Vœux de l’Aïd El Fitr : «SMS-mania» à Constantine

Publié par dknews le 18-07-2015, 17h02 | 219

De nombreux constantinois privilégient le service de messagerie Short Message Service (SMS) pour échanger les vœux de l’Aïd El Fitr parfois au détriment des rencontres physiques et des traditionnelles accolades,a-t-on constaté vendredi, au premier jour de la fête à Constantine.

«Aïd saïd», «Saha Aïdkoum oua snin daïma» et «Takaballa Allah minna oua minkoum» sont les modèles des messages courts qui reviennent le plus souvent et que des milliers de téléphones portables envoient et reçoivent depuis les premières heures de la journée.

Une «vogue» imposée par la modernité et le développement des technologies de l’information et de la communication, mais qui n’est pas toujours vue d’un bon £il, surtout par les personnes âgées, nostalgiques des déplacements vers les amis et les proches et du bon vieux bisou sur les deux joues.

C’est le cas d’Abderrezak, un épicier de 60 ans ayant pignon sur rue du côté de la cité Filali : «mon fils aîné, marié et vivant à Ali-Mendejli, m’a envoyé un SMS mais je considère qu’il ne m’a pas, en fait, présenté ses v£ux de vive voix comme il l’a toujours fait», déplore-t-il.

Les plus jeunes, habitués à l’univers des TIC, ne sont évidemment pas d’accord et estiment que cette nouvelle formule, rapide et peu coûteuse, est un mode de communication «pratique» et «discret».
«Mon père, policier, est de permance à Sétif, comment voulez-vous que je lui présente mes bons v£ux, faudrait-il que je loue un taxi et que je me déplace jusqu’à Sétif rien que pour lui faire la bise ?», explique Walid, un jeune commerçant de 32 ans.

«Les SMS rapprochent les distances et je peux envoyer un petit message à travers lequel je souhaite une bonne fête aux personnes que j’aime et qui sont loin de moi, et ce n’est pas plus mal», soutient-il.
Zakaria, un policier d’Annaba (28 ans), passe la fête de l’Aïd à Constantine, loin de sa famille, pour raisons professionnelles et avoue profiter des importantes offres proposées à chaque fête de l’Aïd par les trois opérateurs de téléphonie mobile en Algérie.

«Alors, j’écris mon petit texte, je l’enregistre et procède à un envoi multiple à mes amis», dit-il.
Il faut dire que la nouvelle génération «connectée», très attachée (quelque fois à l’excès) au monde virtuel, recourt également aux réseaux sociaux pour envoyer leurs meilleurs vœux de l’Aïd El Fitr.

Des arguments qui laissent de marbre Maâmar, un grand-père de 70 ans, ancien directeur d’école, qui explique fièrement qu’à chaque Aïd, il n’hésite pas à «se déplacer avec un grand plaisir pour souhaiter de vive voix un joyeux Aïd à (ses) deux filles mariées et à sa seule sœur».

L’avis de Maâmar est partagé par Sakina (68 ans) qui confie «ne rien connaître de cette technologie qui fragilise le lien social» et qui, selon elle, vide la convivialité de l’Aïd de son sens.Le développement de la technologie a imposé, à Constantine comme ailleurs, de nouvelles pratiques, certes, mais l’Aïd, comme toutes les fêtes, reste avant tout une occasion de communion et de resserrement des liens.
Finalement, la façon de dire à quelqu’un que l’on pense à lui a-t-elle une aussi grande importance? Les avis restent partagés.