Prémunir l'Algérie du scepticisme

Publié par Boualem Branki le 30-08-2015, 00h58 | 40

Le Premier ministre Abdelmalek Sellal n'a pas fait grand mystère, hier, lors de la traditionnelle rencontre Gouvernement-Walis, de la conjoncture économique internationale difficile, qui frappe l'Algérie de plein fouet à travers la baisse du prix du pétrole.

Ce qui, fatalement, a des effets directs et pervers sur l'économie nationale, le plan quinquennal de développement et les objectifs de relance de l'industrie, de l'agriculture et en général de la satisfaction de la demande sociale. Pour autant, l'Algérie n'est pas au bord du gouffre, ni dans une situation, pour le moment, intenable, a tenu à préciser le Premier ministre, qui a, au passage, dénoncé l'attitude de certains milieux, qui s'évertuent à cultiver l'alarmisme. Et il l'affirme lorsqu'il estime que les décisions prises par le gouvernement pour dépasser au mieux et sans encombres cette phase critique, «toucheront des vieux réflexes et des intérêts».

Utilisant un langage franc, il averti que les Algériens doivent être informés de ces moments économiques difficiles pour la Nation, relevant que «notre principal allié dans ce combat futur sera la population si nous lui disons la vérité, lui expliquons notre démarche et si nous arrivons à gagner sa confiance».

Calme, serein, il ponctue son intervention devant le Collège des Walis et les membres du gouvernement que «je suis de ceux qui croient en leur pays, en ses capacités énormes et en le génie de ses enfants. Malgré le contexte économique défavorable, nous pouvons bâtir une économie émergente et diversifiée». Mieux, pour lui, «le scepticisme est le mal incurable des nations dont nous devons impérativement prémunir l'Algérie».

Le mot est lâché, et il s'agit dès lors pour le gouvernement de mettre en place les mécanismes devant remettre sur selle l'économie nationale, relancer sa croissance et poursuivre la réalisation des grands projets de développement.

Pour cela, la réunion d'hier entre l'exécutif et les Walis a mis en oeuvre un ensemble de démarches et de mécanismes pour assurer la poursuite des projets de développement local dans le cadre du programme quinquennal mis en place par le président Bouteflika. Il s'agit en effet de donner une autre envergure à l'agriculture par de nouveaux investissements dans les filières de production, de l'industrie en réaménageant les priorités du secteur et en attirant les investissements créateurs de richesses, et des services pour maintenir la cadence de la satisfaction de la demande sociale. Les secteurs des BTP et de l'Habitat, avec un volumineux plan de charge de plusieurs milliards de dollars, sont également des leviers de commande pour contourner la tempête de la baisse ces cours du pétrole et assurer à l'Algérie une productivité créatrice de nouvelles tendances économiques.

Dans le même temps, et même si les réserves de change restent importantes et constituent un bon rempart financier pour au moins les trois prochaines années, il reste que la bonne gestion de la dépense publique, et particulièrement la bonne gouvernance des collectivités locales des projets qui leurs sont attribués, demeure un élément capital dans cette phase économique délicate.

C'est pour cela que M. Sellal a insisté sur les mesures de réajustement prises par le gouvernement pour rationaliser la dépense publique et mieux maîtriser le commerce extérieur et les flux de capitaux.

«Le Chef de l'Etat a été clair dans ses directives au gouvernement afin de préserver le pouvoir d'achat des Algériens et de poursuivre l'effort en matière d'action sociale et des programmes dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation», a expliqué le Premier ministre.

Bref, la rencontre Gouvernement-Walis d'hier a au moins permis à l'Etat de faire le point sur la situation économique actuelle du pays après la baisse à moins de 50 dollars/baril du prix du pétrole, d'expliquer aux walis ce qu'il est attendu d'eux pour maintenir les grands projets de développement local, améliorer la bonne gouvernance dans cette phase critique, et aux Algériens d'être informés des actions du gouvernement. Dans la transparence.

Boualem Branki