le calendrier élaboré par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Elle exige également l'annulation de ce calendrier, qui prévoit l'organisation du scrutin présidentiel avant les élections locales. Elle exige également une nouvelle recomposition de l'institution électorale.

Mardi, au terme de la plénière qui s'est tenue au domicile du leader de l'Union des Forces Républicaines, l'ex-Premier ministre Sidya Touré, l'opposition a annoncé de nouvelles manifestations le jeudi 7 et le lundi 11 mai prochain sur toute l'étendue du territoire national.«Pour le moment nous sommes dans la rue, nous poussons nos militants dans la rue et ça, nous allons le faire autant de fois qu'il le faut», a affirmé M. Touré.

Selon lui, le désenchantement est à la mesure des attentes de la population à l'avènement d'un pouvoir civil, après des décennies d'autoritarisme et de coups d'Etat militaires.«Cette tension permanente, c'est sa culture à lui», assène M. Touré à propos du chef de l'Etat.
M. Diallo, candidat malheureux à la présidentielle de 2010, a affirmé de son côté que les clivages politico-ethniques se sont en outre aggravés sous l'actuelle régime, regrettant une «marginalisation de la communauté peule», dont il est issu.

Appels à la retenue pour éviter l'enlisement

Plusieurs observateurs du paysage politique guinéen, ont mis en garde contre des scénarios similaires à ceux produits dans certains pays africains, prévenant que la violence peut compliquer d'avantage la crise actuelle.

Le directeur du département Afrique à l'atlantic council, un groupe de réflexion basé à Washington, Peter Pham, a constaté que «le soutien universel dont (le président guinéen) bénéficiait il y a quatre ans n'est plus là». Il a indiqué qu'«après ce qu'il s'est passé au Burkina Faso et au Nigeria, Washington et ses partenaires européens sont beaucoup plus sourcilleux sur la démocratie en Afrique».

Lundi, au moins une vingtaine de personnes ont été blessées à Conakry lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre déployées en masse dans la capitale pour empêcher une nouvelle mobilisation nationale de l'opposition.Le gouvernement a annoncé un bilan de 29 arrestations, et 10 gendarmes et deux policiers blessés, outre deux civils dans des accidents de la circulation, provoqués, d'après lui, par l'huile répandue sur la chaussée par les protestataires.

L'opposition a annoncé, de son côté, que lors de cette manifestation y'avait un mort et 20 blessés, avec une cinquantaine de personnes interpellées.«Ce qui arrivera dans les six prochains mois dépendra de celui des deux camps qui sentira le mieux dans quel sens souffle le vent en matière de politique internationale», selon Peter Pham.

Cette ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest, depuis son indépendance en 1958, n'est toujours pas parvenue à capitaliser sur ses importantes ressources minières pour sortir de la pauvreté.