Burundi : l'opposition refuse de se plier à l'injonction des autorités exigeant un arrêt de l'«insurrection»

Publié par DK News le 11-05-2015, 17h23 | 32

Les opposants à un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza ont refusé de se plier à l'injonction des autorités exigeant un «arrêt immédiat» de leur «insurrection». Aucun heurt n'a été signalé dimanche, et pour la première fois depuis le début de la contestation, émaillée de violences qui ont fait au moins 18 morts depuis le 26 avril.

Près de 300 femmes ont cependant réussi à manifester dans le centre-ville «contre le 3e mandat». Descendues de divers quartiers par petits groupes, elles se sont rassemblées devant le ministère de l'Intérieur avant de tenter de se diriger vers la place de l'Indépendance, au coeur du centre-ville, selon les médias.Dans plusieurs quartiers contestataires de la capitale, police et armée sont parvenues dimanche à démanteler les principales barricades érigées par les opposants.

A Nyakabiga, policiers et militaires ont également retiré les obstacles obstruant les routes principales. Les autorités ont exigé samedi que cesse «immédiatement et sans condition aucune, ce mouvement d'insurrection» et ordonné aux forces de l'ordre de «libérer les voies de communication» sous 48 heures, à Bujumbura et dans le reste du pays.

Le Collectif contre un 3e mandat, qui regroupe un millier d'associations de la société civile et les deux centrales syndicales du pays, a qualifié cette injonction de «déclaration de guerre au peuple burundais».

La campagne électorale des législatives et communales du 26 mai, qui précédent la présidentielle du 26 juin, a été officiellement ouverte dimanche.

L'UA envoie une délégation de haut niveau au Burundi

L'Union africaine (UA) a envoyé une délégation de haut niveau au Burundi pour tenter de résoudre pacifiquement la crise actuelle que vit le pays depuis l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à la prochaine élection présidentielle, prévue le 26 juin.Selon une déclaration rendu public dimanche soir, l'UA a de nouveau préconisé le dialogue et la retenue pour mettre fin à la crise au Burundi.

La délégation a été envoyée dans le cadre des efforts visant à résoudre pacifiquement la crise actuelle du Burundi. Les opposants réaffirmaient leur refus d'abandonner leur mouvement tant que M. Nkurunziza n'aura pas renoncé à sa candidature à un troisième mandat, qu'ils jugent opposée à la constitution.

Dimanche matin, une personne a été tuée et une autre grièvement blessée dans la commune de Musaga, à Bujumbura, alors que la police enlevait les barricades érigées par les manifestants.
Avec ce décès, les manifestations contre le troisième mandat du président Nkurunziza, qui sont à leur 14e jour, auront coûté la vie à 18 personnes.

 la Belgique suspend son soutien au processus électoral

La Belgique suspend son soutien au processus électoral au Burundi suite à la contestation populaire contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza qui a entraîné des violences meurtrières depuis fin avril.

«La coopération belge au développement avait prévu un budget de 4 millions d'euros pour soutenir les élections au Burundi. Une première tranche de 2 millions a déjà été versée. Le vice-Premier ministre De Croo estime que dans les circonstances actuelles, le versement de la tranche restante de 2 millions doit être suspendu», a-t-il indiqué dans un communiqué.

«La Belgique, premier partenaire bilatéral du processus électoral, a aussi interrompu sa coopération policière avec Bujumbura», a jouté le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement, Alexander De Croo.

La campagne électorale des législatives et communales du 26 mai, qui précédent la présidentielle du 26 juin, a été officiellement ouverte dimanche au Burundi.M. De Croo a relevé que la mission d'observation électorale de l'Union européenne au Burundi avait pris les devants la semaine dernière, en jugeant que «les conditions pour des élections libres n'étaient pas réunies pour l'instant».

Une coopération policière est également en cours entre la Belgique et les Pays-Bas, et la police burundaise. La Belgique «estime que, dans les conditions présentes», elle «doit être suspendue provisoirement». Sur un budget total de cinq millions d'euros, trois millions sont en suspens. Le gouvernement belge souligne notamment que le Haut Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies a fait état de 11 manifestants abattus par la police «alors qu'elle n'était pas en situation de légitime défense».