Le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche invité hier de dknews - le Tabagisme dans les collèges et les lycées : Des chiffres à vous couper le souffle

Publié par DK News le 30-05-2015, 18h57 | 268

Un grand monsieur qui vient de découvrir qu'il a un cancer du poumon marque ainsi sa surprise : « Ah, je me suis suicidé ». C'est un suicide car il savait à quoi s'attendre. A quelqu'un qui fume beaucoup, son collègue lui dit : «Tu peux te suicider quand il ne s'agit que de toi».

Mais, pourquoi veux-tu tuer le père de tes enfants ? » La peine de mort ne dissuade pas les criminels, Le risque du cancer des poumons  ne dissuade pas les fumeurs. Que pourrait alors produire une sanction financière quand la mention (le tabac tue)  portée sur les paquets de cigarette ne produit aucun des effets attendus ?

A l'occasion de la célébration de la Journée mondiale sans tabac qui coïncide avec le 31 mai de chaque année, le forum de DK News a invité hier le professeur Mustapha Khiati pour animer une conférence-débat portant sur les résultats d'une  nouvelle enquête de la Forem sur le tabagisme. M. Mustapha Khiati est le président de la Forem, fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche.

Le professeur a donc rendu publics les résultats d'une nouvelle enquête de la Forem sur le tabagisme et a évoqué également les nouvelles mesures prises par le ministère de la santé pour la lutte contre ce fléau.

Le tabagisme est une toxicomanie qui résulte de l'accoutumance à l'un et à l'autre des produits fabriqués par à partir des feuilles de tabac soit cigarette, cigares, tabac à pipe, tabac à chiquer...la nicotine est le principal agent actif de l'accoutumance. 

La dépendance à la nicotine est plus forte que celle de l'héroïne, de la cocaïne. Lorsqu' on fume, la nicotine pénètre dans les poumons puis va dans le cerveau très rapidement et est plus active que le ferait l'injection intraveineuse. Le cancer du poumon est la 1re cause de la mortalité. Compter sur la volonté ne suffit pas. Parfois, ça commence par le plaisir du geste.

Le professeur présente les résultats de l'enquête de la Forem. Cette enquête s'est intéressée à la région Est d'Alger à savoir les communes d'El Harrach, Baraki, Eucalyptus, Sidi Moussa, Badjarah, Bordj  El Kifane, Bab Ezzouar, Dar El Beida, Rouiba, Dergana, Ain Taya.

Le choix donc porter sur la catégorie juvénile , soit les collégiens et les lycéens d'Alger Est.
8645  élèves ont été interrogés, 47% de garçons et 53% de filles, proportion correspondant à la réalité car le nombre de filles et supérieur au nombre de garçons. Les tranches d'âge concernées :

Collégiens, 10 à 19 ans, lycéens 15 à 19 ans.  

Vivent-ils avec leurs parents biologiques? Oui pour 96,5%, Non pour le reste , ceci pour les collégiennes. Par contre, pour les garçons collégiens, oui pour 95, 5% et non pour le reste. Ce sont des proportions à peu près équivalentes.

Presque les mêmes proportions pour les lycéennes filles et une différence notable pour les lycéens garçons dont 89, 6%  pour le oui et le reste pour le non. L'enquête introduit le critère revenu. 91,8% des collégiennes reçoivent leur argent de poche de leurs parents biologiques, et il en est de même pour 92% des lycéennes.

16,5%des collégiennes sont redoublantes, 26, 1% des collégiens le sont également , 18, 8%  lycéennes le sont et 34,7% des lycéens le sont également.

Proportions des collégiens qui fument

2,2% des collégiennes fument pour 14, 8%  de collégiens. Répartition par âge/ Les filles commencent à fumer à 12 ans soit 8, 3%, ( 6, 7%  à 13 ans, 16,7%, à 14 ans, 28, 3% à 15 ans, 40% entre 16 et 19 ans).

Garçons : 0, 3% à 10 ans, 0,8%à 11 ans, 4% à 12 ans, 11,3% à 13 ans, 19, 2% à 14 ans,  40,8%  de 16 à 19 ans. Pour ce qui concerne les  lycées, ils sont 3,6% de filles à fumer et 34, 3% de garçons à le faire. Depuis quand fument- ils ? 53, 3% de filles fument depuis moins de 2ans, et 63% de garçons depuis plus de 2années.

A ce niveau, il apparaît que vient de naître la tendance chez les files à fumer.  Les garçons commencent à 10 ans, et les filles à 12ans. La tendance à fumer se trouve aussi bien chez les garçons que les filles. Les collégiennes commencent à fumer au collège et pas avant.  Les garçons également.

Fumer commence par des imitations des adultes puis finit par devenir une accoutumance

Ils fument, garçons et filles, depuis ces deux années dernières, c'est à dire, depuis qu'ils ont rejoint les collèges et lycées. La stratégie de parade devrait se concentrer sur l'école, l'éducation.

Qui doit être le maître d'œuvre de cette stratégie ? Les éducateurs, les forces de police dans le cadre   de la prévention de proximité, les religieux, les clubs de sport, les élus? Les filles collégiennes sont 31% à fumer de 3à 10 cigarettes par  jour, 10% à fumer un paquet par jour, les garçons quant à eux sont 45% à fumer de 3à 10 cigarettes par jour, et 29% à fumer un paquet par jour.

