Quatre (4) grands maîtres du malouf constantinois, en l’occurrence cheikh Hammou Fergani, ses fils Mohamed- Seddik dit Zouaoui (à titre posthume) et Mohamed-Tahar, ainsi que le regretté flutiste Abderrahmane Kara-Baghli, ont été honorés mardi soir au palais de la culture Malek-Haddad.
Cet hommage, initié par le département du Patrimoine immatériel et des arts vivants du commissariat de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe» a réuni, dans une gaâda constantinoise pleine de beaux souvenirs, artistes, amis et proches des chouyoukh, venus évoquer le parcours de ces maîtres, leur passion pour la musique et leur contribution dans la sauvegarde de la musique savante dans l’antique Cirta.
Lors de l’évocation de Hamou Fergani, présenté comme un passionné de la musique citadine, les présents ont souligné que cet artiste (1884-1972) était un adepte de la confrérie des Aïssaoua. «Sa voix s’est forgée dans les Hadra Aissaoua et son timbre à la fois doux et puissant s’est intensifié au fil de l’apprentissage», a notamment indiqué Salim Rouabeh, de l’association Mouhibi El Fen.
Suivant les traces de l’histoire de la musique savante dans la ville du Rocher, les participants ont précisé que Zouaoui Fergani (1913-1995) avait entamé sa carrière artistique à l’âge de 16 ans. Jouant, dans un premier temps, du violon, Zouaoui s’est vite passionné pour le luth pour devenir, a-t-on témoigné, un luthiste «hors pair'.
Sa virtuosité est souvent comparée à celle d’Abdelkrim Bestandji, l’un des formateurs des plus brillantes promotions de luthistes, au début du 20ème siècle à Constantine.
Avec son compagnon de toujours Kaddour Darsouni, Zouaoui a accompagné les premiers pas de son jeune frère Mohamed-Tahar, et a pris part à l'ensemble des regroupements de musiciens constantinois dans diverses manifestations.
Revenant soixante ans en arrière, la mémoire incontestée du malouf, Mohamed-Tahar Fergani (né en 1928) a révélé qu’il s’était initié, au tout début de sa carrière, à la musique orientale égyptienne qu'il découvre à travers le cinéma.
«C’est cheikh H’souna Ali Khodja qui me conseilla, en écoutant ma voix, de m’orienter vers le malouf et me donna rendez-vous à l’usine de tabac de la famille Bentchikou, où il travaillait pour m’initier à la musique citadine», raconte l’interprète de «Ya Dalma».
Sur Abderrahmane Kara Baghli, alias Baba Abeïd (1886-1956), Salim Rouabeh a précisé que ce flutiste émérite était «le trait d’union» entre les artistes de la ville. L’histoire de la musique savante à Constantine retient que Baba Abeïd s'est imposé par sa maitrise des différents répertoires musicaux, le Z’djel, notamment.
Abdelaziz Reguig, petit-fils de Baba Abeïd, rapporte que ceux qui ont côtoyé son grand-père, se souviennent qu’il répétait avec Mohamed-Tahar Fergani dans la cave d’un petit café, dans la vieille ville. La musique, la voix de Fergani et les belles mélodies attiraient tellement de monde que le local, d’habitude peu fréquenté, ne désemplissait plus, raconte Reguig.
Le département du Patrimoine immatériel et des arts vivants du commissariat de «Constantine, capitale de la culture arabe» renouvellera chaque mois, tout au long de l’année culturelle, ses hommages à d’autres figures emblématiques de la musique citadine constantinoise, a affirmé à l’APS la responsable de ce département, Halima Ali-Khodja.