M. Francisco Caitano Madeïra, directeur du CAERT :Les succès remportés contre le terrorisme ne doivent pas «nous leurrer»

Publié par DK News le 03-03-2014, 19h23 | 37

Les succès remportés contre le terrorisme ne doivent pas «leurrer» les pays de la région du Maghreb et du Sahel et il y a nécessité de «demeurer vigilants», a indiqué hier à Alger le directeur du Centre africain d'études et d'enquêtes sur le terrorisme (Caert), Francisco Caitano Madeïra.

«Ces succès ne doivent pas nous leurrer, il y a une nécessité impérieuse d'alerte, il faut être très vigilants. Les évènement de Gao, les opérations de kidnapping d'étrangers qui ont lieu dernièrement, l'utilisation continue des bombes nous donnent une idée sur la situation», a déclaré le directeur du Caert à l'ouverture de l'Atelier sur le renforcement des capacités des pays du Sahel et du Maghreb en matière de contrôle des frontières.

M. Madeira explique que la rencontre se tient au moment où «la situation au Mali se développe dans le sens positif».«Le Mali a recouvert son intégrité territoriale et ses institutions dans un processus démocratique alors que le cantonnement de son armée se fera au printemps prochain. Ceci nous donne un espoir mais un espoir mesuré au niveau national et international» a-t-il précisé, soulignant que «les facteurs d'instabilité sont toujours là et les groupes terroristes demeurent actifs sur le terrain».
«Ils se métamorphosent», a-t-il dit.

La porosité des frontières, le trafic en tout genre, la criminalité transnationale, la faiblesse des capacités de contrôle de beaucoup de pays, ainsi que les conditions socio-économique utilisées par les terroristes pour légitimer leur discours, sont autant d'ingrédients qui appellent à des «actions communes»
«Le terrorisme ne peut être battu que par une action participative et une présence effective et réelle des gouvernements ainsi que l'implication de la communauté», a noté le directeur du Caert.
Ces actions consistent, entre autres, à promouvoir les capacités scientifiques des pays du Sahel et du Maghreb dans le domaine du contrôle des frontières, de partager les informations en temps réel et d'engager des opérations concertées contre le terrorisme.

«L'atelier d'aujourd'hui vise à pousser vers l'avant l'agenda et l'ordre du jour de l'Union africaine, car il y a nécessité de mettre en place un système d'application des lois au niveau des frontières et un système de prévention afin que les organisations terroristes ne puissent pas se réorganiser», a-t-il expliqué.
Selon lui, les points faibles de ces pays peuvent avoir «un impact» sur leurs capacités de contrôle». Parmi ceux-là, les systèmes d'intégration qui ne sont pas interconnectés avec d'autres institutions de leur pays et à d'autres internationales comme Interpol, les postes frontaliers dépourvus de moyens techniques modernes pour le contrôle des flux et «où l'enregistrement se fait sur un bout de papier».

Pour y remédier, relève-t-il, «il y a nécessité de promouvoir l'accès aux systèmes de police pour les échanges d'informations, de renforcer par la formation, les capacités des agents de contrôle leur permettant d'être en mesure de détecter les documents falsifiés». «Tous ces défis sont communs aux pays du Sahel et du Maghreb et à sont à prendre en charge dans la sous-région», a ajouté M. Madeira.
Le directeur exécutif du Comité contre le terrorisme de l'ONU, Phelipe Morange, a considéré que «les visites effectuées par le Comité depuis 2005 ont permis d'identifier les besoins en assistance technique qui sont les mêmes pour tous les pays de la région».

Un état de fait qui a amené le Comité à envisager une série de projets d'assistance qu'il souhaite offrir à ces pays dont «ce projet d'outils de contrôle» qui va être soumis à cet atelier et qui constitue «une donnée clé».«Les fonctionnaires ne connaissent pas les outils de contrôle et l'objectif de cet atelier est de le faire connaître et le familiariser», a dit M. Morange estimant que «sans une action coordonnée au niveau régional, il est difficile de lutter contre le terrorisme».Cet atelier  qui entre dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du processus de Nouakchott a lieu en présence d'experts représentants 13 pays dont l'Algérie, le Burkina Faso, le Tchad, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire et le Cameroun.

Une réunion des représentants des pays du Sahel et du Maghreb se tiendra en Mauritanie le 17 mars prochain pour le renforcement et l'intégration des stratégies de lutte contre le terrorisme.