Bulgarie- Sofia : Capitale de l’amitié

Publié par O. Larbi le 24-08-2015, 22h26 | 84

L’Algérie possède en Bulgarie un prestige inentamé, une réputation de nation amie, que les événements de la guerre de Libération nationale ont renforcé, on connaît l’épisode de livraison d’armes par le capitaine Vassili, qui vient de fêter son centenaire en recevant avec émotion le message du Président Bouteflika à cette occasion.

L’ambassade de Bulgarie est la première accréditée à Alger. Son excellence, Grigor Khrachmarsky a été par 3 fois en poste à Alger : il garde de notre pays des souvenirs vivants et émouvants.

Signalons qu’une exposition du peintre disparu, Mohamed Khadda est en préparation à Sofia, où l’ambassade d’Algérie rayonne à nouveau.

Sofia, ville- jardins

Située au nord-ouest de la Bulgarie, la capitale jouit d’une position idéale entre les monts qui l’entourent et ce qui frappe dès l’abord c’est la multitude d’avenues boisées qui font des autoroutes des allées bordées de verdure.

Le « centre » commercial de la ville est à la périphérie créant un îlot de lumière dont les ondes se propagent au gré de l’exposition de leurs murs de verre. Le regard embrasse l’espace au -dessus des constructions tandis que s’imprime sur la rétine la falaise d’un vert sombre qui culmine au mont Vitocha.

Mobilité

Des tramways, des trolley-bus sillonnent les rues, des bouches de métro rejettent dans l’air libre la foule des voyageurs qui, en ces journées d’été portent vêtements légers et colorés.

Le trafic des véhicules particuliers est dense mais fluide grâce aux feux tricolores qui ordonnent cet écoulement, mécanique pourtant silencieuse. Sofia reste la ville des marcheurs, des cyclistes de tous âges et tous virtuoses de l’évitement du piéton distrait par l’animation des rues interdites aux véhicules à moteur ou observant le renouvellement permanent des immenses jardins publics tous dédiés aux tous petits enfants accompagnés de leurs parents ou grands-parents qui les regardent évoluer sur les pelouses qui amortissent les chutes éventuelles, surveillent leurs premiers pas dans le bac à sable. Ils les accompagnent se rafraîchir aux multiples fontaines qui coulent sans arrêt offrant une eau garantie pure. Les produits en vente sont bien présentés.

Dober den

Où que l’on entre, les premiers mots prononces sont «dober den», bonjour! Le regard du vis-à-vis vous invite à exprimer un désir, une demande. En quelques mots ou gestes, on arrive à ses fins. Il arrive que l’interlocuteur parle une langue partagée. Comme le français.

Mais, s’entendre interpeller en arabe par un vendeur de supérette est d’un secours inespéré.

Nour est Somalien. En prenant les nouvelles de nos pays respectifs, Nour assure que la Somalie va mieux, qu’il connaît des Algériens à Sofia ! Leur lieu de rencontre est la mosquée de la ville au minaret en pointe à la différence de ceux des mosquées d’Algérie. Migrant de longue date, il a pu s’insérer et trouver un travail.

Il y aurait au 20 000 migrants en Bulgarie et seulement une vingtaine ont accepté de bénéficier des aides de l’UE.

La rose

Les commerces qui proposent les produits de beauté fabriqués a partir de cette fleur au délicat parfum sont très nombreux dans chaque rue. Les vendeuses font leur démonstration en faisant sentir la douceur de la pommade, le gel ou l'extrait de parfum.

La Bulgarie est une immense roseraie qui embaume dès la formation des premiers bourgeons au printemps. Au-dessus de Vonovo, un village à 60 km de Sofia, des carrés d’un hectare, nus, attendent la prochaine campagne de mise en terre des pieds de rosiers. Vonovo est un village qui veut vivre à son rythme. Les vieux ont décidé de réhabiliter toutes les maisons, granges qui en ont besoin, de faire revivre le tissu social au gré des saisons et des cultures. Ils veulent en faire un site touristique original. Dans un pays où l’histoire joue un grand rôle pour comprendre son évolution, la première initiative des vieux a été d’ériger un monument aux combattants pour l’indépendance de 1878!

On est très fier de lire le nom d’un ancêtre inscrit dans le granit. Vonovo redoute de devenir un village- garderie, à l’image de ceux dont les petits enfants sont confiés aux vieux pendant que leurs géniteurs vivent et travaillent à l’étranger.

Ce monument, cette réhabilitation sont comme des signes de résistance au changement qui menace l'agriculture traditionnelle en tant que ciment social. On déplore que les écoles primaires ferment obligeant les écoliers à des déplacements loin de leurs bases.

