On disait et on dit encore aujourd'hui que l'usage des drogues est un phénomène étranger à notre société. En conséquence de quoi, la tendance a été de faire l'économie de son étude.
On en concluait alors qu'il ne pouvait pas devenir dangereux pour la société algérienne. C'est une menace qui vient de l'extérieur et qu'on combat en deçà des frontières. On protège nos frontières quand cela est possible car on ne peut pas le combattre au-delà de celles-ci, respect des souverainetés nationales oblige. Cependant, la coopération internationale est un fait réel grâce aux entraides dans le cadre d’Interpol, et donne plus de crédit aux commissions rogatoires. La prévention du « crime » et la poursuite judiciaire hors du territoire national peuvent aboutir à des accords d'extradition. L'approche de ce phénomène lié ou pas à la pratique de la violence est assez complexe, ce qui a nécessité d'approcher un expert en la matière, à savoir le professeur Ziri Abbès, Directeur Général du CHU de Tizi Ouzou et chef du service psychiatrie.
La drogue et la violence, la violence due à l'accoutumance à la drogue, exercent des pressions terribles sur les parents. Le professeur Ziri a étudié ce phénomène de la violence depuis 1990 avec le professeur Ridouh, à Blida, à l'hôpital Franz-Fanon où a été créé un centre de toxicomanie. La toxicomanie est un phénomène mondial, universel, le trafic de drogue étant un enjeu de profit financier où sont brassés des milliards de dollars. C'est un phénomène qui n'est pas nouveau, et qui se développe grâce au progrès de la mobilité du fait de la mondialisation. C'est une source de gain facile qui met en jeu des sommes faramineuses.
En Algérie, il y a une minorité d'Algériens consommateurs de hachich surtout. La drogue existait du temps des pharaons avec la découverte de ses vertus.
Au début du siècle, la drogue a été découverte pour ses vertus médicamenteuses. Durant la guerre c'est l'opium qui est devenu plus tard la morphine. Puis, avec la découverte de la dépendance, elle est utilisée pour un usage criminel qu'il faut combattre. Actuellement, les services de sécurité - police et gendarmerie -, ainsi que l'armée fournissent de grands efforts couronnés de succès dans la lutte contre le trafic de drogue et la contrebande.
L'Algérie est devenue surtout un territoire de transit vers l'Europe et elle-même faiblement consommatrice. Mais, la dépendance est fatalement source de violence, car les toxicomanes exercent celle-ci pour se procurer l'argent qui leur permettra de se fournir en drogue. Les parents constituent les premières victimes en raison de la terrible pression qui s'exerce sur eux.
La dépendance traduit la répétition dans le temps de la consommation. Les Anglais utilisent le terme d'addiction pour traduire la dépendance. Il existe des drogues dites licites qui sont utilisées à des fins médicales. Le crime consiste en la déviation de ces drogues , soit un usage détourné. Le kérosène par exemple, alcool, ecstasi... Divers s médicaments licites qui se trouvent dans les pharmacies mais dont l'usage est détourné à des fins illicites. Toxicomane ?
Comment devient-on toxicomane ? La situation familiale est un facteur important, majeur. Un couple de parents divorcés, une famille monoparentale, un écartement de la famille, la rue sont des facteurs influençants. Cela ne veut pas dire que tous les jeunes dans cette situation deviennent toxicomanes. Un jeune sans projet pour son avenir est prédisposé à connaître ou subir l'attirance de la drogue.
L'Algérie n'est pas dépourvue en moyens de dé-sintoxication. Il existe des centres qui prennent en charge les toxicomanes, Blida par exemple, Oued Aissi Issi... D'autres sont programmés.
La classe d'âge la plus atteinte est celle située entre 20 et 40 ans.
Said Abjaoui
«Nous produisons de la sécurité »
Les médias algériens, particulièrement sensibles aux faits qui entourent l’addiction aux drogues, psychotropes et à leurs conséquences sociales parfois tragiques, rapportent chaque jour les informations qui émanent d’institutions qui ont pour mission de veiller à la protection de la santé physique et mentale des Algériens, à leur sécurité nationale et à leurs acquis économiques et sociaux, culturels.
La mise en danger de notre jeunesse par les narcotrafiquants a fait que l’Algérie de pays de transitet des psychotropes, de la cocaïne est devenu un pays consommateur.
Dans ce contexte aggravé par les menaces d’atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté nationale, l’Algérie a décidé de renforcer les moyens de sécurisation des frontières, sur près de 10 000 km et la coordination des moyens entre ANP, Gendarmerie nationale, DGSN, Douanes nationales.
Asséchement
L’objectif étant de réduire jusqu’à l’asséchement les voies du commerce illicite des drogues, psychotropes qui « entrent » par contrebande de pays limitrophes producteurs ou non de ces substances dangereuses pour la santé.
