Guinée : l'opposition menace d'un boycott de l'élection présidentielle

Publié par DK News le 16-09-2015, 22h50 | 19

L'opposition guinéenne, accusant le pouvoir de  ne pas respecter un accord signé en août, a agité la menace d'un boycott de  l'élection présidentielle du 11 octobre.

 «Nous n'avons pas à donner de conseils stratégiques à l'opposition mais  je suis convaincu que personne ne comprendrait que l'opposition boycotte l'élection  à ce stade du processus et malgré l'implication de la communauté internationale»,  a affirmé le porte-parole du gouvernement, dans une déclaration rendue publique  mardi en réaction à ces menaces.

Le porte-parole, Albert Damantang Camara, a jugé «très clair et très  encourageant» le bilan dressé par une mission conjointe de l'ONU, de l'Union  africaine, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao)  et de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui s'est achevée  lundi soir.

Dans un communiqué, ces quatre organisations ont «noté les avancées  significatives dans la mise en oeuvre de l'Accord du 20 août» mentionnant «la  recomposition des délégations spéciales» - exécutifs communaux désignés par  le pouvoir, faute de scrutin à cet échelon depuis 2005 - ainsi que «des progrès  dans la révision du fichier électoral».

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique  de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a assuré devant la presse que «le problème  de la Ceni est réglé», en référence à la représentation de l'opposition au sein  de la Commission électorale nationale indépendante(Céni), tout comme celui des  «délégations spéciales».

Mais le chef de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, a estimé que le  président «Alpha Condé fixe toutes les décisions avec Bakary Fofana (président  de la Ceni, NDLR) de manière unilatérale, sans concertation et en violation  flagrante des dispositions de la loi».  «Nous sommes tellement préoccupés qu'on s'interroge sur l'opportunité  même de continuer à participer à ce processus», a-t-il dit.

Le porte-parole de l'opposition Aboubacar Sylla a pour sa part accusé  lundi la Ceni de ne pas donner accès aux informations techniques nécessaires  à la révision des listes électorales contestées par les adversaires d'Alpha Condé, qui dénoncent l'inscription de mineurs dans les régions favorables au  pouvoir.

«L'opposition ne va pas entériner une situation qui va l'amener à des  élections dont les résultats sont programmés d'avance et qui vont permettre  à M. Alpha Condé de se succéder à lui-même en dehors du suffrage exprimé par  les Guinéens», a prévenu M. Sylla, soulignant que l'opposition pourrait s'exprimer  par des manifestations.

Afin de garantir la régularité du scrutin, une mission d'observation  de l'Union européenne (MOE UE) a entamé mardi le déploiement de 20 observateurs  dans l'ensemble du pays, dont les effectifs devraient atteindre à terme le nombre  de 70, répartis en équipes de deux personnes.