Sahara Occidental : Les manœuvres de Rabat entravent les efforts onusiens pour un règlement pacifique

Publié par DK News le 28-11-2015, 21h24 | 22

L'intransigeance du Maroc, ses manoeuvres politiques et son refus de dialoguer constituent les principales pierres d'achoppement contre lesquelles butent les efforts onusiens pour la relance du processus de règlement pacifique de la question sahraouie, entrepris par l'envoyé de l'ONU au Sahara occidental, Christopher Ross, et favorablement accueillis  par la partie sahraouie et les pays observateurs (l'Algérie et la Mauritanie).

L'appel lancé par le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon pour un retour «sans préalable» des deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc) à la table des négociations vient conforter les efforts consentis par l'ONU depuis 2007 en vue de régler ce conflit, «sans réussir à atteindre le résultat escompté», a estimé le représentant du Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari.

Les efforts de règlement pacifique du conflit sahraoui ont toujours buté contre «l'intransigeance» du Maroc qui demeure attaché à l'option d’« autonomie» basée sur une politique expansionniste qui fait fi du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, a indiqué le responsable sahraoui.

Selon les observateurs, Rabat oeuvre toujours à faire avorter tous les efforts déployés dans le cadre du processus de règlement pacifique. La visite provocatrice effectuée par le Roi du Maroc aux territoires occupés, deux jours après les déclarations de Ban Ki Moon et les déclarations «irresponsables» du ministère marocain des Affaires étrangères visant à entraver la mission de M. Ross et à l'empêcher de visiter les territoires sahraouis occupés, en sont la preuve.

L'ONU a réaffirmé son plein soutien à son envoyé au Sahara occidental, y compris dans les territoires occupés sahraouis, affirmant que «Ross peut visiter les territoires occupés à tout moment, même en dehors du cadre de sa mission onusienne».

Le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati, a pour sa part estimé que le maintien de Ross dans sa mission, après les tentatives de Rabat de lui retirer sa confiance en 2012, constitue «un véritable coup asséné au Maroc» qui a tant «voulu maintenir l'ONU loin de ce conflit». M. Ross se trouve dans les camps de réfugiés sahraouis depuis vendredi dans le cadre d'une visite de trois jours dans la région durant laquelle il tentera de convaincre les parties au conflit de retourner à la table des négociations dont le dernier round remonte à mars 2012 à Manhasset (Etats-Unis).

 

Manœuvres marocaines pour faire échouer le processus onusien de règlement pacifique

Au titre des manœuvres marocaines visant à faire échouer les efforts onusiens pour parvenir à une solution pacifique du conflit sahraoui, les représentants du Maroc auprès de l'Onu sont allés en octobre dernier jusqu'à «changer la terminologie du rapport de la Commission de décolonisation en ce qui concerne la question du Sahara occidental», de peur du transfert de cette question au 7ème chapitre de la commission.

L'attitude du Maroc a été qualifiée lors de la réunion de la quatrième commission de l'ONU, tenue en octobre dernier, de «pratiques malhonnêtes et irrespectueuses» à l'égard des Etats membres de l'ONU et de ses fonctionnaires, visant à perpétuer sa colonisation du territoire du Sahara occidental. Le rapporteur du séminaire régional de décolonisation, organisé par la commission ad hoc en mai 2015, a dénoncé à l'assemblée de la quatrième commission les multiples démarches engagées par le Maroc contre sa personne, du fait qu'il s'est attaché à sa position de principe, à savoir qu'un document officiel adopté en bonne et due forme «ne peut en aucun cas être modifié».

"J'ai moi-même lu tout le rapport procédural devant tous les participants au séminaire préalablement à son approbation», a-t-il confirmé. Pour sa part, le représentant de l'Equateur, pays ayant présidé la commission spéciale de décolonisation pour plusieurs sessions successives, a déclaré que le recours à des «pratiques malhonnêtes» par le Maroc pour imposer ses positions politiques «n'est pas acceptable». Rabat a opté pour la politique de la fuite en avant, après son refus catégorique de dialoguer en 2012, dans une tentative flagrante d'éviter le débat lancé à l'ONU sur la question sahraouie qui commençait à susciter les craintes du Makhzen, en raison des victoires diplomatiques réalisées dans de nombreux Etats du monde.

Le Maroc avait déjà retiré sa confiance à M. Ross en 2012, l'accusant de «partialité», avant qu'il ne reprenne ses efforts diplomatiques en février 2015, et d'effectuer une visite en septembre dernier dans la région, sans aboutir à aucune solution.

Les autorités marocaines accusent de «partialité» toute personne ou Etat qui adopte une position «équilibrée ou objective» vis-à-vis de la question sahraouie.

Elles avaient accusé la Suisse, pays neutre, de partialité en faveur du Front Polisario, après une lettre adressée par le ministère des Affaires étrangères suisse, le 26 juin dernier, à tous les pays parties aux Conventions de Genève 1949 sur la protection des victimes de guerre, qui annonce l'adhésion du Front Polisario à cette convention.