L'intérêt de cette enquête est de rechercher les corrélations entre plusieurs facteurs qui interviennent dans l'explication des motivations à l'acte de fumer afin de pouvoir construire des thérapies pour ceux dont la volonté de cesse de fumer est  assez fragile. 

Quelles mesures  prendre pour désintoxiquer ceux qui ne peuvent abandonner pour accoutumance ?
Des sanctions ? est-ce dissuasif ?

Par Saïd Abjaoui


Les fumeurs dans les places publiques passibles d'une amende de 2000 à 5000 DA

 

Une amende de 2000 à 5000 DA sera infligée aux fumeurs dans les places publiques, dans le cadre de la nouvelle loi sur la santé, a indiqué hier le Dr Youcef Terfani de la Direction de prévention au ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière.

Le Dr Terfani a indiqué à l'APS à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme célébrée le 31 mai de chaque année que dans le cadre de la lutte contre les facteurs de risque de maladies graves à leur tête le tabagisme, le ministère de la Santé a introduit un article dans la nouvelle loi sur la santé (article 58) infligeant aux fumeurs dans les places publiques une amende de 2000 à 5000 DA. L'amende sera doublée en cas de récidive.

La nouvelle loi sur la santé prévoit également deux autres articles relatifs à la lutte contre la promotion du tabac et des boissons alcoolisées, les promoteurs de ces produits encourant une amende allant de 500.000 à 1. 000 000 DA.

Le Pr. Mohamed Tayeb Chentir, chef de service des maladies cardio-vasculaires au CHU Mustapha Pacha, a souligné que les pays qui ont infligé une amende aux fumeurs dans les places publiques ont réussi à réduire le taux des maladies cardio-vasculaires dont le tabagisme est en grande partie responsable.

Le même spécialiste a appelé à élargir l'action de prévention et de sensibilisation notamment en milieu scolaire qui doit se placer, selon lui, aux avant-postes de la protection de la société contre les effets «néfastes» du tabagisme.

Le Pr. Djamel Nibouche, chef de service des maladies cardiovasculaires au CHU Nefissa-Hamoud (ex- Parnet) a appelé, pour sa part, à l'application ferme des lois interdisant le tabagisme notamment dans les places publiques à l'instar des pays développés.

Le ministère de la Santé avait mis en place un arsenal de lois antitabagisme depuis la promulgation de la loi sur la santé 85/05 du 17 février 1985 suivie de plusieurs décrets publiés dans le Journal officiel en 2001, 2002 et 2006 et de plusieurs ordonnances interdisant la vente de tabac prés des établissements scolaires, universitaires et de la formation professionnels mais ces lois ne sont pas appliquées en l'absence de mesures coercitives. La taxte sur le tabac est passée de 5 à 10% dans la loi de finances 2015, rappelle-t-on.


Interdiction de fumer dans les lieux publics: 5 000 DA d’amende pour les contrevenants

Fumer une cigarette dans les lieux publics sera prochainement passible d’une amende de 5 000 DA, a indiqué le Pr Khiati. Cette mesure a été adoptée par le ministère de la Santé pour mettre un terme au tabagisme passif qui est un véritable problème de santé public.

Autre mesure prise dernièrement pour lutter contre le tabagisme, l’augmentation du prix des cigarettes. «Pour les grands fumeurs, la hausse des prix n’aura aucun impact, mais pour les jeunes, il sera plus difficile de se procurer des cigarettes», a souligné le Pr Khiati.


Elles sont à l’origine de cancers et de maladies cardiovasculaires: La cigarette électronique et la chicha très dangereuses !

Une récente étude menée par un organisme de recherche canadien a démontré que  fumer de la chicha augmente le risque de cancers, de bronchites chroniques et de maladies cardiovasculaires. Suite à cette découverte, le gouvernement canadien a interdit la consommation de la chicha dans les lieux publics.

Concernant la cigarette électronique, il faut savoir que la nicotine n’est pas le seul composant de la cigarette qui serait nocif pour l’organisme. Même si elle est dépourvue de nicotine, la fumée dégagée par la cigarette électronique contient entre 200 et 300 composants chimiques qui sont nuisibles à l’organisme.   


Hausse du nombre de fumeurs : Le mauvais comportement des adultes mène les jeunes au tabagisme

D’après les résultats de l’enquête menée par la Forem, l’éloignement familial, l’autonomie financière, le manque d’intérêt à la scolarité et le mauvais comportement des adultes seraient à l’origine de la hausse du nombre de jeunes fumeurs en Algérie. 

Sur ce dernier point, le Pr Khiati  s’est indigné du comportement des enseignants et des parents qui fument sans gêne devant les enfants. En matière de chiffres, 13,70% des collégiens ont affirmé que leurs enseignants sont des fumeurs et que 25% d’entre eux fument en classe.

De leur côté, 50% des lycéens ont affirmé que leurs enseignants sont des fumeurs et que 10% d’entre eux fument en classe. Pour les parents, le constat est assez accablant puisque 33,35% des élèves ont affirmé qu’un ou leurs deux parents sont des fumeurs.
Par Rachid Rachedi