Livre numérique Amazon veut doper la lecture

Publié par par Samy YACINE le 26-06-2015, 16h52 | 47

Il n’en est pas à son premier coup dans le mode de l’édition numérique qu’il veut définitivement baliser à son profit ; Amazon fait encore parler de lu avec une annonce qui  surprend beaucoup de monde.
Mis en place dès 2007, le programme d’autoédition d’Amazon connait un succès indéniable, comme le souligne le quotidien français lemdone.fr qui note que « l’entreprise ne cesse de mettre en avant les auteurs devenus riches et célèbres grâce à lui.

Les statistiques compilées chaque trimestre par l’auteur à succès autopublié Hugh Howley montrent que les auteurs indépendants dépassent les cinq plus gros éditeurs (aussi appelés Big Five) en ventes d’e-books sur Amazon. »

Alors qu’il payait jusque-là les auteurs auto édités en fonction des volumes de téléchargements, Amazon décide de mettre à compter du 1er juillet un nouveau mode de paiement basé sur le nombre de pages lues. « Le géant du commerce en ligne a annoncé lundi 22 juin qu'il allait désormais rémunérer à la page lue les auteurs de livres publiés sans maison d'édition sur sa plateforme Kindle Direct Publishing.

Ce changement sera effectif au 1er juillet », rapporte l’AFP reprise par le site du quotidien fiançais latribune.fr. Alors que le système de rémunération en vigueur actuellement a été jugé favorable aux livres courts, le nouveau mode de paiement que compte instaurer Amazon risque, selon certains observateurs d’encourager les gros pavés et les livres à suspense qui visent à tenir le lecteur en haleine et à lui faire lire le maximum de pages.

« Les écrivains auto-publiés sur Amazon vont devoir tenir leur lectorat en haleine », note latribune.fr  qui reprend quelques passages de la communication du groupe Amazon s’expliquant sur cette nouvelle innovation markéting, en  avançant, notamment : "Nous effectuons ce changement en réponse aux retours que nous avons des auteurs qui souhaitent que nous alignions mieux la rémunération sur la longueur des livres et le nombre de fois que ceux-ci sont lus".

La méthode de rémunération actuelle des auteurs autoédités grâce à  la plateforme Kindle Direct Publishing  d’Amazon tenait compte du volume des téléchargements en se basant exclusivement sur « les livres lus à plus de 10% »  fait remarquer l’AFP, ajoutant que «  Loué par certains auteurs, ce système était critiqué par d'autres qui faisaient valoir qu'il favorisait les livres courts. »

Alors que certains analystes redoutent une propension de ce nouveau mode de rémunération à donner une  prime aux « "cliffhangers" ou les ouvrages à suspense au détriment des autres genres », d’après l’AFP,  d’autres attirent l’attention sur le fait qu’ il peut  faire tâche d’huile et contribuer ainsi à la disparition de la rémunération forfaitaire jugée plus avantageuse pour les ouvrages à gros volume.

Amazon a donné quelques détails sur le mode de fonctionnement de ce nouveau mode de rémunération, « fondé sur un fonds approvisionné sur une base mensuelle », d’après latribune.fr qui poursuit que selon  « l'exemple donné par Amazon, ce fonds serait alimenté à hauteur de 10 millions de dollars pour 100 millions de pages lues par mois. » Pour faire plus simple, Amazon explique que « l'auteur d'un livre de 100 pages lues 100 fois intégralement gagnerait 1.000 dollars », d’après ce même site qui explique ce calcul : « 10 millions que multiplie 10.000 pages divisé par 100 millions ».

Ainsi, peut-on lire sur le site du quotidien français latribune.fr,  pour un auteur d’un livre de 200 pages lu entièrement 100 fois, le gain sera de 2.000 dollars. Par contre, « si le livre n'a été lu qu'à moitié, l'auteur ne recevra que 1.000 dollars », ajoute-t-il.