Depuis 2013, l’intervention de l’ANP dans la sécurisation des frontières l’a amenée à agir de concert avec les douanes nationales et les autres forces de sécurité et a permis de remporter des succès certains dans la lutte pour la protection de la jeunesse, de la société et de l’économie nationale.
Résultats du premier semestre 2015 : 67 tonnes de stupéfiants saisies par le MDN
Concernant la lutte contre le trafic de drogue, le MDN a relevé la saisie de plus de 67 tonnes de stupéfiants, à travers le pays, durant la période de référence par les forces de l'ordre.
Un total de 760 individus ont été arrêtés ou abattus dans le cadre des opérations de lutte contre le trafic de drogue, 238 véhicules saisis, et 11 armes récupérées, a ajouté la même source.
Les plus grosses prises ont été opérées au niveau de la 2e Région militaire (Tlemcen) et ont porté sur la saisie de plus de 44.117 kg de drogues et 95 véhicules, alors que 235 individus ont été «arrêtés ou neutralisés».
Quelque 9.374,1 kg ont été saisis au niveau de la 3e Région militaire et 9.222,1 kg dans la 4e Région militaire.
D'importantes quantités de psychotropes ont été également saisies à l'échelle nationale, a précisé le MDN.
Le durcissement de la lutte antidrogue a permis en 2014 la saisie de plus de 170 tonnes de résine de cannabis, dont près de 90% provenaient du royaume chérifien, selon les estimations de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT).
Prévention et sensibilisation
A l’occasion de la célébration à la place du 1er-Mai (Alger) de la Journée mondiale de lutte contre la drogue (26 juin), le chef de sûreté de la wilaya d’Alger a indiqué que les activités de sensibilisation et de prévention sont au centre de la stratégie de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) dans la lutte contre le commerce illicite et la consommation de la drogue.
Durant les cinq derniers mois, les 13 cellules d’écoute et d’orientation de la Sûreté de wilaya d’Alger ont reçu 105 toxicomanes, dont 44 ont été transférés vers les centres de désintoxication, en plus de 115 personnes prises en charge sur le plan psychologique, selon un bilan rendu public à cette occasion.
Ces campagnes de prévention ont lieu sur tout le territoire national. Une caravane de sensibilisation contre les dangers des drogues et psychotropes a sillonné l’Algérie durant les vacances d’été. Elle a également attiré l’attention sur les accidents de la route.
Répression
Pour autant, la sûreté nationale ne néglige pas le volet répressif, en menant une guerre sans merci contre les dealers, leurs fournisseurs et leurs réseaux où qu’ils sévissent sur le territoire national.
La Sûreté de wilaya d’Alger a en effet saisi 957 kg de cannabis durant les cinq derniers mois, contre 184 kg durant la même période en 2014 et 250 kg en 2013, selon les statistiques communiquées.
Les consommateurs
Le kif est disponible un peu partout, à des prix qui ne découragent pas toujours les consommateurs. Ceux-ci, qui se retrouvent dans toutes les catégories de la société, ont désormais les moyens de se fournir.
Phénomène nouveau : «Les filles ont les moyens et elles ne reculent pas devant le prix !», se plaint un consommateur de longue date, qui a vécu les changements intervenus dans le marché du kif depuis le début des années 1990.
«Il y a toujours le risque de tomber sur des produits de qualité douteuse. Du kif coupé avec des médicaments ou d’autres produits pour augmenter la quantité», avertit-il, ce qui augmente les risques pour la santé des consommateurs.
«Ce n’est plus un tabou. On entend parler de saisies mais cela n’empêche pas le marché d’être très florissant», confirme un consommateur qui a l’habitude de s’approvisionner dans divers quartiers d’Oran. El-Hamri, Victor-Hugo, Gambetta mais aussi l’Usto, Sidi El-Bachir ou encore Akid-Lotfi où, selon la qualité du produit, la zetla est cédée à partir de 500 DA.
«Le bout de kif (qui valait 50 DA dans les années 2000, ndlr) est aujourd’hui revendu à 500 DA.
Un bâton vaut 1 500 DA
Les 100 grammes entre 3 000 et 5 000 DA», propose un dealer de Gambetta.
Psychotropes : Haloua et Superman
Des psychotropes de toutes sortes (anxiolytiques, neuroleptiques, etc.) sont disponibles sur le marché pour 500 DA le cachet.
Là aussi, les chiffres sont hallucinants : en 2014, plus d’un million de psychotropes ont été saisis par les services de sécurité.
Drogue dure
La cocaïne notamment, qui s’installe dangereusement dans le pays. Rarissime il y a seulement quelques années, « Bayda » semble s’être créé son petit marché parmi les plus nantis des consommateurs.
