Il faut réformer la détention préventive

Publié par Saïd Abjaoui le 28-02-2014, 18h20 | 45

Nous  sommes à la veille d’une échéance politique importante. C’est l’échéance la plus importante, celle de l’élection présidentielle.

Beaucoup de bruits autour de celle-ci. Toutes proportions gardées, si le FIS voulait utiliser la démocratie pour tuer la démocratie, des opposants au quatrième mandat  veulent utiliser la démocratie (liberté d’expression et  réunion «invoquées» ) pour tuer la démocratie en empêchant  un citoyen, fût-il président de la République d’user de son droit constitutionnel à se présenter comme candidat à une élection présidentielle.

A quelques jours de la remise du rapport portant sur l’évaluation des droits de l’homme au président de la République, maître Farouk Ksentini, président  de la CNCPPDH, a bien voulu répondre positivement à l’invitation du forum du quotidien DK News pour une conférence-débat portant sur la démocratie et les droits de l’homme en Algérie.

Où en sommes-nous dans l’état des  droits de l’homme ? 

Le président commença d’abord par la lecture qu’il fait de la presse écrite et audiovisuelle. Il y a celle qui fait peur, qui cultive le pessimisme, et il y a celle qui donne l’information sans l’accompagner d’un climat de crise. Il est vrai que les institutions ne communiquent, ne savent pas communiquer alors que l’Algérie est une maison de verre. Citons le cas de Tiguentourine, où la première agence à donner l’information de la prise en otage fut une petite agence mauritanienne. L’information est parvenue aux Algériens de l’extérieur du pays.

Nous avons une élection présidentielle qui se déroulera le 17 avril prochain. Il y a l’opposition qui au lieu de se focaliser sur l’explication de son programme, se focalise sur le président et non sur un débat d’idées. L’opposition existe et doit exister. Mais, cependant, elle doit savoir et admettre que les institutions existent et qu’il leur appartient de rejeter ou accepter.

Le  vrai problème , c’est la mobilisation des  populations. Les mobiliser pour qui ? En faveur de qui ? Il faudrait reconnaître qu’il y a une amélioration surtout des droits sociaux. Le logement par exemple se construit en grande quantité  et pratiquement se livre à un bas prix aux citoyens. A chaque distribution, il y a des contestations,  alors la commission est constituée par de grands citoyens  (des notabilités). Il y a beaucoup d’efforts fournis par l’Etat en matière de santé publique, des efforts qui ont permis une amélioration substantielle de la qualité des soins.

L’Algérie possède tous les atouts pour réussir, des moyens financiers, humains et matériels.  Durant  les années 1970, nos voisins étudiaient la médecine et se faisaient soigner en Algérie. Actuellement, 5000 médecins algériens font les beaux jours des hôpitaux français. L’autre volet des droits de l’homme concerne la détention  préventive qu’il faudrait réformer. Il y a 55000 personnes en état d’incarcération, soit une surpopulation carcérale à réduire par la révision de la détention préventive et la construction de nouveaux centres de détention. 

Une question s’est rapportée au droit des populations à manifester contre le quatrième mandat. Me Farouk Ksentini se demande pourquoi il ne faudrait pas considérer comme atteinte aux droits de l’homme l’empêchement du président à se présenter à un quatrième mandat ? 
Me Ksentini eut cette belle phrase : «Je soutiens le malade contre la maladie et non la maladie contre le malade». Il invite ceux qui s’acharnent à vouloir dénier  au président le droit à se présenter à un quatrième mandat à laisser la parole aux médecins et au Conseil constitutionnel.

Répondant à la question d’un journaliste,  Me Ksentini donna le nombre de 17000 terroristes neutralisés physiquement, entre 6000 à 8000 disparus, 95% de familles de victimes indemnisées, le reste ne voulant pas l’indemnisation et réclamant justice et vérité.

Parlant des accusations formulées par les Marocains accusant l’Algérie de refouler les réfugiés syriens, ce qui est entièrement faux, Me Ksentini dénonce les agissements marocains ; un Etat narco-trafiquant.. L’Algérie a tout à gagner en rompant les relations diplomatiques   avec le Maroc. Le peuple marocain est un peuple frère.