Burundi : Regain de violence à une semaine des législatives, l'Onu nomme un nouveau médiateur

Publié par dknews le 22-06-2015, 16h04 | 23

Les violences perduraient lundi au Burundi, pays en proie à une grave crise politique depuis l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, suscitant la préoccupation de l'ONU qui vient de nommer un nouveau médiateur, et ce à une semaine des législatives.
Le Burundi est plongé depuis plus de deux mois dans une grave crise politique émaillée de heurts parfois meurtriers ayant fait jusque-là 70 morts et environ 500 blessées.

La contestation s'est amplifiée depuis l'annonce de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat.Quatre personnes ont été tuées et une trentaine ont blessées dans une nouvelle série d'attaques à la grenade perpétrées dans la nuit de dimanche à lundi dans le nord du pays et à Bujumbura, précisément à Ngozi (nord), province natale du chef de l'Etat Pierre Nkurunziza.

Onze policiers avaient déjà été blessés dans la nuit de vendredi à samedi dans une série d'attaques à la grenade dans la capitale Bujumbura, alors que jeudi, au moins trois personnes ont été blessées dans l'explosion d'une grenade dans la capitale.

En outre, un responsable local du parti au pouvoir au Burundi, le Cndd-FDD, a été tué dans la nuit de mercredi à jeudi par des hommes armés dans le sud du pays.

L'ONU appelle tous les dirigeantspolitiques au dialogue
Face à cette crise politique, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé tous les dirigeants politiques du pays à résoudre la crise politique actuelle «avec le plus grand sens des responsabilités».

M. Ban a exhorté les dirigeants politiques à reprendre le dialogue politique en vue de créer un environnement propice à des élections «pacifiques, crédibles et inclusives».Depuis l'annonce le 26 avril de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat, le pays, en particulier sa capitale Bujumbura, est confronté à un mouvement de contestation populaire.

Les législatives ont déjà été reportées à deux reprises et la présidentielle une fois. Malgré la pression de la communauté internationale qui dénonce un climat «peu propice», le gouvernement a exclu de reporter une nouvelle fois les scrutins. Bujumbura a ainsi reporté les élections au 29 juin pour les législatives et les communales, au 15 juillet pour la présidentielle et les sénatoriales au 24 juillet. Les législatives et communales étaient initialement prévues le 5 juin et la présidentielle pour le 26 du même mois.

Nouveau médiateur onusien dans la crise burundaise
Dans le cadre de ses efforts pour rapprocher les points de vues pour une sortie de crise dans ce pays des Grands Lacs, l'ONU a désigné un nouveau médiateur, en la personne du sénégalais Abdoulaye Bathily.

Représentant spécial du secrétaire général de l'Onu pour l'Afrique centrale, Bathily remplace dans sa mission, l'ALgérien Saïd Djinnit, actuel envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la région des Grands Lacs.

M. Djinnit avait renoncé à son rôle de médiateur dans la crise burundaise après plusieurs tractations avec les parties de la crise au Burundi.Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) avait recommandé cette semaine la reprise du dialogue politique interrompu par le départ de M. Djinnit. Le Conseil avait en outre demandé un dialogue sur tous les points de discorde et un calendrier électoral consensuel.

Plusieurs missions d'observation électorale internationales ont suspendu leur couverture des élections au Burundi en dénonçant l'absence des «conditions minimales» pour la ténue d'une élection crédible.
Le gouvernement burundais refuse en outre de discuter de la question du troisième mandat de Nkurunziza, à l'origine de l'actuelle crise que traverse le Burundi.

L'UA décide le déploiementd'experts militaires au Burundi
A l'issue du 25e Sommet de l'organisation panafricaine à Johannesburg, l'UA a décidé le déploiement « immédiat d'observateurs de droits de l'Homme et le déploiement d'experts militaires de l'UA et de l'Union européenne (UE) (...) pour vérifier le processus de désarmement des milices et autres groupes armés», selon le commissaire à la Paix et à la Sécurité, Smaïl Chergui.

Le gouvernement burundais a affirmé jeudi ne pas être opposé au déploiement d'experts militaires de l'UA, tout en y posant des conditions et en réclamant des «consultations» préalables avec l'organisation panafricaine.La présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a exhorté les parties en conflit au Burundi à renouer le dialogue pour mettre fin à la crise.

La Communauté est-africaine (EAC) a de son coté salué les avancées enregistrées par le Burundi concernant le calendrier électoral de 2015, conformément à la recommandation de l'organisation sous- régionale, selon le ministre tanzanien chargé de la Coopération au sein de l'EAC, Harrison Mwakyembe. Pour sa part, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Burundi s'est dite techniquement prête à organiser les élections.