Maroc : Le travail des petite filles, une forme de «traite humaine» qui perdure

Publié par dknews le 18-07-2015, 18h08 | 46

Le travail des petite filles considéré comme une forme de «traite humaine» perdure toujours au Maroc, où des dizaines de milliers de fillettes de 8 à 15 ans sont exploitées comme domestiques et sont souvent victimes traitements inadéquats.

Selon le «collectif pour l'éradication du travail des petites bonnes», entre 60.000 et 80.000 fillettes âgées de 8 à 15 ans sont exploitées comme domestiques au Maroc un phénomène qui a pris des proportions alarmantes, a affirmé Hicham El Moussaoui, un universitaire marocain dans une analyse publiée par des médias.

Pour lui cette situation s'explique notamment par deux aspects : l'offre et la demande du travail domestique.Du côté de l'offre, le chômage (9,9% en 2014) et son corollaire la pauvreté (15% en 2014), conduisent les parents à devenir incapables de subvenir aux besoins de base de leurs enfants.

La pauvreté et la précarité poussent ainsi les parents à donner leurs petites filles à des familles plus aisées afin, d'une part, de se décharger du fardeau de subvenir à leurs besoins, et d'autre part, avoir un revenu supplémentaire, quoique modeste, pour être capable d'assumer la charge des autres enfants.
Souvent les parents se trouvant en position de faiblesse ou en difficulté ne pourraient négocier des conditions dignes pour l'accueil de leurs filles, ce qui explique aussi que les familles d'accueil ont tendance à abuser de leur pouvoir, surtout devant le silence des petites filles. Celles-ci deviennent en quelque sorte le bouc émissaire de l'incapacité des parents à assumer leurs responsabilités.
Autre facteur expliquant le travail des jeunes filles, l'analphabétisme qui touche 53% des petites filles résultant de leur exclusion de la scolarisation, ce qui limite fortement l'horizon des opportunités à leur disposition, et rend ainsi le travail dans les foyers des autres «une opportunité».
Cette culture résultant de l'ignorance des familles, a ajouté Hicham El Moussaoui, a «normalisé» le travail de la «fille mineure».

Elle a permis même, vu le contexte de rareté, de la considérer comme une source légitime de revenu complémentaire.Certains parents y voient même une chance pour leurs petites filles car elles vont être sauvées de la misère et cela leur ouvrira d'autres portes, notamment celles du mariage.

Le statut de la jeune fille, inférieur à celui du garçon dans un pan important de la société marocaine, accentue sa vulnérabilité et la rend sujette à tous les «débordements» et à tous handicaps sociaux (déscolarisation, exploitation), estime encore l'universitaire.

Selon des associations marocaines d'aide à l'enfance abandonnée, le travail des enfants, un des fléaux de la société marocaine, a augmenté durant ces trois dernières années au Maroc avec plus de 600.000 enfants, soit 11% du nombre d'enfants (5,4 millions) âgés entre 6 et 14 ans qui travaillent dés l'âge de six ans dans différents corps de métiers, notamment dans les champs, les ateliers artisanaux, coursiers ou bonnes placées chez les familles aisées des grandes villes du pays.