Crise Yémen : le gouvernement pour une intervention terrestre, l'Arabie saoudite propose un cessez-le-feu

Publié par DK News le 08-05-2015, 15h38 | 34

L'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition contre les rebelles houthis au Yémen, vient de proposer un cessez-le-feu visant à acheminer une aide humanitaire à la population, alors que le gouvernement yéménite a demandé une intervention militaire terrestre de la communauté internationale.

Lors d'une conférence de presse jeudi à Ryadh avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le chef de la diplomatie de l'Arabie saoudite, Adel al-Jubeir, a indiqué que son gouvernement «pense qu'il peut y avoir un cessez-le-feu de cinq jours au Yémen pour coordonner avec les organisations internationales l'acheminement d'une aide humanitaire».

Le secrétaire d'Etat américain est arrivé mercredi à Ryadh, pour discuter d'une «pause» dans les raids aériens au Yémen menée par la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite.M. Jubeir a toutefois estimé que le cessez-le-feu ne pouvait se réaliser que «si les Houthis et leurs alliés (des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh) y souscrivent, n'empêchent pas les efforts humanitaires et ne lancent pas d'actions agressives».

M. Kerry a, de son côté, appelé les Houthis à accepter la proposition saoudienne, soulignant que «ce cessez-le-feu dépend des Houthis». «Nous demandons avec force aux Houthis et à ceux qui les soutiennent (...) d'utiliser leur influence pour ne pas rater cette occasion majeure de répondre aux besoins de la population yéménite et de trouver les moyens de parvenir à la paix au Yémen», a insisté le secrétaire d'Etat.

Le gouvernement yéménite pour une intervention militaire terrestre

Lors de sa visite à Ryadh, M. Kerry a indiqué que «ni l'Arabie saoudite, ni les Etats-Unis ne parlent de l'envoi de troupes au sol au Yémen».Ces propos ont été tenus alors que le gouvernement yéménite a demandé mercredi à la communauté internationale d'intervenir «rapidement avec des forces terrestres» pour «sauver le Yémen, en particulier Aden et Taez», selon une lettre adressée au Conseil de sécurité de l'ONU.

Dans sa lettre, l'ambassadeur du Yémen à l'Onu Khaled Alyemany, a dénoncé des «atrocités» supposées commises par les Houthis, dont des tirs contre des civils qui tentaient de fuir le pays. Il «invite les organisations humanitaires internationales à documenter ces violations barbares commises contre une population sans défense».

Il accuse notamment les miliciens chiites de «viser tout ce qui bouge dans la ville d'Aden», d'empêcher les humanitaires d'accéder à la population et de «tirer à l'artillerie lourde contre des familles qui tentent de fuir les quartiers assiégés» d'Aden.

«Le gouvernement, a ajouté la lettre, emploiera tous les moyens pour poursuivre les Houthis et les forces loyales à l'ancien président (Ali Abdallah) Saleh devant la justice internationale comme criminels de guerre».

Des victimes civils au Yémen, des morts en Arabie saoudite

Au moins 32 personnes ont été tuées et 67 blessées ces deux derniers jours par des tirs d'obus contre des civils fuyant par la mer les combats dans le centre d'Aden, selon un responsable des services de santé.

Mardi dernier, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a tiré la sonnette d'alarme face aux nombre croissant de victimes civiles du conflit au Yémen.Entre le 26 mars et le 3 mai 2015, pas moins de 646 civils, dont 50 femmes et 131enfants, ont trouvé la mort et 1.364 autres civils ont été blessés dans les combats au Yémen.

Par ailleurs, cinq personnes, dont un officier de la sécurité, ont été tuées mercredi en Arabie saoudite par deux obus tirés depuis le Yémen, une nouvelle escalade des bombardements transfrontaliers attribués aux rebelles houthis.La frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen a connu une série d'échanges de tirs depuis le début le 26 mars de la campagne aérienne de la coalition.

Neuf gardes-frontières saoudiens sont morts dans ces échanges de tirs, et trois soldats saoudiens ont péri dans une tentative d'incursion de rebelles Houthis à la frontière pendant laquelle des «dizaines de rebelles» ont été tués, selon Ryadh.

Réagissant à ces développements, des ONG présentes au Yémen ont lancé un appel pour une cessation «immédiate» et «permanente» du conflit, insistant sur la réouverture du trafic maritime, aérien et par les voies terrestres pour permettre l'approvisionnement en fuel, selon un communiqué du Forum des 22 organisations humanitaires internationales.