48e FNTA : El mizbala el fadila (L'idéale décharge) ou la mise en garde contre les risques d'une société sans repères

Publié par DK News le 30-08-2015, 23h28 | 43

La pièce de théâtre El mizbala el fadila (L'idéale décharge), une mise en garde contre les dangers et les risques d’une société délabrée et sans repères, faute d’absence de projet susceptible de définir clairement ses choix fondamentaux et ses perspectives pour l’avenir, a été présentée samedi soir au Théâtre El Moudja de Mostaganem dans le cadre du 48e FNTA.

Mis en scène par Rabie Guichi sur un texte qu’il a lui-même adapté d’une œuvre éponyme de Abbès El Hayek et auquel il a ajouté quelques textes poétiques dont des extraits d’Ahmed Matar, le spectacle s’inscrit dans le genre expérimental avec une pointe de réalisme et repose essentiellement sur le jeu intensif des comédiens. Sur une scène nue, la scénographie se suffisant uniquement à un casier métallique à tiroirs administratifs, les sept comédiens se sont surpassés dans un jeu plein occupant tous les espaces de la scène dans des échanges soutenus et un rythme régulier, faisant des casiers et du corps de l’armoire des accessoires polysémiques. Devant un public recueilli, sept existences, venant chacune d’un univers différent se rencontrent dans un lieu commun auquel ils tenteront de donner vie.

Chacun y allant de son argumentaire pour asseoir les fondements de la nouvelle société selon sa vision, la mésentente totale et l’anarchie générale étaient inévitables, ce qui a généré des affrontements et des conflits dans des situations parfois ubuesques. Faisant référence par moments à des œuvres classiques, le metteur en scène a tenté de justifier son choix du registre expérimental qui exige que le travail démarre d’une ou plusieurs œuvres appartenant au genre universel.

Utilisant le langage du corps et de la gestuelle, se jouant des intonations vocales et faisant adopter toutes les postures possibles, le metteur en scène a réussi son pari de diriger remarquablement ses comédiens à partir de rien.

L'incohérence voulue par le concepteur du spectacle des corpus propres à chaque comédien, aidera à situer l’espace de ce rendez-vous dans un asile psychiatrique que les spectateurs ne saisiront qu’à l’issue de la prestation, lorsque les sept personnages avec leur médecin qui leur ordonne d’enfiler leurs camisoles de force. D’une durée d’une heure, El mizbala el fadila, produite par l'Association "El Amel" de Bordj Bou-Arréridj, a été marquée par une vision complexe mais bien ordonnée de la mise en scène dans laquelle Rabie Guichi s’est investi dans un vrai défi créatif.

Dix-sept troupes théâtrales sont au programme du 48e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem qui se poursuit jusqu’au 2 septembre, avec en marge de la compétition des spectacles en "Off", des ateliers de formation et des conférences scientifiques.