Accès à internet: Facebook, mécène ou marchand ?

Publié par Samy YACINE le 09-03-2014, 15h16 | 44

On savait le jeune patron de Facebook profondément engagé dans une stratégie de ‘’démocratisation’’ de l’accès à internet, au profit notamment des populations des régions enclavées de la planète. Mais, de là à se payer des drones ! Depuis quelques temps, un combat à distance est engagé entre Facebook et Google pour augmenter l’assiette de rayonnement du réseau internet sur la planète, et notamment réduire la poche des zones non couvertes, en Asie et en Afrique.

Discrètement, le moteur de recherche a déjà entamé la phase expérimentale de son projet Loon, qui lui a permis de mettre sur orbite stationnaire des ballons gonflables dotés de matériel pour assurer un accès à une connexion pouvant aller jusqu’à un débit de 3G. Les premiers ballons de test ont été lâchés en Australie et en Californie. 

De son côté, Mark Zuckerberg, le jeune patron de Facebook se montre très dynamique sur ce créneau qu’il a déjà investi en s’impliquant activement dans  un projet dénommé   internet.org  auquel adhère d’autres grandes entreprises des secteurs des nouvelles technologies telles  « le coréen Samsung, l'équipementier suédois Ericsson, le fabricant taïwanais de semi-conducteurs MediaTek, ou encore l'Américain Qualcomm », selon le site www.challenges.fr qui précise que son   « objectif ultime est de connecter les 3 milliards d’êtres humains encore dépourvus d’accès au web »

La presse spécialisée aura ainsi noté l’apparition médiatique de Zuckerberg au dernier rendez vous mondial des technologies mobiles, tenu durant la dernière semaine de février à Barcelone, venu en grande partie pour rallier du monde à cette cause. L’idée défendue par le jeune patron est de doter les populations de ces zones de capacités d’accès pour des services de première nécessité ; "de la même manière que nous avons aux Etats-Unis le numéro 911 permettant de passer gratuitement des appels d’urgence ; nous voulons créer un système similaire sur internet, avec des applications gratuites", dit-il, dans des propos rapportés par le même site.

En parlant d’applications, les analystes n’ont pas omis de souligner l’arrière pensé de Zuckerberg, dont la société vient d’acquérir, pour la coquête somme de 19 milliards de dollars, une jeune pousse,  WhatsApp, dédiée à la messagerie instantanée.

Il a saisi l’occasion de la présence des grands opérateurs et patrons des nouvelles technologies et de l’internet à Barcelone pour  évoquer les ‘’succès’’ déjà obtenus  « lors des premières expériences réalisées aux Philippines, avec l’opérateur Globe, et au Paraguay, avec Tigo », souligne challenges.fr qui ajoute que, selon Zuckerberg, ces opérateurs auraient ainsi pu doubler le nombre d’abonnés  à leurs réseaux. Il semble néanmoins que, au regard de l’ampleur des investissements nécessaires, peu d’opérateurs en réseaux de télécommunication se sont montrés véritablement enthousiastes.

Zuckerberg se déclare de son côté « très optimiste », et ne baisse pas les bras ; la presse présente à Barcelone aura ainsi relevé l’approche faite sur place avec le patron du groupe français Orange fortement implanté, notamment en Afrique et dont la collaboration pourrait aider grandement la concrétisation du rêve du patron de Facebook. 

Au moment où il fait son numéro au World Mobile Conférence de Barcelone, des informations filtrent dans la presse spécialisée au sujet de contacts avancés pour une acquisition par Facebook de drones pour assurer la concrétisation de ce projet. C’est le site TechCrunch qui fait état de l’information, selon laquelle « Facebook est en cours de négociation dans le but d'acquérir une société de drone appelée "Titan Aerospace" pour une valeur de  60 millions de dollars», relayée par le site d’information www.atlantico.fr qui précise que  cette « start-up basée à New Mexico développe un avion solaire autonome qui peut rester dans les airs jusqu'à cinq ans à des hauteurs près-orbitales, ce qui serait idéal pour diffuser l'accès Internet dans les zones les plus reculées. »

D’après les indications rapportées par ce site, les modèles de drones seraient en phase de développement par la société qui, écrit-il « espère lancer son modèle Solara 50, qui a la même envergure qu'un Boeing 787, dans le courant de l'année 2014. » Un autre prototype, le Solara 60 devra être sorti d’usine fin 2015, avec une capacité de « voler jusqu'à 21 000 mètres de hauteur, bien au-dessus du trafic de jet commercial. » Une source proche de ce dosser, citée par le site d’information, croit savoir que la transaction serait de l’ordre de 60 millions de dollars.

Tout ceci constitue une aubaine pour Zuckerberg qui cherche ainsi à asseoir sa toile de réseau social sur l’Humanité entière, avec bien entendu des retombées escomptées, sur le plan des profits. En effet, il est bien conscient de la problématique du pouvoir d’achat de ces populations. Le patron de Microsoft, Bill Gates lancé lui aussi dans un autre créneau du caritatif, ne s’est pas privé de le lui rappeler lorsqu’il avertissait, cité par le site du quotidien français www.lefigaro.fr :’’Aucune page web ne pourra soulager un enfant qui souffre de diarrhée. » 

Certes, mais pour le patron de Facebook l’ambition n’est pas de soulager ces populations, mais seulement, disait il à Barcelone, "prouver aux personnes qui n’ont pas beaucoup d’argent, dans les pays émergents, qu’il est rationnel pour elles d’en dépenser une partie dans la téléphonie mobile", selon le site challenges.fr.