L’Algérie réitère son «engagement» pour la mise en place de stratégies de lutte contre les changements climatiques

Publié par DK News le 04-10-2015, 23h59 | 150

L’engagement du gouvernement algérien avec l’ensemble des Etats et Organisations internationales dans le cadre de la mise en place de stratégies de lutte contre les changements climatiques a été réaffirmé, hier à Alger à l’occasion de la tenue d’une Conférence internationale sur les changements climatiques.

«Cette conférence (d'Alger) confirme l’engagement politique du gouvernement algérien de se solidariser avec l’ensemble des Etats et des Organisations internationales autour d’actions visant à mettre en œuvre des stratégies appropriées de lutte contre les changements climatiques dans le cadre de la Convention cadre des Nations-unies», a indiqué le directeur général de l’Agence spatiale algérienne (ASAL), Azzedine Oussedik.

S’exprimant à l’ouverture de cette conférence, M. Oussedik a ajouté que l’Algérie soutient des actions visant à réduire les effets négatifs sur l'environnement, les ressources naturelles, la santé et le territoire.

La conférence internationale d’Alger qui se déroule sous le thème «Les changements climatiques: une réalité à prendre en compte dans les trajectoires de développement: modélisation, outil spatial et adaptation», intervient à quelques semaines de l’organisation de la conférence des Parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP-21), prévue à Paris le mois de décembre 2015. En ce sens, M. Oussedik a précisé que l’Algérie a procédé, à l’issue de la conférence des parties de la conventions des Nations unies tenue en 2014, à la révision de son cadre institutionnel et réglementaire en matière d’efficacité énergétique et de la promotion des énergies nouvelles et renouvelables.

Il a également relevé l’institution d’un Comité national climat (CNC), placé sous l’autorité du ministère chargé de l’Environnement et composé de représentants des départements ministériels concernés et du Conseil national économique et social (CNES).

«Ce comité vise à renforcer le dispositif institutionnel et à assurer la coordination, le suivi et l’évaluation des politiques et des programmes nationaux relatifs aux changements climatiques et à proposer les mesures destinées à assurer la mise en œuvre des engagements souscrits par l’Algérie dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC)», a-t-il indiqué.

Pour ce qui est des objectifs de la conférence d’Alger, il a précisé qu’il s’agit de faire le point sur la question des changements climatiques et leurs impacts potentiels sur divers secteurs d'activité et milieux naturels en Afrique du Nord et dans la région sahélo-saharienne, l'indentification des voies et moyens pour approfondir la connaissance scientifique de la région ainsi que le partage des expériences et des bonnes pratiques en matière de stratégies d'adaptation sectorielles, nationales et régionales pour l'identification des axes potentiels de coopération régionale dans le domaine.

Dans le même sillage, M. Oussedik a réitéré la «disponibilité» de l’ASAL à mettre à la disposition des pays africains les données satellitaires issues des systèmes spatiaux algériens et à monter des projets conjoints de coopération autour de ces problématiques. Par ailleurs, un hommage à titre posthume a été rendu par les participants à cette conférence à trois chercheurs et météorologues algériens décédés en 2014. Il s’agit des défunts Mostefa Kara Kamel, Mohamed Senouci et Djamel Boucherf.


Elaboration d'une carte de vulnérabilité au changement climatique

Une carte nationale de vulnérabilité au changement climatique est en cours d'élaboration par le ministère des Ressources en eau et de l’environnement afin de permettre une veille climatique en Algérie, a appris hier l'APS d'un responsable de ce ministère, Samir Grimes.

Cette carte devrait permettre à l’Algérie d’améliorer sa résilience aux effets des changements climatiques du fait qu'elle constitue un outil de planification pour les décideurs en tenant compte des vulnérabilités des différentes régions du pays au dérèglement climatique, explique le directeur de la conservation de la biodiversité du littoral et changement climatique auprès de ce département ministériel.

Il s'agit d'un «outil technique indispensable» pour la veille climatique, souligne le même responsable en marge de la conférence internationale sur les changements climatiques et le rôle des technologies spatiales, organisée dimanche à Alger par l'Agence spatiale algérienne (ASAL) en partenariat avec le Bureau des affaires spatiales des Nations unies (BAS). Elaborée en collaboration avec des chercheurs et des universitaires, cette carte va classer les différentes zones du pays par rapport à leur niveau de vulnérabilité au changement climatique en intégrant tous les facteurs de risques liés au climat sur le territoire national.

Il s’agit principalement de l’érosion côtière, la désertification et des inondations.

«A partir de cette classification, nous allons avoir une carte pour la région nord du pays, une deuxième pour les régions steppiques, et une autre carte pour les zones humides», précise-t-il. A titre d’exemple, au niveau des zones côtières, cette carte devrait identifier les segments les plus touchés et exposés aux érosions dues à l’élévation du niveau de la mer.