Le bilan établi par la Gendarmerie nationale qui fait état de la saisie de plus de 80 kilogrammes de cocaïne durant le 1er semestre de l’année en cours, donne la mesure du terrain conquis par la poudre blanche dans un pays de transit qui se transforme doucement en contrée de consommation.
Les écoliers, une cible facile
«Il faut faire attention à ne pas accepter des bonbons à l’école, les enfants ! Vous pourriez tomber malades !» L’alerte a été lancée, il y a quelques mois, par un instituteur à des élèves de… 1re année primaire, dans une école de haï Dhaya, pour les avertir contre des friandises contenant des produits stupéfiants qui ont fait leur apparition dans les établissements scolaires depuis quelques années. Le phénomène de la drogue s’est, en effet, tellement développé que la crainte est arrivée à l’orée des écoles primaires.
«Elles se vendent sous forme de sucettes ou de gâteaux», précise un lycéen, assurant que le kif est vendu partout et de manière très naturelle.
Les consommateurs se retrouvent dans toutes les catégories de la société, ont désormais les moyens de se fournir même si certains déplorent le détachement de la gent féminine qui ne rechigne jamais devant le tarif.
«Les filles ont les moyens et elles ne reculent pas devant le prix !», se plaint un consommateur de longue date, qui a vécu les changements intervenus dans le marché du kif depuis le début des années 1990.
«Il y a toujours le risque de tomber sur des produits de qualité douteuse. Du kif coupé avec des médicaments ou d’autres produits pour augmenter la quantité», avertit-il, ce qui augmente les risques pour la santé des consommateurs.
Un article de la presse oranaise rapporte :
« Ainsi, le marché du kif a, lui aussi, été touché par l’embellie financière et se porte bien, en dépit de la guerre livrée par les services de sécurité et, depuis près de deux années, par l’Armée nationale qui a fait de la lutte contre la drogue une priorité.
«C’est une guerre que nous menons contre une nouvelle forme de terrorisme», avait indiqué l’ancien ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia en 2013, en annonçant l’implication de l’ANP dans la lutte contre ce fléau venu de l’Ouest.
Pour autant, d’importantes quantités passent à travers les mailles du filet puisque le kif est disponible un peu partout, à des prix qui ne découragent pas toujours les consommateurs.
Les médicaments, justement, constituent aussi un marché en plein boom.
Là aussi, malgré la surveillance plus ou moins sourcilleuse que les autorités exercent sur les officines, des psychotropes de toutes sortes (anxiolytiques, neuroleptiques, etc.) sont disponibles sur le marché pour 500 DA le cachet. En 2014, plus d’un million de psychotropes ont été saisis par les services de sécurité.
Mais en dépit de cet effort, les psychotropes restent disponibles et relativement abordables pour les petites bourses. Les plus nantis s’approvisionnement désormais en produits de synthèse comme haloua, pâle copie de l’ecstasy, qui est proposée à 1 000 DA, et même Superman, cachet de forme triangulaire de toutes les couleurs, dont le prix va de 3 000 à 5 000 DA, parfois même 10 000 DA, selon la qualité.
Attention : danger
Ces cachets ont, pour information, déjà tué des consommateurs en Europe, et des pays comme l’Angleterre, la Belgique et l’Espagne ont tiré la sonnette d’alarme sur l’extrême toxicité de cette drogue très en vogue. Reste la question de la drogue dure, la cocaïne notamment, qui s’installe dangereusement dans le pays. Rarissime il y a seulement quelques années, Bayda semble s’être créé son petit marché parmi les plus nantis des consommateurs.
Le bilan établi par la Gendarmerie nationale qui fait état de la saisie de plus de 80 kilogrammes de cocaïne durant le 1er semestre de l’année en cours, donne la mesure du terrain conquis par la poudre blanche dans un pays de transit qui se transforme doucement en contrée de consommation.
Il ressort de ces informations que le trafic et la consommation de drogue sont une menace organisée contre la force vive de la nation, la jeunesse, que les réseaux de narcotrafiquants sont organisés comme des armées avec des moyens de plus en plus sophistiqués, de transport et de mobilité. Les actions combinées des forces de sécurité aux frontières ont mis en évidence les hémorragies de biens qui enrichissent les contrebandiers, la corruption et les narcotrafiquants. En ce sens l’ANP, le Darak, la DGSN, les douanes nationales sont en première ligne pour protéger la société et l’économie nationales et réprimer dans le cadre de la loi les délinquants.
A la veille de la rentrée scolaire, il était important d’attirer l’attention sur les méfaits des toxicomanies. Pourvu que tous les secteurs concernés par la prévention de ce fléau soient au niveau des exigences de l’heure.
O. Larbi