L'Autriche a enregistré 90.000 demandes d'asile en 2015, un chiffre qui a plus que triplé sur un an, a indiqué hier le ministère autrichien de l'Intérieur.
En 2014, le nombre de demandes d'asile avait été de 28.000. Les Afghans et les Syriens sont les nationalités les plus représentées parmi les réfugiés, avec respectivement 25.202 et 25.064 demandes, suivis par les Irakiens (13.528 demandes).
Le pays de 8,5 millions d'habitants figure parmi les pays de l'UE ayant accueilli le nombre le plus élevé demandeurs d'asile rapporté à leur population, mais moins que l'Allemagne et la Suède.
Cet afflux est inédit dans le pays depuis les guerres des Balkans dans les années 1990.
La question des réfugiés provoque des tiraillements au sein de la coalition gouvernementale entre sociaux-démocrates et conservateurs, sur fond de progression de l'extrême droite dans les sondages.
Plusieurs personnalités du camp conservateur se sont prononcées ces dernières semaines pour l'instauration d'un plafond du nombre de demandeurs d'asile.
Le chancelier social-démocrate, Werner Faymann, partisan jusqu'à présent de s'en remettre aux solutions communes définies par l'Union européenne (UE) pour réduire le nombre de demandeurs d'asile, a souligné mardi, dans une interview au quotidien Kronen Zeitung, la nécessité d'un "Plan B" consistant en un contrôle accru à la frontière slovène par laquelle arrivent les migrants.
Il souhaite, si la loi l'autorise, "faire le tri entre réfugiés économiques et réfugiés de guerre" dès cette frontière. L'Autriche a d'ailleurs déjà refoulé plus de 1.600 personnes vers la Slovénie depuis le début de l'année, tandis que l'Allemagne refoule vers l'Autriche un nombre croissant de migrants ne souhaitant pas demander l'asile chez elle et cherchant à gagner la Scandinavie, affirme la police autrichienne.
L'Autriche a affirmé lundi que le nombre quotidien des migrants refoulés à la frontière allemande est passé de 60 en décembre à 200 depuis le début de l'année.
A Munich, capitale de la Bavière frontalière de l'Autriche, une porte-parole de la police allemande a indiqué que le nombre de migrants refoulés quotidiennement se situait autour de 100, avec d'importantes variations, et qu'il n'y avait pas de nouvelle directive depuis début 2016.