Elections régionales en France : La presse fait ses choix

Publié par Cherbal E-M le 02-12-2015, 14h53 | 44

A quelques jours des élections régionales, prévues dimanche prochain en France, le débat s’emballe, animé par des sondages favorables aux candidats de l’extrême droite, et notamment à Marine le Pen dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

« Marine Le Pen conserve sa première place dans les sondages. La dernière enquête BVA pour La voix du Nord montre une nouvelle fois que le Front national caracole en tête pour les élections régionales des 6 et 13 décembre. Au premier tour, Marine Le Pen dominerait largement ses adversaires», lit-on sur le site http://france3-regions.francetvinfo.fr qui ajoute que même au second tour, la candidate de l’extrême droite française est bien partie pour sortir gagnante. Cette perspective, à l’origine d’un tir croisé du personnel politique de la majorité et de l’opposition, contre le front national, a suscité une vague de réaction des milieux de la presse, hostiles aux thèses de ce parti, dont certains titres ont osé assumer publiquement leur choix dans cette course électorale. Concerné en premier lieu par le sort de sa région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le quotidien La Voix du Nord a décidé de monter au créneau, en ouvrant sa Une de lundi dernier par ce titre : «Pourquoi une victoire du FN nous dérange». La rédaction de ce quotidien a détaillé sa position dans un dossier de deux pages dans lequel elle dit sa différence de valeurs avec ce parti, son attachement à cette région «naturellement ouverte» et son opposition «à la fermeture des frontières» ; des sujets sur lesquels le parti de Marine Le Pen surfe actuellement, mû par un contexte généralisé de doute et de scepticisme. Pour Jean-Michel Bretonnier, rédacteur en chef du quotidien, cité dans un papier de l’AFP, il est entendu que «le Front national n'est pas la solution mais il apparaît pourtant aux yeux de beaucoup d'électeurs comme leur dernière chance. Dans notre région notamment, le parti de Marine Le Pen surfe sur le rejet violent de la classe politique, droite et gauche confondues.»

Autre journal de la région, la Croix du Nord, qui se dit «hebdomadaire régional chrétien», a lui aussi dit son opposition aux idées du front national dans un éditorial au titre sans ambigüité : « «Non à celui qui exclut l'autre pour ce qu'il est». Après avoir listé les griefs portés contre le parti de Marine le Pen, son éditorialiste termine par cet appel, à ses lecteurs : « Nous n’avons pas à vous dire pour qui voter mais puisse votre colère bien compréhensible face aux défauts de ce monde et aux imperfections de notre humanité ne pas vous pousser à donner votre voix à un parti qui exclut l’autre parce qu’il est autre».

Marine le Pen a immédiatement réagi contre le papier de La Voix du Nord, qu’elle a qualifié de «tract du PS», en référence à la majorité socialiste qui dirige la région. Elle a dénoncé de supposées subventions estimées à 1,5 millions d’Euros, que lui verserait annuellement la région et promis de les couper, en cas de victoire aux élections. « «Ces médias sont achetés par un exécutif et, le moment venu, ils rendent la monnaie de l'énorme subvention qu'ils ont touchée», a-telle déclaré, reprise par l’AFP, ajoutant que ces versements «ne correspondent pas à un intérêt régional dans une région où il y a un million de pauvres, eh bien il y a mieux à faire». L’équipe réactionnelle de La Vox du Nord réitère ses positions et remet une couche dans son édition de mardi en titrant «Marine et le FN ne sont pas ce qu'ils disent». Sur les subventions supposées avoir été touchées de la région, le quotidien démonte «les contre vérités» de Marine le Pen dans un papier mis en ligne sur son site, et notamment dans ce passage repris par l’AFP, dans lequel il affirme : «ce n’est pas La Voix du Nord, mais la chaîne de télévision régionale Wéo dans laquelle le groupe compte 34 % du capital, qui reçoit 1,5 million d’euros d’aide à la production de programmes audiovisuels précis (et non de subventions), qui tournent tous autour de sujets régionaux et sont regardés par plus de 25 % des habitants du Nord – Pas-de-Calais. Et cela, Marine Le Pen le savait pertinemment puisque son parti est représenté au comité vérifiant l’utilisation de cet argent.»

Cherbal E-M