Rétrospective : « éclats de vie » de Malika Arabi « La femme est l’avenir de l’homme » (Louis Aragon)

Publié par Arslan-B le 25-11-2015, 18h29 | 65

« It’s high time men ceased to regard women as second class citizens ! » (Il est grand temps que les hommes cessent de considérer les femmes comme des citoyens de second rang !).

Cette « déclaration-sentence » figurait déjà dans un manuel d’apprentissage de la langue anglaise dans les années 1960.La sempiternelle «complainte » de la gent féminine n’est donc pas l’apanage de la seule femme algérienne.

Pourtant, des étrangers en visite (ou séjournant) en Algérie vont jusqu’à « estimer qu’il faut relativiser, en ce sens que la femme algérienne,  comparée aux femmes de bien de pays arabo-musulmans ou musulmans (sans être arabes) jouit des mêmes droits que l’homme ,n’a,  pratiquement, pas  grand-chose à envier à la femme européenne… la seule et unique fausse note  étant ce…  boulet tutélaire?... notamment en matière de mariage, dans le domaine conjugal. Que d’écrits-aussi bien journalistiques que littéraires sur la question, sur l’aspect  tutelle, en particulier… « Serait-ce dû à un souci et devoir de protection, propre aux sociétés de confession musulmane ? », ajoute-t-on.

Ceci, en tout cas (ce débat) nous rappelle, entre autres productions littéraires féminines (et non moins féministes, pour certaines de nos écrivaines), ce roman quasi autobiographique de Malika Arabi intitulé  Eclats de vie …

Un certain samedi 26 novembre 2011, en effet, Malika Arabi  s’éclatait au café littéraire de Béjaia (Maison de la culture)… « …Je suis, pour ce qui me concerne, arrivée à différencier le tortionnaire de l’armée d’invasion et d’occupation de mon pays de l’autre qui, par contre, m’a permis d’aller à l’école émancipatrice… » (M.A)

Roman autobiographique, le livre de Malika Arabi paru aux Editions  Tiwizi Productions, 2011 est qualifié de «  bouleversant, déroulant sa vie jalonnée de souffrances, mais aussi de combats pour la liberté ».  

Il y avait un parterre choisi de fins lettrés, mixte et tous âges confondus au salon d’honneur de la maison de la culture de Béjaia ce samedi 26 novembre (2011) et ce dès 14h, très attentif aux propos de l’auteure du roman intitulé  Eclats de vie, sans cesse sollicitée, voire quasiment « harcelée », qui pour savoir ce qu’elle pense de « l’interférence de la civilisation arabo-islamique sur l’état actuel de la condition féminine en Algérie et particulièrement en Kabylie », qui pour connaître «  son point de vue concernant la langue française » … « …Je suis, pour ce qui me concerne, arrivée à différencier le tortionnaire de l’armée d’invasion et d’occupation de mon pays de l’autre qui, par contre, m’a permis d’aller à l’école émancipatrice. Cela dit, je ne suis pas du tout en train de faire l’apologie des bienfaits de la colonisation, loin s’en faut !

Mais c’est vrai, comme l’a dit feu Kateb Yacine, que la langue française est un très beau butin de guerre,   assénait tout à fait spontanément l’auteure d’Eclats de vie.

Et de continuer sur sa lancée : « …Dans mon livre, j’ai tout simplement laissé la petite fille que j’étais durant la guerre de Libération nationale donner libre cours à ce dont elle se souvient, loin de toute précaution d’historien, comme, par exemple, vérifier des dates… ».

Dans son roman, Malika Arabi se livre, en effet, à un véritable exercice cathartique,  décrivant avec émotion l’engagement de sa famille dans la lutte contre le colonialisme français et son cortège de drames : son grand frère mort au maquis, son père jeté en prison pour son militantisme au sein de l’organisation civile du F-L-N ( OCFLN) , sa mère également emprisonnée et torturée…

C’est dans cet univers féroce que la petite Malika a passé son enfance dans le très beau village de Tarsift, pas loin de Tigzirt-sur –mer, en Kabylie maritime » .

L’hôte de la maison de la culture et du café littéraire conçu et admirablement géré par le tenace  Kader Sadji se faisait-fort heureusement, du reste- relayer par Zoulikha Idres, déclamant d’envoûtants poèmes d’un lyrisme aussi pathétique que la charge sémantique d’une forte charge émotionnelle des strophes à l’odeur d’huile d’olive et de figues sèches, accompagnée par Tighremt Mokrane, virtuose du luth.

L’un des poèmes déclamés par l’accompagnatrice de l’auteure d’Eclats de vie dédié à la femme en général et à l’Algérienne en particulier n’avait pas manqué de faire vibrer toute les cordes sensibles présentes dans la salle.

Ce poème rappelle, en substance, qu’ « il ne faudrait surtout pas perdre de vue que c’est et sera toujours cette femme, victime expiatoire du machisme vil et abject de certains esprits rétrogrades masculins qui porte l’homme et l’enfante».

Très émouvant, une voix convaincue aidant. Malika Arabi demeurait, pourtant, et ce en dépit de sa volonté affichée et confirmée de poursuivre son combat pour, notamment, la valorisation du rôle de la femme algérienne dans la dynamique de développement, plutôt quelque peu pessimiste à propos, précisément, des perspectives concernant la condition féminine en Algérie : «Je ne suis pas du tout optimiste en ce qui concerne l’avenir de la condition féminine au sein de la société algérienne.

Il y a toujours la tutelle, le père, le frère, et même le fils ! Non, la femme, chez nous, ne fait que reculer ! », s’éclatait-t-elle alors, en toute sincérité, répondant à une question d’un citoyen à ce propos.
Mais Malika Arabi, c’est sûr, n’avait fait que céder à un accès de «petite colère» d’un instant. La gent féminine, Dieu merci, en Algérie, n’est frustrée d’aucun avantage dont jouissent les hommes.  

Elles ont le droit de conduire un véhicule, par exemple, et même de piloter un avion de chasse…à l’homme ! «La femme est l’avenir de l’homme», selon Louis Aragon.
Mais, pour certaines d’entre elles, en effet et sans nul doute, hélas, l’homme est et sera un éternel et encombrant présent !  Pour terminer sur une note d’humour…