Conflit entre le gouvernement et Renault-Nissan : Emmanuel Macron force-t-il la dose ?

Publié par Cherbal E-M le 08-11-2015, 12h08 | 32

Cela dure depuis quelques mois, mais le conflit qui oppose l’alliance Renault – Nissan au gouvernement français connait une nouvelle escalade ces derniers jours avec les prises de position respectives des japonais de Nissan et du ministre de l’économie Emmanuel Macron, couplées à l’entêtement du PDG de Renault, Carlos Ghosn, résolu à maintenir les projets de l’alliance et à rejeter les velléités de Macron de garder le groupe dans le giron français.

L’histoire des deux constructeurs démarre en 1999 lorsque Renault vient au secours de Nissan en pleine bérézina, et en prend le contrôle, comme principal actionnaire à hauteur de 43,4% du capital ; le japonais Nissan obtient de son côté 15% du capital de Renault en 2002 sans droit de vote. Ainsi constituée l’alliance donne un pouvoir sur l’actionnariat de Renault à l’Etat français détenteur de 15,1¨% avant que Macron ne décide tout récemment d’en porter le taux à 19%

Aujourd'hui, c'est Renault qui est l'acteur dominant, après avoir pris le contrôle du constructeur japonais, alors en pleine déconfiture, en 1999. Le constructeur français est le principal actionnaire de Nissan, avec 43,4 % du capital. Depuis 2002, ce dernier possède également 15 % du capital de Renault. Mais ces actions sont dépourvues de droit de vote, car Renault est considéré comme actionnaire de contrôle. C'est donc l'État français - 19 % du capital de Renault depuis quelques mois, même s'il a déjà affirmé son intention de revenir aux 15,1 % d'actions qu'il détenait jusqu'à la fin de l'année dernière - qui domine l'actionnariat du constructeur français.

Mais la situation semble avoir évolué sur le terrain, et le japonais en proie aux difficultés il y a quelques années donne tous les gages de quelqu’un qui retrouvé toute sa verve ; et si l’on en croit lefigaro.fr, « ce constructeur en difficulté sauvé grâce à la poigne de fer de Carlos Ghosn dans les années 2000 a retrouvé, depuis, toute sa puissance sur le marché international. Au point même de renverser les rapports de force». Emmanuel Macron que certains journaux français disent ne pas tenir compte de cette réalité maintient la pression sur l’alliance. Avant l’augmentation de la participation de l’Etat au capital de Renault, il avait fait voter en juillet 2014 « la loi Économie sociale et solidaire, dite « Loi Florange » (du nom d’un site d’ArcelorMittal en Moselle qui a fermé). Cette loi compte, parmi ses articles, une procédure qui impose le principe du vote double dans les conseils d’administrations des grandes entreprises. Elle récompense et conforte les actionnaires à long terme (plus de deux ans) en leur donnant un pouvoir étendu », peut-on lire sur le site lefigaro.fr.

Mais ni Renault ni le japonais Nissan ne sont disposés à s’y résoudre et à laisser l’Etat dicter leur stratégie et surtout s’opposer à leurs projets stratégiques. A l’occasion de la publication de son bilan semestriel, Nissan fait savoir par la voix d'Hiroto Saikawa, son directeur à la compétitivité du et représentant au conseil d'administration de Renault que «le gouvernement français a davantage voix au chapitre en termes de gouvernance» chez Renault », et que pour lui «il s'agit d'un enjeu important et du point de vue de Nissan, c'est un motif d'inquiétude», rapporte lefigaro.fr

De son côté l’agence de presse britannique Reuters a dévoilé, il y a quelques jours, un plan secret élaboré par Nissan basé sur une augmentation des parts de Nissan dans le capital de Renault pour rééquilibrer les participations dans le groupe. Même si le patron de Renault n’est pas monté au créneau, la presse le soupçonne de vouloir faire cavalier seul avec le partenaire japonais, et, pour lefigaro.fr «d’être à la manœuvre».

Le gouvernement français revient à la charge par la voix de Macron qui rétére le 27 octobre dernier la nécessité de ne « pas déstabiliser l'alliance par des changements, des rééquilibrages, des modifications de gouvernance», ajoutant deux jours plus tard dans un entretien à un quotidien économique que le patron de Renault «Carlos Ghosn est PDG, pas actionnaire».

Les positions semblent se crisper et rien n’indique une évolution vers un terrain d’entente ; seule avancée relevée par la presse française à l’issue d’un R2CENT conseil d’administration, la mise en place d’un groupe de travail chargé, selon lefigrao.fr de «favoriser la recherche et la formalisation d'une solution préservant l'intérêt social de Renault et renforçant l'Alliance». Une œuvre plus proche de l’usine à gaz au regard des enjeux en action à quelques encablures d’élections régionales et non loin d’une présidentielle à haut risque pour la majorité au pouvoir.

Cherbal E-M