Climat : Des scientifiques s'alarment de la menace du permafrost

Publié par DK News le 10-06-2015, 17h31 | 36

Des scientifiques ont mis en garde mardi à Bonn contre le cercle vicieux que provoquerait, pour le réchauffement climatique, un dégel du permafrost, des sols gelés en permanence qui emprisonnent des milliards de tonnes de gaz à effet de serre (GES).

«Il y a 1.500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre gelé et emprisonné dans le permafrost», a averti la chercheuse Susan Natali du Woods Hole Research Center, en marge des négociations menées à Bonn pour préparer la conférence sur le climat à Paris. Ce volume, accumulé depuis plusieurs milliers d'années, est «environ deux fois plus important que celui présent dans l'atmosphère», a-t-elle souligné devant la presse.

«Vous pouvez donc imaginer que, quand le permafrost dégèle et qu'une partie, même faible, de ce gaz à effet de serre est libérée dans l'atmosphère, cela peut entraîner une augmentation importante des émissions globales» de GES, a-t-elle poursuivi.

Les émissions résultant du dégel du permafrost, sous forme de dioxyde de carbone ou de méthane, accélèrent le réchauffement climatique, qui lui-même accélère la fonte du permafrost, a expliqué Mme Natali, décrivant ce cercle vicieux. «Selon nos estimations, 130 à 160 gigatonnes de GES pourraient être libérées dans l'atmosphère d'ici à 2100» du fait de ce dégel, a indiqué Mme Natali.

«Dans les scénarios de faible émission, nous prédisons une perte de 30%», un chiffre qui pourra grimper à 70% dans les scénarios les plus noirs, a indiqué la chercheuse, coauteur d'une étude parue dans la revue Nature en avril. «Les actions que nous menons maintenant sur nos émissions dues aux énergies fossiles auront un impact important», a souligné Mme Natali. «Nous savons que les fuites de GES du permafrost seront importantes et irréversibles» et qu'elles «doivent être prises en compte si nous voulons atteindre nos objectifs en matière d'émissions».