
Les députés somaliens ont fait part jeudi de leur détermination à organiser le vote d'une motion de destitution contre le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, une démarche qui préoccupe vivement la communauté internationale.
«Cette motion ne vise pas à détruire mais à corriger», a expliqué Abdi Barre Yusuf, un député soutenant cette motion, déposée sur le bureau de la Chambre du Peuple et qui accuse le chef de l'Etat de «corruption».
Les partenaires internationaux de la Somalie - l'ONU, l'Union africaine, l'Union européenne, Washington et Londres, notamment - ont fait part de leur «profonde inquiétude», estimant que la «motion parlementaire pour destituer le président Hassan Cheikh Mohamoud va entraver les progrès vers la paix et les objectifs de construction d'un Etat en Somalie».
«Si nous respectons pleinement les droits du Parlement fédéral à contrôler les institutions et à remplir ses devoirs constitutionnels, une telle motion (...) va consommer un temps extrêmement précieux», estiment-ils, rappelant que des lois cruciales doivent encore être votées en vue des élections prévues en 2016. Abdi Barre Yusuf a appelé «la communauté internationale à être neutre», disant «attendre que le président de la Chambre convoque la session». Selon un de ses collègues, Abdirahman Hosh Jibril, les députés ont «des indices et des preuves clairs que le président est impliqué dans de la corruption et était intervenu auprès d'institutions indépendantes (...) tels que des tribunaux».
Les premières élections au suffrage universel depuis 40 ans, précédées d'un référendum constitutionnel cette année, sont prévues en Somalie en 2016, à l'expiration du mandat des institutions actuelles, en place depuis 2012. Mais les autorités ont annoncé fin juillet qu'elles étaient impossibles à organiser en raison de délais trop courts et de la situation sécuritaire dans le pays.
La communauté internationale a à plusieurs reprises fait part de ses inquiétudes «sur les retards politiques» en Somalie en raison des «luttes de pouvoir» au sein des institutions. Des longs conflits ont notamment opposé le président Mohamoud à ses Premier ministres Abdi Farah Shirdon, puis Abdiweli Sheikh Ahmed, finalement débarqué par le Parlement en décembre.
La Somalie est privée de réelle autorité centrale depuis la chute du président Siad Barre en 1991.
Le pays est depuis plongé dans le chaos, livré aux milices de chefs de guerre, groupes armés et gangs criminels.