Ukraine: Accord «temporaire» sur des élections anticipées et un gouvernement d'union pour régler la crise en Ukraine

Publié par DK News le 21-02-2014, 17h08 | 38

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, l'opposition ainsi que les représentants de l'Union européenne (UE) et de la Russie ont convenu vendredi d'un accord «temporaire» sur le règlement de la crise en Ukraine, prévoyant des élections présidentielles et législatives anticipées en 2014 et un gouvernement d'union.

Après des négociations marathon dans la journée de jeudi et dans la nuit de vendredi à Kiev, «le président Ianoukovitch a annoncé «le lancement d'une procédure en vue d'une présidentielle anticipée, le processus du retour à la Constitution de 2004» qui réduit les pouvoir présidentiels au profit du gouvernement et du Parlement ainsi que la formation d'un «gouvernement d'unité nationale».

Un haut diplomate européen a affirmé pour sa part que «la signature d'un accord temporaire» aurait lieu dans la journée. La présidence ukrainienne avait indiqué plus tôt qu'un accord a été trouvé avec l'opposition, l'UE et la Russie sur la profonde crise politique qui secoue le pays depuis plus de trois mois.
L'accord de principe a été trouvé à l'issue de négociations avec les chefs de la diplomatie français, allemand et polonais, respectivement Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski, ainsi qu'un représentant de la Russie à la demande du chef d'Etat ukrainien, le délégué aux droits de l'Homme Vladimir Loukine, dépêchés jeudi à Kiev.

«Les négociations pour résoudre la crise politique entre le président Viktor Ianoukovitch, les responsables de l'opposition, et les représentants de l'UE et de la Russie ont abouti à un accord», selon le communiqué de la présidence. Jeudi, les ministres de l'UE ont obtenu du chef d'Etat ukrainien son accord pour des «élections présidentielle et parlementaires, la création d'un gouvernement d'unité nationale dans les dix prochains jours et un changement de la Constitution d'ici l'été», selon le premier ministre polonais, Donald Tusk.

Ces mesures répondent aux demandes initiales de l'opposition, mais elles semblent aujourd'hui insuffisantes pour la satisfaire, après les récentes violences: les manifestants demandent désormais le départ immédiat du président Ianoukovitch, après les récentes violences à Kiev.
La crise politique ukrainienne s'est aggravée ces deux derniers jours avec l'escalade de violences meurtrières à Kiev. Des heurts particulièrement violents opposent depuis mardi forces de l'ordre et manifestants anti-gouvernement, faisant 77 morts et 577 blessés, selon des chiffres officiels.

Les violences menacent en outre de s'étendre dans le pays, en particulier à Lviv, bastion de la contestation, où des bâtiments de la police et de l'armée ont été pris d'assaut ces derniers jours, et des dépôts d'armes saisis.L'Ukraine est le théâtre d'une contestation sans précédent depuis la décision le 21 novembre du pouvoir de ne pas signer un accord d'association avec l'Union européenne, préférant un rapprochement avec la Russie.

Les Occidentaux menacent l'Ukraine de sanctions, Moscou dénonce un «chantage»

Pour accroître la pression sur Kiev, les ministres européens des Affaires étrangères ont décidé, suite à une rencontre jeudi à Bruxelles, de priver de visas et de geler les avoirs de responsables ukrainiens. 
Parallèlement, les Etats-Unis ont menacé, par la voix de leur vice-président Joe Biden, de prendre des sanctions contre «les gouvernants responsables des violences», tandis que le secrétaire d'Etat John Kerry a appelé à la fin des violences et «aux morts insensées».Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a dénoncé jeudi à Baghdad les sanctions brandis par les Occidentaux contres l'Ukraine, estimant que «de tels actes ressemblent à du chantage».

L'armée refuse de s'impliquer dans le conflit

Sur le terrain, le chef adjoint de l'Etat-major de l'armée ukrainienne Iouri Doumanski a annoncé vendredi avoir donné sa démission pour protester contre les tentatives d'impliquer l'armée dans le conflit.
«Aujourd'hui on implique l'armée dans le conflit civil, cela peut entraîner les morts massives de civils et de militaires», a déclaré le général Doumanski, indiquant avoir «décidé de démissionner pour éviter l'escalade».

Le président Viktor Ianoukovitch a remplacé mercredi le chef d'état-major des armées Volodymyr Zamana qui s'opposait à la participation de l'armée dans la crise.Par ailleurs, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui condamne «le scandaleux bain de sang» en Ukraine, a indiqué mercredi que l'Otan pourrait remettre en cause sa coopération avec Kiev «si l'armée intervient contre l'opposition».

Il a «demandé instamment à toutes les parties d'arrêter cette spirale de violence», soulignant que «le dialogue est la seule voie pour arriver à une solution pacifique». M. Rasmussen a participé jeudi soir à Athènes à une réunion informelle des ministres de la Défense de l'UE, qui continuait vendredi matin. 
Sur le terrain, le Maïdan, la place au coeur de la contestation en Ukraine, est de nouveau sous le contrôle total des manifestants, qui s'emploient toujours à consolider leurs barricades, constituer des réserves de pavés et de cocktails molotov.

Les policiers ont reculé leurs positions de plusieurs centaines de mètres, selon les médias.Le ministère ukrainien de l'Intérieur a accusé vendredi des manifestants d'avoir ouvert le feu sur des policiers en essayant de percer les cordons en direction du parlement.