…En attendant dans une ferveur ingénue le retour de la sérénité
et de la fraternité à Ghardaia, Inch’Allah !
Si des institutions artistiques et culturelles telles la maison de la culture, certaines associations, ou encore le T-R-Béjaia se sont attelées à élaborer des programmes pour étoffer de façon aussi agréable que possible les longues soirées de ce juin-juillet 2015 de jeûne et de prière, les familles aussi, chacune de son côté mais également de concert, quelquefois, avec d’autres, voisines du même immeuble, prennent plaisir, bien avant le « f’tour » (rupture du jeûne), de tracer leur propre programme de la soirée.
Et il ne s’agit surtout pas de réduire une soirée aux seuls spectacles diversement proposés ça et là, disséminés à travers la ville, de la pièce de théâtre ou du sketch au concert de variétés et autres récitals de musique du genre «chaâbi » ou kabyle… C’est ainsi que, assez fréquemment, deux ou même trois familles habitant le même immeuble et auxquelles se joint une autre famille «extérieure au bloc» décident de la «mise en marche» d’un programme de veillée ludique souvent riche, varié et fort agréable.
Un exemple vécu vendredi 10 juillet : A 21h30, la table était débarrassée plus tôt que d’habitude, toute la vaisselle était faite, mère et filles s’étaient empressées de s’habiller pour sortir, dans une ambiance de fête mais elles attendaient d’abord que les voisines d’en haut descendent. Et que d’autres parentes arrivent.
Une fois tout le monde présent à l’appel, on s’engouffre dans deux voitures et direction, d’abord, Da Ali Boulaglace, «le phénoménal», avec sa recette secrète «comme celle de coca-cola», aime-t-on à répéter, «même France 24 en a parlé le Ramadhan dernier! ».
Ces «fabricants», de père en fils, de crèmes glacées tellement originales, véritables bouquets de fleurs et autres sorbets au citron « maison » dont «eux seuls ont le secret», au point où ces produits ont fini par acquérir une réputation nationale, ont élu domicile et ce depuis …1931 sur la place Medjahed (ou place de la poste), en ville haute, à égale distance du prestigieux lycée Ibn Sina et du T-R-Béjaia, c’est-à-dire à une vingtaine de mètres à peine de ces deux édifices. Arrivés chez Farid Boulaglace, digne successeur de son grand père Da Ali, littéralement envahi par des dizaines de familles, c’est une véritable séance de dégustation, agrémentée de blagues suivies de fous rires… contagieux, du reste.
Un brouhaha de kermesse, des rencontres amicales et familiales…Juste après, les hommes, chauffeurs dévoués au service de ces dames et demoiselles, reprennent le volant, direction la Brise de mer et sa promenade baptisée Leonardo Fibonacci, pour déambuler le long du port de pêche, et remplir ses poumons d’iode fraîche et de chlorophylle, avant de s’attabler, toujours face à la mer, pour savourer un thé au jasmin…Tout en se laissant caresser par les mains douces et invisibles d’une envoûtante brise marine… Une soirée toute simple, pas onéreuse du tout et, pourtant, tout simplement fabuleuse.
Détente fort méritée après tant d’heures passées devant les feux de la cuisine… Volet télévision : C’est indéniablement Samira TV avec ses spectacles sur le «mode» didactique et recettes culinaires qui hypnotise littéralement, séduit la gent féminine, et même les hommes ! Côté distraction, info, reportages et rencontres-causeries culturelles rassemblant des artistes, des intellectuels, des personnalités du monde du spectacle…la cote semble, selon un petit sondage, revenir dans une assez large mesure à Canal Algérie, «une chaîne qui chasse et casse le stress, l’antidote du pessimisme par excellence ! », commente-t-on.
Comme quoi à chacun sa recette… Pourtant, il existe un dénominateur commun à toutes ces familles qui, dans une ferveur ingénue, honorent, par agréable devoir de foi inébranlable, le Mois Sacré de la Révélation : Que la paix et la fraternité, l’amour de la patrie une et indivisible réinvestissent Ghardaïa, cette grande parcelle de la chair Algérie, de la chère Algérie… Inch’Allah.
Et ce ne sera plus qu’un cauchemar… Qui ne reviendra plus jamais, plus jamais, car les Algériens ne sont ni naïfs, ni dupes…