Etteffah (Les pommes), pièce de théâtre, écrite par Abdelkader Alloula, en compétition du 10e Festival national du théâtre professionnel (FNTP) a été présentée vendredi à Alger dans des atmosphères marquées par la profondeur du sujet encore d’actualité et la force du verbe.
Le public nombreux et recueilli de la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachetarzi (TNA), a pu apprécier le spectacle, mené par de jeunes comédiens issus du Théâtre régional d’Oran Abdelkader-Alloula.
Adapté et mis en scène par Samir Bouannani assisté par Abdelkader Belkaïd, Etteffah , d’une durée de 75 mn, croise trois histoires différentes, indépendantes les unes des autres, représentant un microcosme de société et qui se déroulent dans un repère spatial commun : les toilettes publiques, dans lesquelles le bilan de vie en détresse, de chaque «cas» est dressé.
L’échec de toutes les politiques socioéconomiques entreprises jusque là, apparaît dans le texte du dramaturge, porté par de brillants comédiens qui se sont donné la réplique dans un espace ouvert et un rythme ascendant et soutenu.
Ainsi, une famille sans abri et leur enfant sur le point de passer l’examen du baccalauréat a élu domicile dans ce lieu d’aisance après avoir été autorisée par le propriétaire aux apparences compatissantes.
D'un autre côté, un jeune homme ayant perdu son emploi, dans le désarroi total au point de ne pouvoir répondre au désir de manger des pommes émis par sa femme enceinte, arrive au même lieu avec l’intention de crier sa colère et raconter ses tourments.
Autre histoire encore, celle d'un jeune comédien en quête d’un espace de répétition et qui atterrit par inadvertance dans ce lieu public y trouvant l’endroit idéal pour travailler son rôle.Servi par Amine Missoum, Mustapha Meratia, Malika Nedjadi, Sanae Nechad, Hocine Farès, Zakaria Akil, Billel Benzouika et Bey Nasser, le spectacle a été marqué par la hauteur du texte et la démonstration probante des comédiens.
Le repère spatial, représentant donc des toilettes publique a été élargi par le scénographe Ali Hezzati, afin de permettre une bonne répartition du jeu et un bon agencement de l’espace, alors que la musique, signée Djallel Nezar Adnani a été concluante et adéquate aux différentes situations.
Le public, tenu en haleine durant toute la prestation a longtemps applaudi les comédiens, savourant tous les instants du spectacle dans l’allégresse et saisissant avec attention la pertinence du texte et la puissance du message qu’il a véhiculé. Abdelkader Alloula (1939-1994) est «un grand dramaturge qui a su être à l’écoute de sa cité et répercuter ses préoccupations sur la scène d’un théâtre dans des travaux qui se démarquent par la rationalité de leur contenu et l’esthétique de leur forme», a déclaré un spectateur.
Seize spectacles sont en compétition du 10e FNTP qui se poursuit jusqu’au 2 juin 2015 avec au programme de la sixième journée Min Haqi Ahlem du T.R El Eulma et Derb Ettabana de la Coopérative Asdiqae El Fen (les amis de l’art) de Chlef.