Le SNMG sera «redéfini» dès 2015

Publié par DK News le 23-02-2014, 19h47 | 923

Avec l'annonce du Premier ministre Abdelmalek Sellal relative à la «redéfinition» dès 2015 de la composante du salaire national minimum garanti (SNMG), les travailleurs semblent être les grands gagnants de la 16ème tripartite (Gouvernement, UGTA, patronat) qui se tient dimanche à Alger, selon des observateurs.

Cette nouvelle définition du SNMG, qui interviendra à la faveur de la promulgation de la Loi de Finances pour 2015, selon M. Sellal, devra apporter «certains correctifs», en particulier au profit des «travailleurs lésés», a-t-il déclaré devant un parterre de ministres, de chefs d'entreprises, syndicalistes et représentants de la société civile.

Mais la révision attendue vise en même temps à «améliorer la productivité de l'outil national de production et les résultats des entreprises» et permettre ainsi à ces dernières de «réunir toutes les conditions d'une bonne mise en œuvre», a-t-il soutenu.

L'abrogation de 87 bis de la Loi 90-11 relative aux relations de travail a été le cheval de bataille de l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens) depuis plusieurs années.La centrale syndicale estime que la définition donnée du SNMG depuis les années 1990 «pénalise en particulier les travailleurs des basses catégories professionnelles»

L'article 87 bis stipule que le SNMG «comprend le salaire de base, les indemnités et primes de toutes nature à l'exclusion des indemnités versées au titre de remboursement de frais engagés par le travailleur». La révision de cet article, telle qu'escomptée par les travailleurs, devrait limiter le SNMG au seul salaire de base» ce qui induira systématiquement une augmentation des salaires de bases des travailleurs touchant moins de 18.000 DA actuellement.

Une démarche gouvernementale pragmatique

Des économistes avertissent pourtant contre les lourdes retombées financières que pourrait engendrer l'augmentation des salaires en ce moment où la balance des paiements du pays affiche à peine un léger excédent.

«L'abrogation de l'article 87 bis du code de Travail aboutirait à une hausse de 10 à 20% de la masse salariale soit une incidence financière de 6 à 7 milliards de dollars», a mis en garde dimanche l'économiste Abdelhak Lamiri.

Mais pour le Premier ministre, le Gouvernement, qui veut par une telle décision augmenter encore une fois les salaires, est loin de toute approche populiste: sa démarche est plutôt «pragmatique», assure-t-il. «Le gouvernement algérien est pragmatique. Il a pour objectif de développer le pays en faisant participer tous les Algériens à son développement économique et social» et il «ne ménagera (pour cela) aucun effort pour défendre ceux qui gagnent le moins, sans toutefois créer des obstacles à ceux qui gagnent le plus», a-t-il affirmé.

M. Sellal a annoncé dans la même perspective de développement économique que le Fonds national d'investissement (FNI), spécialisé jusque-là dans le financement du secteur public, interviendra désormais dans le financement des entreprises privées.

De son côté, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd,  a fait part de l'émergence d'un «consensus national» autour de l'exigence du redressement de l'industrie et de la production nationales. «Grâce à ce travail de vision collective responsable, nous sommes arrivés à installer la dynamique de confiance en nous-mêmes et en nos compétences», s'est réjoui le patron de la centrale syndicale.

Il a surtout plaidé pour une action commune et urgente contre «l'importation néfaste» qui ronge l'économie algérienne en adoptant notamment la culture du «consommer algérien». Parmi les dossiers de cette 16ème tripartite, la deuxième en moins de 5 mois, figure la relance du crédit à la consommation pour les produits locaux. Le ministre du Développement industriel et de la promotion de l'investissement, Amara Benyounès  s'est engagé pour sa part à créer un environnement économique capable de garantir «une concurrence saine et loyale».

Il a annoncé la mise en place d'un comité national de suivi du pacte économique et social de croissance, signé dimanche par la tripartite. Ayant abouti à un consensus autour de la nécessité d'une mutation de l'économie nationale qui puisse effectivement rompre avec la forte dépendance aux hydrocarbures, la 15ème tripartite, tenue en octobre dernier, avait débouché sur l'installation de cinq groupes de travail.  

Il s'agit des groupes chargés de l'élaboration du pacte économique et social de croissance, de la proposition des modalités des contributions financières du FNI, de l'encouragement de la production nationale, dont le crédit à la consommation pour les produits locaux, de l'encadrement des actes de gestion et enfin des modalités facilitant l'intervention des entreprises nationales du BTPH dans la réalisation du programme national d'équipement.