Les 4 vérités de Atika Mammeri

Publié par O. Larbi le 16-03-2014, 19h08 | 397

Atika Mammeri, la présidente de la Fédération nationale des personnes handicapées moteurs a de la ressource, de la volonté, de la patience et des compétences.

Accidentée depuis une quarantaine d'années et paraplégique depuis, elle défriche pour la société algérienne dans son ensemble les voies et moyens d'une insertion réelle des personnes handicapées dans la vie économique et sociale.

C'est une femme qui ne se décourage jamais au point d'abandonner la partie. Chaque année, elle remet sur le tapis les mêmes revendications, met devant les décideurs les mêmes propositions de solutions aux problèmes vécus par les personnes handicapées et leur famille.Elle a fait partie de conseils dont la durée de vie est liée au bon vouloir de ceux qui les ont créés, elle a participé à des négociations en tant que consultant expert pour que des conventions signées entre, par exemple, l'Onaaph et la Cnas soient à la hauteur des attentes en matière de prise en charge et de qualité des matériels dont les handicapés ont un besoin permanent ou régulier.

Les  personnes handicapées ne sont pas visibles ni dans l'espace public, ni au travail : c'est un problème d'accessibilité qui n'est pas pris en charge par les autorités, alors que dans le monde cette question est réglée depuis longtemps.Pour travailler, il faut avoir une qualification, des diplômes, et plus encore l'application des lois de la République qui font obligation d'embaucher 15% de handicapés.

Les personnes handicapées sont de fait exclues de la formation professionnelle puisque les établissements spécialisés n'ont pas les machines, les outils adaptés, les sièges ergonomiques voulus.
Quelle est l'existence d'une famille qui compte dans sa descendance un enfant handicapé ? «C'est la galère !»

Atika Mammeri se réjouit de la présence au Forum de DK News de professeurs de médecines et de généralistes venus spécialement d'Oran et de Constantine. Les professeurs Azzouni, chirurgien en pédiatrie, les médecins spécialistes Talbine, Djeghri et le docteur Bouarouch ont apporté le poids de l'évidence scientifique dont Atika Mammeri a fait une démonstration : «Savez-vous qu'il existe dans le monde, depuis 40 ans, des sondes pour évacuer sans douleur et sans léser l'urètre, des sondes pour paraplégiques qui ne coûtent que 210 DA pièce et qui sont à multi usage (5 fois par jour) ?»

C'est seulement depuis que Mme Bouabdallah ministre de la Solidarité et de la Famille a souscrit à la demande de subventions de la Fédération que ces sondes sont à la disposition des paraplégiques.
Là où l'histoire se corse, c'est que Mme Mammeri a informé les réseaux hospitaliers de cette mise à disposition de sondes multi-usage et qu'en retour les destinataires sont devenus des demandeurs : les enfants atteints de spina bifida, les scléroses en plaques souffrent aussi des dérangements dans l'évacuation des urines ce qui se répercute sur leur système rénal.

Atika Mammeri demande que la convention Cnas-Onaaph soit revue en complétant la remise de moyens de vidanges non seulement aux stomisés mais à toute personne handicapée qui a des difficultés pour se soulager.

De quoi sera fait le futur immédiat ?

Les personnes handicapées ont trouvé auprès de la ministre de la Solidarité et de la Famille, un vis-à-vis fiable puisqu'une démarche commune est sur le point d'être finalisée : d'ici à la fin juin, des mesures seront prises sur la question de l'accessibilité, de la formation des animateurs des réseaux des associations de personnes handicapées.

Dans le même temps l'ébauche d'une politique durable de prise en charge des personnes handicapées tout au long de la vie, «cette politique n'existe que par fragments ; tout doit être mis en œuvre pour l'insertion réelle des personnes handicapées dans la vie du pays».