Quant à la date de mise en place de ce dispositif, M. Grimes espère avoir les premières données sur les risques climatiques des zones les plus sensibles dans les deux prochaines années, et ce, compte tenu de la complexité du processus d’élaboration qui peut durer jusqu’à dix ans.

«C’est un processus complexe de par la dimension des facteurs qui seront intégrés et par la diversité des acteurs institutionnels qui seront impliqués dans sa mise en œuvre», avance-t-il. Ces acteurs institutionnels sont les ministères respectivement des Ressources en eau et de l’environnement, de l’Enseignement supérieur, de l’Agriculture, de l’Energie, de l’Industrie et de l’Intérieur ainsi que l’Agence nationale des changements climatiques (ANCC). Parallèlement à l’élaboration de cette carte, l’ANCC, qui a récemment été créée pour la mise en œuvre de la politique nationale du changement climatique, prévoit la création d’une banque de données sur le changement climatique en Algérie en collaboration avec les universités, explique le directeur général de cette agence, Omar Khaber. L’objectif est d’anticiper les dérèglements climatiques pour la prise en charge de ces problématiques dans les politiques sectorielles. L'Algérie est considérée parmi les pays vulnérables aux effets des changements climatiques.

En conséquence, plus de 13 millions d'hectares (ha) sont touchés par l'érosion avec près de 400.000 ha perdus annuellement à cause de ce phénomène.

En outre, l'Algérie subit une sécheresse récurrente avec une baisse de précipitations d'environ 10% durant les 20 dernières années, entraînant ainsi un dérèglement du calendrier agricole et une baisse des rendements des céréales allant jusqu'à 50%.


Selon des experts : Les données satellites sous-utilisées dans la prise de décision contre les changements climatiques

Les données satellites sont sous-utilisées dans la prise de décision visant à lutter contre le dérèglement du climat, ont estimé hier à Alger des experts participant à la conférence internationale sur les changements climatiques. «Il y a des progrès techniques qui arrivent de façon permanente. La nouvelle génération de satellites est plus performante que l’ancienne et dans le futur ça sera encore plus performant. Mais, il faut savoir qu’on a déjà beaucoup de données qui ne sont pas assez utilisées, or elles sont accessibles», regrette Alain Retière, expert auprès de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification. Face aux enjeux environnementaux majeurs auxquels est confrontée la planète, les décideurs politiques sont «plus que jamais» sommés d’utiliser ces données afin de trouver des solutions «urgentes» pour lutter contre ces dérèglements du climat.

Les décideurs doivent s’approprier ces données satellites pour faire face aux effets des changements climatiques vu les conséquences très graves qu’aura à subir la prochaine génération», a averti cet expert onusien qui suggère une «nouvelle culture politique» prenant au sérieux ces enjeux. D'autres experts ont souligné également la nécessité de compléter ces données par des informations et des expériences locales étant donné la rapidité des changements.

Le nombre de données (satellites) est de plus en plus grand. Mais le challenge aujourd’hui c’est l’intégration de ces données par les décideurs», note, Mathieu Pierre-Philippe, expert océanographe de l’Agence spatiale européenne qui est intervenu via visioconférence.

Pour le directeur général de l’Agence spatiale algérienne (ASAL), Azzedine Oussedik, les Nations unies ont recensé une cinquantaine de paramètres (indicateurs) liés aux changements climatiques, 26 d’entre eux sont récoltés par les satellites. Cela met en évidence l’urgence de mobiliser aux maximum cet outil spatiale» pour faire face aux retombées des changements climatiques de par le monde, a indiqué ce responsable, soulignant la nécessité de mobiliser les satellites des différents pays au niveau régional afin de vérifier si les mesures prises en matière de lutte donnent des résultats.

Il faut que chaque pays maîtrise les données satellites sur son territoire tout en adhérant à une dynamique internationale. Il y a également des sous-régions qui doivent se solidariser autour de facteurs communs», préconise M. Oussedik. Il a rappelé, dans ce sens, que l’ASAL mobilise pour l’Algérie et pour la sous-région un satellite pour l’observation de la Terre à haute résolution (Alsat 2) et maîtrise des outils de traitement.

Cette agence a réalisé notamment la carte nationale de sensibilité à la désertification, observe et prévient contre les incendies de forêts.

La conférence internationale d’Alger qui se déroule sous le thème «Les changements climatiques: une réalité à prendre en compte dans les trajectoires de développement: modélisation, outil spatial et adaptation», intervient à quelques semaines de l’organisation de la conférence des Parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP-21), prévue à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Les travaux de cette conférence à laquelle prennent part des experts de la région Afrique du Nord et Sahélo-saharienne, des agences spatiales, des représentants d'Organisations régionales, se poursuivront jusqu’à demain en plénière et en ateliers.