Combat contre daesh et travail de «déradicalisation»

Publié par Hamid A le 29-11-2015, 13h32 | 62

«L’islamisme radical n’a aucune possibilité de prospérer en Algérie qui est le seul pays arabe à n’avoir pas connu le printemps arabe ». C’est le résumé du reportage que publie, en ce moment, depuis Alger, l’envoyé spécial du grand journal espagnol El País.

Pourtant, dans les années 90, la « décennie noire », ce même quotidien écrivait exactement le contraire, sous d’autres plumes, laissant même entendre que le pouvoir était à portée de mains des «groupes armées ». C’est par ce vocable outrancier que la presse étrangère désignait alors les GIA qui violaient et massacraient les civils, femmes et enfants y compris, pour les forcer à choisir leur camp du terrorisme.

Dans cette conjoncture de guerre à outrance contre Daesh, en Syrie, en Irak, en Libye, en Tunisie, au Sahel où à Paris, actuellement la capitale occidentale la plus visée par la barbarie terroriste, tout le monde se demande comment l’Algérie avait pu survivre, et seule, à la férocité de cet « ennemi commun » à l’humanité. Nul plus que le peuple algérien ne peut comprendre le deuil et la douleur des Français qui s’interrogent sur l’origine et les causes de la menace qui pèse sur leur pays, sur la dose de férocité avec laquelle les kamikazes de Daesh ont commis les massacres de paisibles civils à Paris, sans le moindre état d’âme. Les Algériens comprennent parfaitement leurs frères tunisiens quand ils crient leur désespoir en voyant des jeunes commettre avec tant de sang froid des massacres au Bardo, à la plage de Sousse, se font exploser en plein centre de Tunis ou trancher la tête d’un pauvre berger.

Les actes barbares commis à Paris ou à Tunis relèvent de la «méthode GIA ». C’est cette idéologie de la mort que l’Etat algérien a combattu pendant une décennie. Par les armes bien sûr. La traque des GIA et GSPC a été très efficace grâce au moins à ces deux conditions. D’abord, la motivation des forces spéciales algériennes, tous corps confondus, et, surtout, l’adhésion à ce combat de tous les Algériens. Neutralisés par les armes, et privés des bases logistiques qu’ils se créées par la violence contre les populations civiles, par la menace et la peur, les groupes terroristes ont perdu progressivement toute marge de manœuvre, ne songeant seulement qu’à signer leur existence, de plus en plus rarement, et le plus souvent à assurer leur survie.

Ces deux conditions étaient nécessaires mais non suffisantes. Le président Abdelaziz Bouteflika a donné leur chance aux personnes égarées de se repentir. Cette décision historique qui a conduit des milliers de terroristes à déposer les armes fut accompagnée d’un long travail de déradicalisation. Au sein de la famille, dans le quartier, à l’ école et dans les Mosquées. L’action pédagogique et civique a porté en profondeur dans tous les secteurs de la société.

Les jeunes qui ont bénéficié d’une attention sociale particulière de l’Etat ont retrouvé leur place dans la société grâce aux plans de développement lancés depuis 2005 par le président Bouteflika. Ils ont cessé d’être le vivier du radicalisme. Les Mosquées qui servaient jadis de tribune au fondamentalisme religieux ont retrouvé leur noble vocation de porter le message de piété, de tolérance, de fraternité et de solidarité entre membres d’une même communauté. Ce travail a été concluant puisque les statistiques sur les réseaux de captation des recrues pour le djihadisme sont assez éloquentes.

Aujourd’hui, moins d’une centaine d’Algériens ont combattu ces derniers temps ou combattent toujours dans les rangs de Daesh, contre 500 belges, 1500 français, plus de 2000 marocains et 3000 tunisiens.

Par rapport aux populations du Maghreb, le recrutement des djihadistes est de 20 fois plus important au Maroc et 30 fois plus en Tunisie qu’en Algérie.

Le combat que la coalition internationale livre actuellement à l’Etat Islamique, tout le monde l’admet, les gouvernements occidentaux les premiers, doit être complété par une action de déradicalisation.

C’est à dire le recours à la méthode utilisée avec succès par l’Algérie qui reste solidaire de toutes les actions que mènent les pays frères et amis face à la menace djihadiste.

Hamid A