Institut national du rein et des greffes d’organes: Les dernières retouches

Publié par O. Larbi le 12-03-2014, 19h24 | 227

Le professeur Rayane est directeur de l’Institut national du rein dont la création fut décidée en 2002 par le président Abdelaziz Bouteflika : «C’est le seul institut dédié à un organe», précise le professeur.

L’institut n’est pas encore opérationnel ; il devait ouvrir avant le mois d’avril «  mais des obstacles viennent chaque fois perturber la marche des opérations : ces sabotages sont le fait de médecins corrompus et businessmen. Il y en a qui perçoivent des dessous de table pour faire la réclame d’une technique comme la dialyse péritonéale» lâche-t-il avec dégoût.

L’Institut national du rein manque encore de la moitié de ses appareils du fait des retards dans leur acquisition à cause des dispositions du Code des marchés publics.Le professeur Benabadji apporte sa contribution à la discussion entre professionnels : il s’inscrit en faux contre  les chiffres avancés par d’autres confrères : «La prévalence des cas de nouveaux malades en hémodialyse est de 4 000 par an et non comme avancé de 20 000».

Tahar Rayane avait  distribué un document intitulé «Coût comparatif des trois thérapies de suppléance rénale en Algérie (2013). Il faut savoir que l’Algérie compte aujourd’hui 18 500 malades traités (dialyse péritonéale comprise) que la Cnas prend en charge 8 500 malades et le secteur public 10 000». L’argument le plus spectaculaire est relatif à l’évaluation des coûts de prise en charge des hémodialyses : l’hémodialyse «Cnas» revient à 936 000 DA pour 156 séances par an, l’équivalent de 8 286,13 euros TTC avec médicaments. En France, il est de 45 566,00 euros, sans médicaments. 

Le coût global pour l’Algérie est de 70 407 115,00 euros, très éloigné de l’évaluation qui le haussait à 300 millions d’euros. S’agissant de la dialyse péritonéale, «la séance est plus chère que celle de l’hémodialyse», elle est sur l’année de 1 223 600 DA soit 10 828,32 euros. Pour 432 malades. La greffe de rein coûte 1 333 333,00 DA les trois premières années (2 millions la première et 1 million pour chaque année suivante). Elles concernent, actuellement 150 patients. 1 000 patients coûtent 600 000,00 DA par an et par patient. En euros cela représente 1 769 911 euros pour la première catégorie et 5 309 734 euros pour les greffés de la 4e à la 6e année. 

Ces clarifications sont accompagnées d’informations qui relèvent de l’histoire médicale algérienne : «La première greffe du rein a été effectuée le 14 juin 1987 dans le service du professeur Drif au CHU Mustapha- Pacha. Le patient est un policier de Biskra et le donneur est sa mère. Il est vrai que la première greffe à partir d’un donneur en mort encéphalique a été faite à Constantine».

Pour l’heure, l’Algérie compte 290 centres d’hémodialyses de service public. Les initiatives du privé sont malheureusement bloquées par les services du ministère du Travail qui n’accordent pas les agréments d’ouverture de cliniques d’hémodialyse. Le témoignage d’un couple de médecins de Thénia est éloquent quant à la puissance de la bureaucratie : deux jeunes médecins (lui généraliste, elle biologiste) mettent tous leurs espoirs dans la création d’un clinique d’hémodialyse à Thénia, l’agrément du ministère de la Santé obtenu, il est dans l’attente de celui de ministère du Travail qui «dort sous une quarantaine de dossiers d’agrément». 

Tous les obstacles dressés sur la route des bonnes volontés sont innombrables… Si la négligence n’était pas de la partie, comme le narre le professeur Benabadji : «Deux frères hospitalisés au service de Beni-Messous attendaient une greffe. Leur père cancéreux et hospitalisé au même CHU a déclaré faire don de ses reins à ses enfants, à sa mort. Le père meurt, rien n’est fait, alors que le service concerné était averti…»

Ce n’est que la  partie visible de l’iceberg : des institutions ont été égratignées, les professeurs ont voulu dénoncer une manipulation de l’opinion publique qui vise  l’Institut national du rein.