Le conflit en Syrie conduit vers un monde multipolaire (analystes)

Publié par DK News le 01-10-2015, 17h19 | 22

La crise syrienne a donné lieu à un monde "multipolaire", ont souligné jeudi à Alger des analystes politiques et académiciens algériens interrogés par l'APS, s'appuyant sur les positions des grandes puissances au sujet de la Syrie exprimées lors de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Le spécialiste des médias et analyste politique, Mohamed Laagab, a indiqué qu'on assiste à l'"émergence d'un monde multipolaire dont la Syrie constitue une partie prenante dans le jeu des puissances dans la région".

La crise syrienne a contraint les pays occidentaux à revoir leur copies, car la question relève d'une "guerre hégémonique" qui s'inscrit dans la durée et dont les enjeux, soutient-il, "pourraient impliquer le monde entier".

De l'avis de M. Laagab, le revirement dans les positions de certains pays européens au sujet de la Syrie est notamment du au rôle des puissances dans la région du Moyen-orient, à cela s'ajoute l'échec de la coalition internationale dans son combat contre le terrorisme et surtout la résistance du régime syrien à laquelle ne s'attendait pas l'Occident.

Pour Abdesalam Benzaoui, spécialiste dans les relations internationales, il s'agit d'un "remodelage de la structure fondamentale des relations internationales".

A l'instar de son confrère, M. Benzaoui aussi, parle de l'émergence d'"un "monde multipolaire qui s'assoit sur des rapports de forces diplomatiques, économiques et surtout militaires".

Ceci dit, a-t-il analysé, "les interactions ne favorisent aucune partie et il n'est dans l'intérêt de qui que ce soit de manquer de défendre ses intérêts et ses alliés comme le montre la crise syrienne".

A signaler que l'aviation russe poursuivait jeudi ses frappes aériennes contre des positions terroristes en Syrie, sur demande officielle du président Bachar Al-Assad, tandis que le conflit syrien et ses conséquences continuaient de dominer les travaux de l'Assemblée générale de l'ONU.

Aussi, les discours entretenus par les dirigeants des grandes puissances retracent bien la nature du mode politique vers lequel se dirige le monde.

"Un rapprochement entre Moscou et Washington s'impose, mais exclure Assad ce n'est pas une mince affaire", a-t-il martelé.

Dans ce sillage, Amara Nadji, universitaire et chercheur, a estimé que la clé de la solution à la crise syrienne se trouve entre les mains de trois groupes essentiels, à savoir, (les Etats-Unis, la Russie et l'Union européenne).

"L'UE est en mesure, par le recours aux manoeuvres politiques, de faire pression sur les alliés de la Russie et des Etats-unis pour qu'ils fassent des concessions permettant d'aboutir à une solutions consensuelle au conflit syrien", a soutenu M. Nadji.

Il s'est, dans ce contexte, appuyé sur la visite récente du président français François Holande en Chine qui a contribué au rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Europe.

"Il n'est plus possible de parler d'un monde unipolaire dominé par les Etats-unis", il y a, selon M. Nadji, d'autres groupes qui façonnent l'équilibre des puissances dont la Chine, l'Iran et l'Union européenne, mais aussi l'Allemagne en plus des puissances classiques telles que la Russie et les Etats-Unis.

Le conflit syrien a ébranlé l'ordre politique mondial, c'est une réalité d'après tous ces analystes, mais l'explication du consensus autour de la nécessité de régler le conflit en Syrie se trouve dans l'unanimité sur la recherche d'une solution à la crise des réfugiés qui continuent d'affluer vers l'Europe.