Par ailleurs, les Bulgares sont réellement préoccupés par leur avenir démographique... Sans occulter le fait que des millions de Bulgares ont quitté le territoire attirés par des revenus plus avantageux... Le Bulgare est très attaché à sa famille, le manifeste à travers les rassemblements de plusieurs membres pour toutes les occasions que réserve la vie.

Ce resserrement des liens du sang n’est pas un obstacle au métissage, ni à la tolérance entre communautés.

Patrimoine immémorial

On raconte que sous l’occupation ottomane, des poètes et des artistes ont construit un village qui existe toujours pour conserver la langue et les traditions bulgares... Ainsi chaque pierre, chaque édifice ancien, quel que soit son auteur ou sa destination est pieusement conservé, restauré, son histoire restituée. C’est ainsi que des centaines d’églises, des mosquées, des châteaux sont autant de musées.

L’urbanisme même est objet de protection. Le bâti de Sofia est caractéristique. Chaque maison d’un étage ou deux possède un jardinet. La loi interdit toute spéculation foncière sur ces espaces. C’est pourquoi Sofia n’est pas défigurée par les balafres que lui infligeraient les buildings élevés à la périphérie de la ville.

Consumérisme

L’adhésion à l’UE s’est traduite par une dévaluation du lei bulgare qui vaut un demi-euro. L’avantage, dit-on, est la stabilité des prix et leur uniformisation sur tout le territoire de la République. La spéculation a disparu comme par enchantement, ce qui se serait traduit par des économies certaines pour les ménages. Les prix sont les mêmes dans les grands hôtels de luxe ou les cafés de quartier, Pour autant, le luxe reste ce qu’il est, une différenciation sociale qui n’est pas une illusion. N’empêche, il n’y a plus aucune différence dans ce qui se donne à paraître les habitudes de consommation font qu’il n’y a plus de style bulgare, sauf peut-être dans la cuisine, la culture culinaire originale : frugale et en même temps très riche.

Les enseignes des grands magasins d’habillement drainent des foules d’acheteurs potentiels. Espaces de convivialité, les rues commerçantes sont piétonnières et devant chaque grand magasin une cafétéria, un restaurant, des petits distributeurs de sandwichs, au milieu de la foule des promeneurs sans autre but que d’être là. La nuit qui surprend brusquement le promeneur oblige à une halte.

Sofia nocturne

Dans un des nombreux parcs où des jeunes occupent selon leur humeur les bancs en bois qu’ils peuvent déplacer, les échanges sont sans arrêt. Les discussions sont enjouées, sans cris ou manifestations intempestives de mauvaise humeur. Le Bulgare est un calme.

Et il aime la fête, comme en témoignent son attachement au folklore ancestral et l’engouement des jeunes pour les comédies musicales américaines dont une école de danse moderne a gratifié les passants de figures joyeusement offertes, certains soirs aux alentours de minuit.

Sozopol plutôt que Varna

Varna est cosmopolite Les Bulgares disent préférer les villes côtières de Sozopol ou Neçebar. La première est une presqu’ile dont les anses forment des ports naturels sur cette partie de la mer Noire. Cet ancien village de pêcheurs était aussi fortifié pour résister aux menaces extérieures. Ici, les Bulgares profitent des joies de la mer tout a leur aise, loin de Varna devenue une destination du tourisme international.

Neçebar est encore plus jaloux de rester un site côtier perché sur une colline, dominant la mer Noire. Toutes les personnes qui y travaillent ou s’y croisent semblent partager quelque chose de précieux, d’inestimable : la familiarité que des générations ont forgé pour vivre ensemble.

L’étranger glisse dans les rues comme un orage de passage.

Veluko Tchernovo

C’est plus qu’une ville du Moyen Age, une fortification qui s’élève en nid d’aigle protégée par des falaises renforcées par des forts qui devaient empêcher toute approche de l’ennemi. Pourtant elle fut vaincue. Seule de plus amples recherches historiques répondront à ces questions : comment et pourquoi elle fut soumise au conquérant ?

A travers ces haltes, Les impressions retenues peuvent être partielles. Elles ont pour ambition de dire un art de vivre certain. Pour le reste la Bulgarie est comme le reste du monde : confrontée aux défis, aux crises, aux soubresauts qui menacent partout.

Mais ce peuple de Bulgares et de Turcs est fier de son passé qui fait de lui le plus brillant vestige de la civilisation magnifique des Thraces, par ses liens profonds avec la Macédoine antique, la Grèce, la Turquie ottomane. La Bulgarie est fière de son passé et de ses contributions au patrimoine mondiale de l’humanité dont l’un des moindres est la création de l’écriture cyrillique !

O. Larbi