Le Pr Rabah Amrane, le Pr Karima Achour, invités du forum de DK News : Hypertension pulmonaire, une Maladie rare, orpheline et mortelle - Quel traitement ?

Publié par DK News le 17-01-2016, 20h40 | 1096

Hypertension pulmonaire. Maladie dite rare. Rare car un millier d'Algériens la «chopent» chaque année. Maladie dite également orpheline. Orpheline car un seul centre en Algérie est spécialisé dans le dépistage et dans la thérapie à mettre en œuvre.

En France également un seul centre la prend en charge, un centre ultra-équipé pour conduire la thérapie médicale et chirurgicale.

C'est une maladie pratiquement inconnue qui a manqué de communication. Aujourd'hui des professeurs ont posé le jalon de la communication. Ils ont commencé par le choix du forum de DK NEWS dont ils sont les invités.

Il s'agit des professeurs Rabah Amrane, président de la Société algérienne de l'hypertension pulmonaire, et du Md Karima Achour, également membre de cette société.

Nombre de questions ont été posées à ces deux professeurs. Les journalistes ont dit que cette appellation leur était inconnue. C'est l'occasion justement de combler le vide en la matière.

Premières questions. C'est quoi cette maladie, quels en sont les symptômes, quelle est son ampleur, quelles en sont les implications, quels sont les moyens de la thérapie, existe-t-il l'acte chirurgical pour guérir ou pour assurer la survie ? Quelques éléments pour comprendre ce qu'est cette maladie. On sait que la tension augmente dans les artères. Dans ce cas précis, la tension augmente dans les artères pulmonaires.

Le malade a des difficultés à respirer. Il doit y avoir des artères bouchées. La maladie est grave et elle est même mortelle. Il faut immédiatement transporter le malade à l'hôpital.  

Le plus tôt possible car il s'était produit un rétrécissement progressif des vaisseaux pulmonaires. Ce rétrécissement produit une obstruction partielle cause de l'augmentation de la tension des vaisseaux pulmonaires. Il s'ensuit une fatigue du cœur ou insuffisance cardiaque droit quand il doit propulser le sang à travers les poumons pour les oxygéner.

D'où vient cette maladie quand ce ne sont pas tous les malades qui vont développer celle-ci ? La science doit encore se développer pour mieux en cerner toutes les causes. Par contre, certains individus ont une propension à développer cette maladie en raison de l'existence d'une prédisposition génétique. Il y a la présence d'autres maladies dont sont portées les malades et qui sont des facteurs d'augmentation des risques. Citons-en quelques-uns, à savoir l'infection par le virus VIH, la maladie du foie, la malformation cardiaque congénitale.

 

Un millier de cas par an qui nécessitent une prise en charge au plus tôt

D'abord pour ce qui concerne la chirurgie thoracique, le nombre de spécialistes en Algérie est très insuffisant. D'autre part, il y a un seul centre et il faudrait un plateau technique spécialisé. Il faudrait également sensibiliser les services médicaux. Peut-on guérir de cette maladie ? Pas tellement, elle est plus dangereuse que le cancer. Pour ceux qui ne peuvent pas être éligibles à l'acte chirurgical, la durée maximale de survie est de cinq ans. Ceux qui sont pris en charge assez tôt peuvent guérir.

Au Japon, l'espoir de survie est de 10 années. Un acte chirurgical pour une prise en charge à l'étranger revient à un coût de 19 à 21 000 euros. La prise en charge en terme d'argent pour l'option médicale en Algérie est évaluée à environ 80 000 euros.

Said Abjaoui


Les professeurs Rabah Amrane, président de la Société algérienne d’hypertension pulmonaire, la professeure Karima Achour de chirurgie thoracique officient au CHU de Bab El Oued.

Dans le cadre de l’information du public sur une maladie grave, souvent diagnostiquée tardivement, ils annoncent la tenue d’une rencontre nationale le 21 janvier à l’Aurassi. Cette rencontre de médecins spécialistes pneumologues, cardiologues, internistes, radiologues, hépatologues, etc.

Ils traiteront de l’hypertension artérielle pulmonaire.

 

Les alertes

La plupart des malades arrivent dans les services hospitaliers quand la maladie a atteint un développement qui rend inopérantes les prises en charge thérapeutiques ou chirurgicales, car les signes qui la caractérisent ne sont pas évidents.

La fatigue, l’essoufflement rapide après un effort peu important alertent, mais cela peut concerner le cardiologue seulement ou le pneumologue spécialement.

C’est lorsque ces deux spécialités sont requises que les examens (échographie) mettent en évidence les atteintes cardiaques suite à la difficulté qu’a le cœur de propulser le sang pauvre en oxygène dans les poumons pour le ré-oxygéner, parce que les vaisseaux sont bouchés.

 

Quel traitement ?

Les deux professeurs soulignent que le traitement est efficace quand la maladie est reconnue rapidement : «les médicaments, bien que chers, existent. Les chirurgiens thoraciques sont aptes à intervenir. Dans tous les cas, un gain de 5 à 10 ans de vie est possible. Si l’on s’y prend en mettant les moyens. »

 

Réseau

Le président de la SAHAP créée en 2014 affirme que les contacts de sensibilisation des confrères sont effectifs depuis 2009 si bien que la maladie n’est plus «ignorée» : «Le CHU de Bab El Oued est en contact avec les services de Beni-Messous, Mustapha, Bou-Ismaïl et Blida pour certains examens». Ce n’est apparemment pas suffisant.

