Mahmoud Darwich , «Une mémoire pour l’oubli»

Publié par Arslan-B le 26-09-2015, 17h43 | 259

N’est-ce pas que toute l’œuvre poétique de Darwich ressemble au chapelet sacré d’un saint, ce dernier l’égrenant  patiemment en psalmodiant, à peine du bout des lèvres, des versets de Saintes Ecritures, dans une atmosphère qu’embaume l’encens du pèlerin hôte du soir, qui brûle dans le silence du sanctuaire? Le spectacle, en lui-même déjà, est un doux hymne à l’amour de la mère-patrie…

« Pour notre patrie, Proche de la parole divine, Un toit de nuages, Pour notre patrie, Distante des attributs du nom, Une carte de l’absence.

.. Pierre précieuse dans sa nuit sanglante, notre patrie resplendit au loin, au loin, elle illumine alentour…mais nous, en elle, nous étouffons chaque jour davantage ! «. Mahmoud Darwich est né le 13 mars 1941 à Al-Birwah, en Galilée et décédé le 09 août 2008 à Houston au Texas, aux Etats-Unis d’Amérique.

Son œuvre est immense et immensément saturée de meurtrissures et autres plaies restées béantes jusqu’à sa mort, celles qui enveloppent sa mère-patrie, la Palestine. « …Mais nous souffrons d’un mal incurable qui s’appelle l’espoir. Espoir de libération et d’indépendance…espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang».

S’agrippant, tenace contre toute forme de fatalisme ravageur et inhibiteur à l’espoir, le défunt poète dira encore : « Aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps, près des jardins aux ombres brisées, nous faisons ce que font les prisonniers, ce que font les chômeurs : Nous cultivons l’espoir».

Mais le mal dont n’a cessé de souffrir Darwich demeurera le douloureux exil forcé, celui de sa famille et d’autres milliers de ses concitoyens, en fait celui de la Palestine …Chez elle : « …Celui qui m’a changé en exilé m’a changé en bombe…Palestine est devenue mille corps mouvants, sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort…».

Une mémoire pour l’oubli est un passage de l’œuvre en prose de Mahmoud Darwich, « restituant un jour de la vie d’un homme, le poète lui-même, durant le siège de Beyrouth, par les troupes israéliennes, en 1982 «.

Il y a tellement de facettes de ce poète mythique à dépeindre, lui qui a tellement écrit pour hurler son inextinguible brûlure, son éternelle douleur, lui, chair et terre de Palestine…Tellement écrit qu’il finira par dire de cette écriture : « L’écriture, un chiot qui mord le néant, l’écriture blesse sans trace de sang…». Repose en paix, Mahmoud, un jour proche, tu souriras…Du sourire des anges.