La course entre l’humain et l’algorithme: La stratégie tous azimuts de Google

Publié par Par Samy yacine le 03-03-2014, 14h54 | 51

Quelque soit la posture à l’égard de la théorie transhumaniste des patrons de Google, convaincus que, dans un avenir proche, l’intelligence des algorithmes dépassera  celle de l’humain, force est de reconnaîre que, la diversité et la pertinence de ses investissements dans la recherche et les start up innovantes,  donnent l’impression que le moteur de recherche fait tout pour raccourcir les échéances. Y parviendra-t-il ?

C’est à ne plus savoir où donner de la tête avec le flux d’informations  faisant état des multiples investissements et acquisitions de Google,  engagé dans une véritable course pour faire régner ses algorithmes en maîtres de l’Humanité. Les deux patrons du moteur de recherche « Larry Page et Sergey Brin ont pour ambition de radicalement changer le monde.

Aussi vite et aussi profondément que possible», nous explique  Astro Teller, responsable de l’unité GoogleX, le «laboratoire secret» de Google, dans des propos repris par le site suisse www.bilan.ch. La confirmation, fin janvier dernier, sur le fil de l’AFP de l’acquisition de l'entreprise britannique DeepMind, spécialisée dans l'intelligence artificielle, a été ainsi perçue  dans la logique des choses.

Elle aurait coûté selon des indiscrétions rapportés par    le site spécialisé Re/code aux environs de   400 millions de dollars pour une opération menée dans la plus grande discrétion, par le premier patron de Google Larry Page en personne. Sur le site www.atlantico.fr, il est indiqué que « DeepMind, basée à Londres, se présente comme une entreprise de pointe dans le domaine de l'intelligence artificielle, avec des applications commerciales dans la simulation, le commerce en ligne et les jeux. ».

Ce site rappelle par ailleurs l’intérêt de Google pour la recherche sur l’intelligence artificielle qui l’a conduit, notamment à une association avec l’agence spatiale américaine la NASA, ainsi qu’avec des universités américaines pour mettre sur rail  son projet phare le fameux Quantum Artificial Intelligence Lab. A  la mi-janvier, une autre annonce de Google, pour nous informer d’un accord conclu pour lui permettre de s’offrir, pour un peu plus de 3 milliards de dollars,  « Nest Labs, fabricant américain d'alarmes et de thermostats intelligents pour la maison», selon le même site qui ajoute qu’un mois auparavant,  «il avait racheté le fabricant de robots Boston Dynamics.»

Au début du mois de février, une autre annonce, celle de la mobilisation d’un nouveau fonds d’investissement pour soutenir des sociétés ayant des projets relativement avancés, ou, pour reprendre les termes du communiqué publié par la firme, et répercutés par l’AFP,  « qui ont déjà des bases solides et sont vraiment prêtes à étendre leur activité de manière importante. » Pour les sociétés bénéficiant de ce fonds, précise Google, l’apport peut se constituer par un accès à des experts technologiques ou des produits du moteur de recherche.

 Une information qui fait dire à une journaliste du site www.bilan.ch : « De la médecine aux transports, le fonds de capital-risque du géant américain de l’internet sélectionne et soutient des compagnies qui inventent notre futur.» 

Dans cette affaire, Google informe avoir déjà opéré trois acquisitions, à savoir, comme le rapporte l’AFP, « SurveyMonkey, un organisateur de sondages, Lendig Club qui met en relation des emprunteurs et des investisseurs(…), et Renaissance Learning qui propose des cours de lecture ou de mathématiques en ligne utilisés par près de 20 millions d’écoliers et d’enseignants.»

 Google c’est tout cela et plus, serait on tenté de dire au regard de la récente annonce de son investissement dans la cartographie en 3D pour Smartphone. C’est son projet Tango qu’il vient de présenter durant la dernière semaine de février et qui vise, selon le site www.itepresso.fr  « à permettre aux smartphones de cartographier en trois dimensions leur environnement direct.  Dans son annonce, Google fait savoir également que près de 200 prototypes ont été développés avec des équipements technologiques, constitués, selon l’AFP de  « capteurs de mouvement, ou encore de quoi mesurer la profondeur de champ. Les caméras sont elles aussi adaptées à des usages permettant de réaliser en temps réel une carte 3D des alentours. »

La  société Google n’a pas encore précisé les usages auxquels elle destine cette innovation, même si, selon l’agence française AFP « une telle technologie pourrait servir à de nombreux usages.» Et l’agence d’énumérer quelques exemples, comme la possibilité aux usagers de « prendre les côtés de leurs intérieurs simplement en passant avec le smartphone», de telle sorte, explique-t-elle que ceux-ci «n’auraient plus qu’à aller acheter de nouveaux meubles à l’aide de ces cartographies 3D détaillées.» L’autre option possible avec ces équipements, «guider les handicapés et les aveugles dans des lieux qu’ils ne connaissent pas, ou tout simplement aider une   personne à ne pas se perdre dans ces milieux.»

En attendant de trouver des débouchés marketing à ces «jojos» , Google débourse sans compter sur toutes les applications susceptibles d’étoffer ses offres de contenus et de satisfaire le maximum de besoins des internautes. Le site suisse www.bilan.ch s’est intéressé à cette politique de Google, en  illustrant par le cas d’une jeune quadragénaire dont la vie quotidienne semble toute orientée vers des applications de ce genre.

Sa maison, son véhicule, ses lunettes, rien n’échappe à l’emprise de ces services, y compris sa santé, suivie par des applications spécifiques qui l’aident à faire ses diagnostics et à se faire prescrire certaine thérapies. « Ce personnage fictif vit dans l’avenir que nous prépare Google, notamment par l’intermédiaire de son fonds de capital-risque Google Ventures», souligne le journaliste de ce site qui donne la parole à  David Drummond, vice-président senior de la maison mère Google et référent pour Google Ventures, qui explique ainsi sa mission sur les colonnes du  magazine Fortune :

«Nous avons ici la possibilité d’utiliser notre argent, notre expertise, nos cellules grises ainsi que la force de la marque Google pour bâtir de nouvelles grandes compagnies et développer quelque chose d’utile.»  Pour mieux analyser cette stratégie, le site suisse a interrogé Blaise Reymondin, un expert en stratégie web qui voit ainsi les choses : «La plupart de leurs projets sont vitaux pour ne pas rater les prochains virages technologiques.

Le meilleur moyen de conserver un coup d’avance sur les futurs modes de consommation de l’information, c’est encore de l’inventer .» Mais l’expert nuance ces approches en admettant que même chez ces géants on peut céder à  «une tendance à la surenchère d’annonces pour des concepts plus ou moins réalistes. Par exemple Amazon, qui promet une livraison par drone, ou Google et son ascenseur pour l’espace.» Il estime que même sans portée pratique, de telles annonces  offrent aux grandes sociétés du net des opportunités  de susciter  « un buzz planétaire bénéfique à leur image et au cours en bourse.»