Pillage des richesses naturelles du Sahara Occidental: Des ONG réclament une intervention urgente de l'ONU

Publié par DK News le 10-05-2015, 15h43 | 30

Au Sahara Occidental occupé, le pillage des ressources naturelles de ce territoire non autonome a franchi une étape inquiétante au cours de ces deux dernières années, estiment dans une mise en garde envoyée au SG de l’ONU quelque 243 ONG, dont «Western Sahara Resource Watch» (WSRW).

Dans une lettre transmise le 15 avril dernier à la Présidente du Conseil de Sécurité des Nations Unies, Dina Kawar, ambassadrice de Jordanie auprès des Nations Unies, l’ONG WSRW met en garde contre le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental, en particulier ses richesses minières. «Aucun forage pétrolier ne devrait avoir li eu sur le territoire tant que les Sahraouis n'ont eu la chance d'exercer leur droit à l'autodétermination et décidé librement et équitablement du statut politique de leur patrie», avertit l’ONG dans un son appel au Conseil de sécurité de l’ONU.

Le constat de l’ensemble des ONG, qui ont condamné le pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental par la puissance occupante, ne semble pas pour le moment être «écouté par l’ONU, encore moins par les puissances occidentales», estiment des militants. Pour valider de fait l’occupation du Sahara Occidental, les autorités marocaines ont donné des concessions de recherches pétrolières à plusieurs compagnies étrangères dans le cadre d’un programme de forages signé avec l’ONHYM, l’organisme marocain de recherche minière.

Pourtant, un avis juridique de l'ONU rendu en janvier 2002,  à la demande du Conseil de Sécurité, a conclu que «toute exploration ou exploitation pétrolière dans le territoire non autonome du Sahara Occidental viole le droit international si elle ne se conforme pas aux souhaits et aux intérêts du peuple du territoire».En fait, et en violation de cet avis juridique de l'ONU, le Maroc a attribué jusqu’à présent sept permis pétroliers et gaziers sur le territoire.

La compagnie pétrolière américaine Kosmos Energy Ltd, en collaboration avec la compagnie écossaise Cairn Energy PLC, a terminé le premier essai de forage de puits dans les eaux territoriales du Sahara Occidental en février 2015.Le groupe français Total, l’américain Glecore Pc et d’autres compagnies pétrolières seraient susceptibles d’emboiter le pas à Kosmos Energy pour la recherche pétrolière au-delà des frontières internationales du Maroc, au Sahara Occidental, selon les ONG signataires.

Les mêmes ONG ont exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à condamner immédiatement le programme actuel de forage pétrolier du Maroc au Sahara Occidental, et à appeler le Maroc «à respecter son engagement au plan de règlement de 1988 de permettre l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental».Sur un autre registre, l’Onu et le Conseil de sécurité sont restés muets devant l’exploitation des gisements de phosphates, parmi les importants gisements dans le monde, du Sahara Occidental par le Maroc. L’Union européenne n’est pas en reste dans ce pillage systématique des ressources économiques du Sahara Occidental.

Car après le pétrole et le phosphate, le Maroc a bradé les richesses halieutiques de ce territoire non autonome en établissant un nouvel accord de pêche avec Bruxelles.Pour 40 millions d'euros par an, cet accord, adopté le 12 décembre 2013 au parlement européen par 310 voix pour, 204 contre et 49 abstentions, donne le feu vert à  126 bateaux-usines battant pavillon de 11 pays européens, dont l'Espagne contre 137 navires en 2007, pour aller pêcher dans les eaux poissonneuses du Sahara Occidental occupé pour les quatre prochaines années.

Des ONG, qui ont toujours milité pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, ont relevé que cet accord ouvre de nouveau la voie à la spoliation des richesses halieutiques du Sahara Occidental.
«Le Maroc n'a pas le droit d'intégrer les eaux de ce territoire non autonome dans ses négociations avec l'UE», précise WSRW.

Pour Western Sahara Resource Watch, cet accord est également «une mauvaise affaire» pour les stocks de poissons de la région: un rapport de Greenpeace a exhorté l'UE à ne pas l'approuver pour des préoccupations environnementales.