Festival international du théâtre (FITB) : Une représentation (suissesse) en hommage à Nazim Hikmet

Publié par Arslan-B le 02-11-2015, 20h00 | 24

«D’exil en exil » est un spectacle de théâtre musical tissé sur la biographie du poète turc Nazim Hikmet. Signé «Suisse» (Confédération helvétique), pays participant au Fitb, cette représentation (qui a été donneé le 30/10/2015 à 19h au TRB) dont la musique est de Ayser Vançin qui aura vu Mathieu Chardet dire et chanter le texte, est, dit-on, «la mise en forme, la concrétisation théâtrale de textes de Nazim Hikmet, grand poète turc.

Textes accompagnés par des compositions originales de la musicienne Ayser Vançin. La trame de ce spectacle suit la biographie, donc le sillon de la vie du poète dont les années d’exil n’ont jamais entamé la foi en l’homme et dont le combat n’a jamais fléchi». Nazim Hikmet est né le 21 novembre 1901 en Salonique (actuellement Thessalonique, en Grèce) et est décédé le 03 juin 1963 à Moscou (ex-Urss). Poète turc puis citoyen polonais, Nazim Hikmet qui a purgé 15 années de prison politique pour avoir été membre du parti communiste turc est resté longtemps exilé mais l’instabilité générée par un nomadi

sme forcé ne l’a pas pour autant handicapé dans sa propension à beaucoup produire en sa qualité de poète et de romancier. Ses travaux ont été traduits dans plus de cinquante langues et demeure l’une des plus importantes figures de la littérature turque du XXe siècle. Celui qui a qualifié la poésie de «Le plus sanglant des arts» a, la plupart du temps, axé ses écrits sur la critique sociale. Il fut également le pionnier dans l’écriture poétique en vers libres… « Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées, Le citoyen arménien n’a jamais pardonné Que l’on ait égorgé son père Sur la montagne kurde Mais il t’aime. Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné A ceux qui ont marqué de cette tache noire Le front du peuple turc ». Le poème (ou texte poétique) fétiche de Nazim Hikmet demeurera pourtant et incontestablement celui qu’il a intitulé « La plus drôle des créatures ». (1947). Un texte resté célèbre et ce d’autant qu’il a été mis en musique par Yves Montant, non moins célèbre chanteur-acteur (de cinéma), traduit en Français dans une chanson intitulée « Mon frère » puis reprise par Bernard Lavilliers sous le titre « Scorpion » dans son album « Baron Samedi » . Le texte en question vaut la peine d’être , à notre sens, d’être « rappelé », ici, intégralement, une cascade de vers saturés de philosophique mélancolie, faisant aussitôt penser à la «Condition humaine » d’ André Malraux ou encore à « Servitude humaine» de Somerset Maugham…

 

«La plus drôle des créatures

Comme le scorpion, mon frère, Tu es comme le scorpion

Dans une nuit d’épouvante

Comme le moineau, mon frère, Tu es comme le moineau

Dans ses menues inquiétudes, Comme la moule, mon frère, Tu es comme la moule

Enfermée et tranquille, Tu es terrible, mon frère, Comme la bouche d’un volcan éteint.

Et tu n’es pas un, hélas, Tu n’es pas cinq, Tu es millions.

Tu es comme le mouton, mon frère, Quand le bourreau habillé de ta peau

Quand le bourreau lève son bâton

Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau

Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier

Tu es la plus drôle des créatures, en somme, Plus drôle que le poisson

Qui vit dans la mer sans savoir la mer.

Et s’il y avait tant de misère sur terre

C’est grâce à toi, mon frère, Si nous sommes affamés, épuisés

Si nous sommes écorchés jusqu’au sang, Pressés comme la grappe pour donner notre vin, Irai-je jusqu’à dire que c’est ta faute, non.

Mais tu y es pour beaucoup, mon frère »

Nazim Hikmet.

Arslan-B