Palestine - Cisjordanie et El-Qods-Est : Israël intensifie sa politique de colonisation, les Palestiniens en danger

Publié par Par Fatiha KHALEF le 10-05-2015, 17h09 | 53

Plus de 20.000 maisons palestiniennes sont menacées de démolition dans le cadre de la politique d'urbanisme mise en oeuvre par Israël en Zone C, où se trouvent plus de 60% de la Cisjordanie occupée et à El-Qods-Est en violation du droit international, ouvrant la voie à l'installation illégale de plus de 400 000 colons israéliens.

Ziad Hamouri, directeur du Centre d'El Qods pour les droits sociaux et économiques, cité par Palestine Info, a déclaré que plus de 20.000 maisons palestiniennes sont menacées d'être démolies par une décision de l'occupant israélien sous prétexte de construction sans permis, alors que le nombre de colons atteindra, à ce rythme de colonies les 600 000 d'ici à 2019.

Il a ajouté que l'occupation exploite la loi du défaut d'autorisation comme un outil de guerre contre la présence palestinienne, soulignant qu'un grand nombre de Palestiniens ne peuvent pas répondre aux procédures israéliennes difficiles et les montants exorbitants demandés par la municipalité de l'occupation pour obtenir un permis de construction.

Zone C réservée à la construction des colonies

Plus de 60% --soit environ 360.000 hectares-- de la Cisjordanie occupée se trouvent en zone C, où Israël exerce seul le contrôle militaire mais aussi administratif, confié à un organe du ministère de la Défense. Selon l'ONU, 298.000 Palestiniens vivent dans 533 zones résidentielles en zone C, ainsi que 341.000 Israéliens installés dans 135 colonies et une centaine de colonies sauvages, selon des chiffres fournis par les Israéliens.

Moins de 1% de la zone C est réservé au développement de la construction pour les Palestiniens, contre 70% pour les colons, selon l'ONU. Les 29% restants sont soumis à de drastiques restrictions qui rendent quasi-impossible toute construction par les Palestiniens.

Ordre de démolition contre permis de construire


Depuis la signature des Accords d'Oslo sur l'autonomie en 1993, Israël a délivré plus de 14.600 ordres de démolition --qui peuvent viser jusqu'à sept structures chacun--, indique l'ONG israélienne Bimkom.

Selon un membre de l'ONG, chaque ordre vise en moyenne deux bâtiments, ce qui signifie qu'en deux décennies, Israël a ordonné la démolition de près de 30.000 structures appartenant à des Palestiniens.Dans la zone C, c'est un système à deux vitesses basé sur la discrimination, qui est en place, affirme l'ONG israélienne Rabbins pour les droits de l'Homme: «civil et représentatif pour les colons israéliens et militaire pour les Palestiniens qui ne sont pas consultés».

Dans les villages palestiniens, l'objectif est d'encourager la construction dans un espace restreint, tandis que dans les colonies, à l'inverse, l'idée est d'élargir au maximum les zones de construction, selon l'ONG. Sur les 533 zones résidentielles répertoriées par l'ONU dans la zone C, seules 75 --soit 1.800 hectares ou 0,5% de la Cisjordanie-- ont un plan d'urbanisme approuvé par les Israéliens. Des plans faits sans consulter la population et qui ne prennent pas en compte ses besoins.
77 bâtiments détruits en 2015
en Cisjordanie

Les démolitions extra-judiciaires d'Israël se poursuivent en 2015. Rien qu'en janvier, les autorités d'occupation ont détruit 77 bâtiments appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie, faisant, dans le froid de l'hiver, 110 sans-abri dont près de la moitié sont des enfants.En 2014, 590 bâtiments palestiniens ont été détruits en Cisjordanie, El-Qods-Est, déplaçant 1177 personnes, selon une nouvelle étude de l'Office des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Selon Amira Hass de l'OCHA, en trois jours, du 20 au 22 janvier, 77 Palestiniens, des enfants pour plus de la moitié, sont devenus des sans-abri par ces démolitions. James W. Rawley, coordinateur résident et humanitaire des Nations-Unies, soutient que les démolitions violent le droit international. «Les démolitions qui aboutissent à des expulsions et à des déplacements forcés vont à l'encontre des obligations d'Israël stipulées dans le droit international et créent inutilement des souffrances et des tensions», dit-il, ajoutant: ''Elles doivent cesser immédiatement.

OCHA écrit, dans un communiqué officiel: «La politique d'urbanisme mise en oeuvre par Israël en Zone C et à El-Qods-Est engendre une discrimination envers les Palestiniens, rendant extrêmement difficile pour eux l'obtention d'un permis de construire».

Zone C sous contrôle israélien total

Les 493 bâtiments détruits en Cisjordanie étaient en Zone C, une division administrative définie dans les Accords II d'Oslo en 1995 et qui recouvre près des trois-quarts de la Cisjordanie. La Zone C demeure sous le contrôle de l'armée israélienne, Israël l'ayant occupée, illégalement en 1967.
Aujourd'hui, les Palestiniens n'ont aucun contrôle sur 99% de la Zone C, laquelle représente 61% de toute la Cisjordanie. C'est dans cette région que sont concentrées les ressources les plus importantes et les plus lucratives de Cisjordanie.

Dans un rapport de 2013, la Banque mondiale estime que sans «la capacité d'exercer une activité économique résolue en Zone C, l'espace économique de la Cisjordanie restera encombré et appauvri».

Entre 300 et 400 000 colons israéliens se sont installés illégalement en Zone C. D'autres affluent toujours, la région est de plus en plus colonisée. En 2014, le ministre de la Construction et du Logement israélien déclarait que la population de colons allait monter à 550 ou 600 000 d'ici 2019.