Le nouveau système de rémunération s’adaptera aux différents supports de lecture ;  Amazon  précise en effet que la longueur d’une page lue diffère selon qu’elle est consultée sur un Smartphone ou  une liseuse électronique, et « une page sur Smartphone est forcément plus courte que sur liseuse électronique », fait remarquer le géant du commerce électronique

Pour bine maîtriser tout cela, comme l’explique lemonde.fr, « l’entreprise va alors analyser la longueur des lignes, l’espacement des lettres, et d’autres facteurs, pour mesurer le nombre de pages que chaque lecteur parcourt. »

Ce travail de modélisation des espaces lus servira par ailleurs à mettre en place un système contre la fraude ; il s’agit du « Kindle Edition Normalized Page Count (KENPC), qui vise à définir une page type en prenant en compte une police de caractère spécifique, la hauteur d'une ligne et l'espace entre les lignes », souligne lemonde.fr qui rappelle enfin que le nouveau mode de rémunération sera mis en fonction sera proposé aux ouvrages disponibles sur la plateforme Kindle Unlimited, qui travaille  sur un fond documentaire de plus de 800.000 livres et des milliers de livres audio, le tout pour une souscription  mensuelle de moins de 10 dollars.

 

Une riposte
européenne ?


La bataille des formats sur le marché mondial du livre électronique ne semble pas prête de se terminer. Alors que les grandes multinationales américaines, les fameuses GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) tentent de marquer ce territoire par des innovations technologiques et marketing, l’Europe tente de sauver  son territoire éditorial.
 Cette fois c’est par une innovation  de l'association américaine International Digital Publishing Forum (IDPF), que des Européens tentent de desserrer l’étreinte des GAFA.
Ce nouveau format mis en place, « Readium,   est un outil qui permet de développer des formats epub dans tous les métiers de l'écrit, du livre aux magazines », nous apprend latriibune.fr  qui note surtout  qu’avec lui, il n’y aura plus « la dépendance aux systèmes propriétaires : un livre acheté sur Amazon sera lu sans liseuse Kindle, chez Apple sans iPad ou sans Kobo à la Fnac. Chacun achètera sans se soucier du support ni du vendeur : Mollat à Bordeaux et Decitre à Lyon seront sur Readium ». Le quotidien français donne la parole à un patron de l’édition française, de chez Hachette Livre  qui déclare : «Sur le livre, l'Europe est une des terres de bataille critiques visant à éviter la domination des sociétés technologiques utilisant des formats propriétaires. » Les éditeurs européens redoutent en effet les expériences vécues dans le monde de l’édition  musicale  et de la presse ; et selon ce même responsable de chez Hachette Livre, cité par latribune.fr, « nous refusons de produire des formats en fonction de chaque intervenant.
C'est, de toute façon, beaucoup trop cher ; de nombreux éditeurs n'arrivent pas à suivre financièrement et il fallait éviter une crise dans le secteur. Il nous fallait absolument un format unique peu coûteux. »


Amazon,  rentré dans les rangs ?


Faisant partie des grandes multinationales soupçonnées de s’adonner à l’optimisation fiscale en Europe, Amazon semble revenir à de meilleurs sentiments. Sa direction a annoncé il y a quelques jours ‘’revoir la structure de son activité  autour des branches locales d’Amazon EU », note latribune.fr. Alors que le groupe était jusque-là fiscalement domicilié au Luxembourg, où il payait des clopinettes aux impôts, il décide depuis le 1er mai dernier  d’assumer « ses obligations fiscales dans chaque pays où il a une branche. C'est-à-dire, pour l'instant, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne », ajoute ce site  qui reprend le   le journal allemand Süddeutsche Zeitung selon lequel , « Amazon a commencé à payer des impôts sur ses bénéfices réalisés en Allemagne, son plus gros marché en Europe avec 11 milliards d'euros de ventes engrangées en 2014. »