Réaction politique aux attentats de Paris : Sarkozy, la note discordante ?

Publié par Cherbal E-M le 16-11-2015, 10h20 | 112

L’émotion suscitée par la vague d’attentats qui a secoué la capitale française n’est pas encore retombées que le joutes politiques reprennent le dessus.

Dans un élan rassembleur, le président François Hollande en appelle à toute la classe politique et reçoit l’ensemble des dirigeants politiques dans  une tentative de « de rechercher l'unité pour décider et agir », explique son entourage.

Invitée à venir à l’Elysée ce dimanche après-midi, la présidente du Front National a tenu soigner ses éléments de langage, s’interdisant toute surenchère, mais faisant dire par un de ses lieutenants que «le temps de parler des responsabilités viendra après». Intervenant sur le quotidien Le Figaro, le vice-président de ce parti, Florian Philippot a fait dans le consensus général en souhaitant, pour la circonstance avoir « une parole forte et digne ». Les responsables du Front National voient en cette opportunité une occasion de revenir à la charge pour l’aboutissement de leurs revendications « de mesures en matière de lutte contre l'islamisme telles que la déchéance de nationalité, l'expulsion des personnes fichées en lien avec les mouvances radicales et le réarmement de l'Etat », souligne le site www.msn.com. Inutile de souligner la joie de ce parti à l’annonce de la réinstauration des contrôles aux frontières ; leur rencontre avec François Hollande a été l’occasion « de réclamer une pérennisation de ces contrôles qui selon eux n'est pas concevable sans la reconstitution d'un corps de douane », poursuite ce site.

La voix de l’avocat, député frontiste Gilbert Collard qui a appelé à la démission du président Hollande ne semble pas avoir porté loin devant les prises de position es pontes de l’extrême droite restées en majorité dans une ligne consensuelle et solidaire, avec quelque discrètes banderilles du style de celle du vice-président du FN qui déplore  le manque de détermination de l‘exécutif ; « Hélas, ni le courage, ni la volonté ne semblent vraiment là et c'est, pourtant, ce qu'attendent les Français. Ils veulent une réorientation politique totale.»

Dans le concert des réactions politiques, les observateurs et analystes politiques français ont surtout noté la sortie «détonante» du chef de l’opposition, Nicolas Sarkozy, président de Les Républicains. Premier responsable politique à entrer dans le bureau du chef de l’Etat,  il sera en effet la seule voix discordante à verser dans la réaction politicienne. « Mais à l'issue d'un entretien de plus d'une heure entre les deux hommes dimanche matin, Nicolas Sarkozy a tiré à boulets rouges dans la cour de l'Elysée sur la politique de son potentiel rival en 2017, à la fois sur les plans intérieur et international », rapporte un média  français qui a également noté l’appel  de Sarkozy à «des modifications drastiques» de la politique sécuritaire de l’exécutif  expliquant que jusqu’à présent, les Français sont, à ses yeux «loin de sentir en sécurité». Il a par ailleurs fait incursion dans la conduite de la politique extérieure de la Fiance pour demander une «inflexion» en matière de politique étrangère en Syrie. Concernant la politique russe des frappes aériennes en Syrie, farouchement condamnée par le gouvernement français, Sarkozy suggère à François Hollande de « coopérer avec la Russie contre le groupe Etat islamique ».

S’agissant de la position publique de Les Républicains envers le gouvernement en ces moments de grande détresse nationale, Sarkozy s’est opposé à la position «d’unité nationale» défendue par Alain Juppé, préférant parler de «solidarité avec le gouvernement », puis se faisant relayer par son lieutenant Eric Woerth pour qui,  "Les Français ne veulent pas qu'on parle d'unité. Depuis les attentats de janvier, ils ont le sentiment qu'il ne s'est pas passé grand-chose". Tout ceci fait dire à un journaliste français que « La vigueur de ces critiques tranche avec l'unanimité de la classe politique ayant prévalu après les attentats de janvier. »

Cherbal E-M