Massacres du 8-mai-1945 : Mettre fin au déni sur les «événements» d'Algérie

Publié par DK News le 09-05-2015, 18h36 | 293

L'éditeur et analyste politique, Nils Andersson, a appelé à mettre fin au déni sur les «événements» d'Algérie, notamment les massacres du 8-Mai-1945, commis contre les populations de Sétif, Guelma et Kherrata par les forces coloniales françaises.

«Soixante-dix ans après, ces massacres restent un déni qui recouvre également les huit ans de guerre menée par l'Algérie, indissociable du 8-Mai-1945», a noté cet analyste politique, né en Suisse en 1933, de mère Française et de père Suédois, dans une contribution publiée sur son blog.

«Ce déni n'est pas dû à une méconnaissance des faits. Un grand nombre de témoignages de victimes, d'acteurs ou de témoins relatent les moyens utilisés en 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata», ajoute M. Nils qui a à son actif plusieurs publications militantes, contributions et ouvrages.

Il a également évoqué les moyens utilisés par le colonialisme français entre 1954 et 1962 dans «les couloirs de la villa Susini, la cité Ameziane, le centre de tri d'El Biar, les camps de Paul Cazelles, Berouaghia et Djorf, la prison Barberousse, les ‘zones interdites’, ou en France, à Paris, rue des Saussaies et à Lyon, rue Vauban».

Pour M. Andersson, solidaire avec la cause algérienne, des réseaux de soutien et du mouvement des insoumis et déserteurs français «les crimes commis (...) le jour de la victoire contre le nazisme», furent contre «des Algériens qui manifestent pour leur droit à être indépendants». L'analyste a rappelé que la répression des manifestations du 8-Mai-1945 avait fait des dizaines de milliers de morts, ajoutant que «ce jour-là, le peuple algérien prit conscience que seule la lutte armée lui apporterait l'indépendance».

«Le déni demeure quand la torture, comme méthode de guerre, est présentée comme une bavure nécessaire et qu'elle serait le fait de dérives individuelles, alors qu'il ne s'agit nullement d'actes isolés, spontanés, à la marge mais qu'elle s'inscrit dans le scénario de la ‘guerre révolutionnaire’, enseignée à la caserne de Loucine, au centre militaire d'information et de spécialisation pour l'outremer», a-t-il ajouté.

«Le déni s'insinue par le biais d'une relativisation de la gravité des exactions, par un refus de leur caractère méthodique et par la banalisation des actes de guerre et de répression», a-t-il encore noté.
En ce sens, il a estimé que «la reconnaissance d'avoir enfreint les conventions sur les combattants, les prisonniers et les personnes civiles et la compréhension des mécanismes de ces dérives constituent un acte nécessaire envers les Algériens, mais aussi éclairer une autre face de la violence de l'Etat, celle à l'égard d'une génération envoyée faire la guerre coloniale».

«Dénier les crimes de guerre, c'est non seulement nier les victimes algériennes, mais ignorer le traumatisme infligé à une génération de Français, témoins ou acteurs dans cette guerre», a conclu M. Andersson.