Montée de l’extrême droite en France : Vers une redistribution des cartes ?

Publié par Cherbal E-M le 03-12-2015, 17h05 | 90

Depuis quelques mois le curseur des sondages en France en cesse de monter en faveur des thèses de l’extrême droite, portées notamment par le Front National auxquels toutes les enquêtes de terrain prédisent une belle percée.

«A moins d'une semaine du premier tour des élections régionales, qui aura lieu le dimanche 6 décembre, les sondages prédisent une victoire du FN en Provence-Alpes-Côte d'Azur ainsi qu'en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen creusent l'écart avec leurs adversaires en cas de triangulaires », indique le site français www.francetvinfo.fr, précisant que la percée ne se limite pas à ces seules régions, car, écrit-il, lorsque «l'on regarde de près les intentions de vote dans les sondages depuis septembre, celles en faveur du FN sont en progression dans toutes les régions métropolitaines, à l'exception de la Corse, où aucun sondage n'a été mené.»

Cette nouvelle donnée du champ politique français tient ses ressorts en grande partie des derniers attentats terroristes qui ont visé la France, en janvier puis novembre de cette année. C’est ainsi que le site www.francetvinfo.fr s’interroge à propos des attentats du 13 novembre dernier, «vont-ils bouleverser les élections régionales des 6 et 13 décembre ?» En guise de réponse, il avance que « depuis cette date, les listes du Front national "enregistrent une progression significative des intentions de vote à leur égard dans toutes les régions", selon une série de sondages (en PDF) de l'institut BVA, publiés dimanche 29 novembre. » La classe politique française ne reste pas insensible à cette perspective d’une nouvelle redistribution des cartes de l’échiquier politique local dans lequel le parti de Madame Le Pen aura sinon la bonne place du moins le bon rôle.

La montée au créneau de la presse locale, notamment dans la région du nord, où deux journaux, dont le quotidien La Voix du Nord ont dit publiquement leur opposition aux valeurs et aux thèses du Front national, est intervenue dans un contexte de mobilisation politique et citoyenne contre le danger de la montée de l’extrême droite. Le patron des patrons français Yves Gattaz a frontalement attaqué le programme économique du Front national qu’il a jugé «non responsable». « «Retour de la retraite à 60 ans, augmentation de tous les salaires avec notamment une hausse du Smic de 200 euros, retour au franc, augmentation des taxes d’importation...» tout cela est, à ses yeux «exactement l’inverse de ce qu’il faut faire pour relancer la croissance économique du pays », dit-il, cité par le site du quotidien français liberation.fr. Le Premier Ministre Manuel Valls est allé de son côté sur le terrain de la lutte contre l’extrême droite, au cours d’une émission sur radio Europe1, pour appeler ses concitoyens à voter républicains pour «faire reculer le Front National». Pour Valls, le FN ruinera toutes les catégories sociales vulnérables, et de toute façon, déclare-t-il, selon lefigaro.fr, « n’aime pas la France et trompe les Français.» Dans une tentative de rassembler les forces républicaines, le Premier ministre estime que «chacun devra prendre ses responsabilités à gauche comme à droite pour empêcher le FN de gagner une région. Ce message s'adresse à chacun et pas qu'à la gauche.»

A droite, le patron de l’opposition Nicolas Sarkozy, en embuscade, ne rate pas l’occasion de d’abord tacler l’exécutif et les socialistes pour ensuite tenter de s’accaparer les voix de l’extrême droite. Loin de lui l’idée de combattre les idées et valeurs de l’extrême droite dont il se nourrit en partie, il s’attaque au vote pour le front national au motif, que « "chaque voix que vous donnerez au FN servira la gauche", lance-t-il, d’après le site atlantico.fr. Malgré les multiples sondages donnant une nette progression au FN, « Nicolas Sarkozy a maintenu son refus de toute alliance avec la gauche pour faire barrage au Front national, en dépit des chances de victoires du parti d'extrême droite dans certaines régions", rapporte le site de l’hebdomadaire français lepoint.fr. Cette position est, aux yeux du porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll «pas nouvelle et connue», indiquant «qu’elle est la même alors que le contexte a profondément changé».

Cherbal E-M