Crise en Libye : le nouveau projet d'accord de l'ONU vise à reconstruire les institutions et l'économie du pays

Publié par dknews le 11-06-2015, 17h16 | 49

Le nouveau projet d'accord proposé par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Bernardino Léon, aux parties libyennes au dialogue vise à permettre la formation rapide d'un gouvernement d'union pour reconstruire les institutions et l'économie de la Libye et lutter contre le terrorisme et les réseaux criminels.

Le document, élaboré sur la base des observations apportées par les parties libyennes lors de leurs séries de pourparlers de dialogue, propose une solution axée sur plusieurs axes, à savoir la formation d'un gouvernement d'union nationale, une autorité législative représentée par le parlement élu en juin 2014 pendant toute la période de transition et un Conseil supérieur de l'Etat, en tant que maximal autorité consultative du pays.

Le projet, qui propose une solution «où il n'y a ni vainqueurs ni vaincus» selon M. Leon, consacre aussi un chapitre relatif aux mesures de confiance, notamment la libération par les parties de tous les détenus ou leur remise à l'autorité judiciaire, et leur engagement à fournir toute la protection nécessaire au pouvoir judiciaire, ainsi qu'un chapitre lié aux arrangements sécuritaires visant à rétablir la paix et la sécurité dans le pays.

Le document évoque aussi l'opération constitutionnelle, les instances et les conseils compétents et le soutien international, notamment du Conseil de sécurité de l'ONU qui sera appelé à appuyer l'accord et sa mise en £uvre, et plus particulièrement dans le volet relatif aux aides internationales nécessaires à la mise en application des arrangements politiques.

L'ONU a joué un rôle de médiateur en organisant plusieurs séries de discussions entre les parties en conflit depuis septembre, mais les affrontements se poursuivent malgré la trêve conclue entre les factions participantes.

M. Leon a affirmé qu'il poursuivra ses rencontres avec les parties notamment au sujet des arrangements sécuritaires. Parmi les principaux points des pourparlers figurent notamment l'instauration d'un cessez-le-feu, le rétablissement de la sécurité, le désarmement des groupes armés et la formation d'un gouvernement d'union nationale, qui permettra de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Libye.

Les travaux de la 3e réunion du dialogue inter-libyen, ayant regroupé au début du mois de juin des leaders et des chefs de partis politiques et des activistes libyens, à Alger, sous l'égide des Nations unies, ont été sanctionnés par une déclaration constituant un appel des participants pour le retour de la paix et de la réconciliation en Libye notamment par la mise en place d'un gouvernement libyen consensuel d'unité nationale.

Lors de l’ouverture des travaux, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Bernardino Léon, avait qualifié de «cruciale» ce  troisième round de dialogue à Alger et appelé toutes les parties libyennes en conflit à la raison et à œuvrer à l’aboutissement d’un accord final mettant fin aux hostilités et organisant une lutte efficace contre le terrorisme.

Les pays voisins de la Libye ont, dans un communiqué final ayant sanctionné les travaux de leur sixième réunion sur la Libye, en fin de semaine dernière à N'Djamena (Tchad), appelé à privilégier la solution politique à la crise libyenne, et souligné la nécessité de former «très rapidement» un gouvernement d'union nationale.

Par ailleurs, dans un communiqué commun à l'issue de leur réunion mercredi 10 juin à Berlin, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ainsi que l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Union européenne et l'ONU (format dit «P5+5»), ont pressé les délégués libyens de «surmonter les obstacles» à un accord, «cesser immédiatement les hostilités» et «empêcher toute action susceptible de perturber le processus politique».

La France avait auparavant exhorté les parties libyennes à faire le choix du compromis et de l'union en signant sans délai un accord. Elle se tient aux côtés de tous les Libyens qui défendent leur pays, dans une déclaration le 9 juin de M. Romain Nadal, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Développement international.

A Tripoli, la mission de soutien des Nations unies en Libye (MISNUL) a lancé une campagne de presse destinée à promouvoir la paix dans le pays, avec pour slogan «Ensemble pour la paix en Libye».La Libye connaît un processus de normalisation politique mouvementé depuis la chute de l'ancien régime de Maammar El Guedhafi, lors du soulèvement de 2011.

En août dernier, la capitale Tripoli est tombée aux mains de la coalition Aube de la Libye. Cette coalition de milices islamistes a mis en place son propre gouvernement, le posant en rival du gouvernement libyen reconnu au niveau international, qui est actuellement en exil dans la ville de Tobrouk, dans l'est du pays.