 

Centre de référence

Les intervenants au Forum de DK News ont un but : Créer une organisation qui permette une prise en charge rapide et efficace des malades.

« La nécessité d’un Centre de Référence national s’est imposée. Il doit disposer des moyens de diagnostic telles les échographies, les cathétérismes, de thérapeutiques et de plateaux techniques chirurgicaux à la hauteur de l’opération décidée. » Il en existe un en France et deux en Espagne et au Portugal.

 

Centres de compétences

Il est question de créer des Centres de compétences qui réuniraient les spécialistes de plusieurs disciplines, des médecins généralistes pour diagnostiquer rapidement l’hypertension artérielle pulmonaire de sorte que l’état réel du malade soit classifié facilitant l’intervention au niveau du Centre de référence national, selon nos deux professeurs.

A propos de classification, le professeur Amrane est clair : « Lors-qu’un malade est bien diagnostiqué et quel que soit le stade atteint par l’évolution de la maladie, nous pouvons agir pour ramener l’affection au niveau 1 », le plus « gérable » pour le traitement de long cours.

Avec cette mise en place d’une architecture interventionniste au plus tôt dans la prise en charge, l’Algérie se mettra au niveau des pays les plus avancés qui prolongent la vie de 5 ans (France, USA notamment) et de 10 ans au Japon.

 

Rappels

La littérature médicale précise : « L'hypertension pulmonaire est une maladie caractérisée par un rétrécissement progressif des vaisseaux pulmonaires.

Cette obstruction partielle amène une élévation de la pression dans les vaisseaux pulmonaires.

 Le cœur, qui doit propulser le sang à travers les poumons pour l'oxygéner, se fatigue progressivement (insuffisance cardiaque droite) en raison de cette élévation marquée de la pression des vaisseaux pulmonaires. »

Et « qu'il existe une prédisposition génétique qui rend certains individus plus susceptibles de développer la maladie. »

 « Plus rarement, une chirurgie pour désobstruer les artères pulmonaires est parfois possible lorsque l'hypertension pulmonaire est secondaire à des embolies pulmonaires », retient-on.

* Le cathétérisme est un acte médical consistant à introduire dispositif médical, cathéter dans la lumière d'un organe tubulaire creux. Cathétériser est le verbe correspondant. Le cathéter est un fin tuyau souple et creux. Il est raccordé le plus souvent à l'extérieur par une tubulure (long tube de plastique souple et le plus souvent transparent).

Les cathétérismes les plus fréquents sont ceux d'une veine ou d'une artère, mais on peut également cathétériser la vessie, l'urètre, les uretères, les voies biliaires…

Le cathétérisme permet :

•          d'injecter des produits médicamenteux ;

•          des produits de contraste lors d'examen de radiologie ;

•          La prise de pression ou la mesure du débit dans la cavité cathéthérisée.

•          Le prélèvement de liquides dans la cavité cathétérisée en vue d'analyses ou de drainage.

O. Larbi


Entre 700 et 1000 personnes souffrent d’HP en Algérie

Augmentation de la pression dans les artères pulmonaires, l’hypertension pulmonaire est une affection rare mais très grave qui entraîne la mort si elle n’est pas diagnostiquée et prise en charge précocement. Entre 700 à 1000 personnes souffrent de cette pathologie en Algérie.

Le taux d’incidence dans le pays est de 200 nouveaux cas par an. A long terme, cette affection qui évolue très vite, aboutit à l’atteinte du cœur droit et finit par causer le décès.

L’absence de symptômes spécifiques à la maladie entraîne un retard dans le diagnostic. La majorité des patients sont diagnostiqués aux stades 3 et 4 de la maladie. Trois traitements sont actuellement disponibles en Algérie dont un qui est fabriqué localement par le groupe Saidal.

R.R.


Une maladie aussi foudroyante que le cancer

Maladie qui touche les vaisseaux qui unissent le cœur et les poumons, l’hypertension pulmonaire peut entraîner le décès dans les deux à trois ans qui suivent son apparition.  Le risque élevé de mortalité fait que cette maladie est aussi foudroyante que le cancer qui figure parmi les principales causes de morbidité dans le monde. Toutefois, il existe une thérapeutique ciblée pour cette pathologie qui demeure encore inconnue du grand public.

Dans ce cadre, la Société algérienne de l’hypertension pulmonaire sensibilise la population médicale pour aider les médecins à reconnaître les symptômes de cette maladie qui peuvent prêter à confusion.

R.R.


Rencontre nationale Le 21 janvier à l’Aurassi : Première journée sur l’hypertension artérielle pulmonaire : 300 praticiens attendus

L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) sera au centre de l’intérêt de la première journée de la SAHP le 21 janvier 2016 à l’hôtel El Aurassi, Alger. Cette rencontre scientifique qui regroupera des experts algériens et étrangers portera sur l’épidémiologie, le diagnostic et la classification, la prise en charge thérapeutique médicale et chirurgicale, les étiologies singulières des HTAP observées dans le groupe de prise en charge en Algérie et le dépistage, les nouvelles recommandations sur l’HTAP et la stratégie thérapeutique dans les formes sévères.

Plus de 300 praticiens sont attendus aux travaux de cette journée qui entre dans le cadre de la formation médicale continue.

R.R.