
Les Etats-Unis, très impliqués diplomatiquement depuis des mois dans la crise politique au Burundi, ont dénoncé jeudi la prestation de serment du président Pierre Nkurunziza réélu pour un troisième mandat.
«La prise de fonction au Burundi aujourd'hui démontre que le parti au pouvoir entend ignorer les voix de son peuple et poursuivre son propre programme politique», a protesté dans un communiqué le porte-parole du département d'Etat, John Kirby. Il a jugé que «la crise au Burundi, déclenchée par la décision du président Nkurunziza d'accomplir un troisième mandat (...) n'était pas terminée».
M. Kirby a plaidé pour «un dialogue politique complet et rassemblant le plus grand nombre, seule voie crédible pour rétablir la stabilité au Burundi (...) en vue de forger la paix et le consensus pour le peuple burundais».
«Les Etats-Unis soutiennent les efforts de l'Ouganda, au nom de la Communauté d'Afrique de l'Est, pour servir de médiateur dans ce dialogue (...) afin d'essayer d'éloigner le Burundi du bord du précipice», a insisté la diplomatie américaine.
Le président burundais réélu Pierre Nkurunziza a prêté serment jeudi à Bujumbura pour un troisième mandat controversé, dont la conquête a plongé le pays dans une crise politique émaillée de violences meurtrières, lors d'une cérémonie annoncée au dernier moment et boudée par la communauté internationale.
Washington condamne depuis des mois ce troisième mandat du chef de l'Etat burundais, estimant qu'il viole la Constitution de ce pays d'Afrique des Grands Lacs ainsi que l'accord de paix d'Arusha qui a permis de mettre fin à la guerre civile (300.000 morts entre 1993 et 2006).
Le secrétaire d'Etat John Kerry avait lui-même jugé cette candidature «inconstitutionnelle» lors d'une tournée en mai au Kenya.
Nkurunziza nomme deux nouveaux vice-présidents
Le président burundais, Pierre Nkurunziza a nommé jeudi soir à Bujumbura deux nouveaux vice-présidents de la République.
Le premier vice-président, Gaston Sindimwo sera chargé des questions politiques.
Le deuxième vice-président, Joseph Butore, sera chargé des questions économiques.
Les candidatures des deux vice-présidents avaient été approuvées, peu avant, par les deux chambres du Parlement burundais.
Gaston Sindimwo, qui occupait le poste de chef de cabinet adjoint de l'ex-premier vice-président Prosper Bazombanza, est issu de l'Union pour le Progrès National (UPRONA), classé troisième force politique lors des dernières élections parlementaires et présidentielles.
En revanche, Joseph Butore, qui était ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, est issu du CNDD-FDD, premier parti au pouvoir.
Le Burundi est plongé depuis fin avril dans une grave crise politique, déclenchée par la volonté du président Nkurunziza de briguer un 3e mandat que ses adversaires jugent anticonstitutionnel.
La violence s'est récemment intensifiée, notamment depuis la réélection controversée le 21 juillet du président Nkurunziza.
Depuis le début de la crise en avril, au moins 94 personnes ont été tuées, environ 600 personnes interpellées ou arrêtées et 40 cas de torture aux mains de la police ont été dénoncés, selon le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les droits de l'homme, Ivan Simonovic.