20e réunion du Groupe africain de l'Union internationale des magistrats : La lutte antiterroriste «ne doit pas constituer un prétexte pour bafouer les droits de l'homme»

Publié par DK News le 02-06-2015, 18h34 | 45

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a déclaré mardi à Alger que la lutte antiterroriste ne devait pas constituer un prétexte pour bafouer les droits de l'homme.

Même si le terrorisme relève d'une négation et d'un mépris des valeurs et principes humains, la lutte contre ce fléau «ne doit pas constituer un prétexte pour bafouer les droits de l'Homme», a souligné le ministre dans son allocution de clôture de la 20e réunion du Groupe africain de l'Union internationale des magistrats (UIM).

«Les acteurs de la lutte antiterroriste doivent se convaincre que le recours aux procédés légaux ne compromet en rien l'efficacité des moyens de lutte, tant au plan national qu'au plan international», a-t-il soutenu. Pour lui, «le nécessaire équilibre entre la lutte antiterroriste et le respect des droits de l'homme relève de la nature même du terrorisme qui met souvent les pays devant des choix difficiles et suscite de par son atrocité, des réactions «exceptionnelles».

Le ministre a mis en avant l'expérience de l'Algérie qui a dû faire face «seule» au terrorisme dans les années 90, avant que ce fléau ne soit inscrit parmi les défis majeurs à la paix et la sécurité internationales.

Cette expérience a démontré que «les règles et mesures judiciaires ordinaires ne correspondaient pas aux activités terroristes, le phénomène étant de par ses mobiles et procédés, différent de la criminalité ordinaire», a poursuivi M. Louh rappelant que plusieurs pays avaient promulgué des lois antiterroristes et révisé leurs législations, notamment  en ce qui concerne l'enquête, la durée de détention préventive, la recherche des preuves.

«L'Etat doit garantir les droits élémentaires à ses citoyens et interdire toute restriction à ces droits, à moins qu'elle ne soit légalement motivée», estime le ministre.Les droits de l'homme doivent servir de «référence» pour les législations en matière de lutte antiterroriste, a martelé M. Louh. S'agissant du continent africain, il a indiqué que le phénomène terroriste était étroitement lié au sous développement, à la pauvreté, à l'analphabétisme ainsi qu'à l'exclusion politique, sociale et économique.

La lutte antiterroriste doit prendre en considération les problèmes de développement, de démocratie et des droits de l'Homme, a-t-il insisté. M. Louh a, par ailleurs, plaidé pour un rôle plus «efficient» de l'Afrique dans la conception du nouvel ordre mondial.

Le continent doit s'imposer comme «un partenaire incontournable», notamment à travers les institutions de l'UA, dans l'élaboration de la législation mondiale «qui est souvent élaborée en son absence», a-t-il dit.

Il a estimé dans le même contexte que l'organisation en Algérie de la 20e réunion du Groupe africain de l'Union internationale des magistrats «émane de la volonté de l'Algérie d'apporter une contribution active sur les plans régional et international à toute démarche visant la lutte contre le terrorisme dans le cadre de l'égalité et du respect de la dignité humaine».

Il a rappelé que l'organisation des Nations unies avait adopté une stratégie globale visant le traitement des causes du terrorisme et le renforcement des capacités des pays pour la lutte contre ce fléau dans le respect des droit de l'homme et de la loi.

M. Louh a également rappelé que le Conseil de sécurité avait promulgué plusieurs décisions portant sur la nécessité de tenir compte, dans les efforts de lutte antiterroriste, des principes juridiques garantissant les droits de l'homme, les droit des réfugiés et le droit humain international.

Ont pris part à cette rencontre qui a débuté dimanche, la présidente de l'UIM, Christina Crespo, le président du groupe africain de l'Union internationale des magistrats, le président du Syndicat national des magistrats, Djamel Aïdouni ainsi que des membres de syndicats de magistrats de pays africains, arabes et européens.

Des organisations représentant la société civile ont également pris part à cette réunion annuelle que l'Algérie accueille pour la deuxième fois.