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M. Mohamed Alioui, SG de l'UNPA, invité du forum de DK News : Les sillons de l’avenir

Publié par O. Larbi, Said Abjaoui, Rachedi R. le 19-01-2016, 19h05 | 290
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La constitution est la mère de toutes les lois. C'est par rapport à elle que se construit le corpus institutionnel. Il en est ainsi de tous les domaines recouvrant les activités des institutions c'est-à-dire de l'Etat.

Le processus de révision de la constitution s'est déroulé en deux étapes. La première étape a été conduite par Bensalah et la deuxième par Ouyahia.

Sont-ils arrivés aux mêmes résultats par la reprise de la même démarche ? On n'en sait rien de ce qui a été repris ou enrichi mais de toute façon, l'avant-projet de constitution est prêt et le SG DE L'UNPA qui est l'invité du forum de DK NEWS, à savoir Mr Mohamed Alioui, s'est dit satisfait du fait qu'en son article 17 bis, l'avant-projet de constitution, se propose de reprendre les appréhensions de l'UNPA du fait que la protection de la production agricole est constitutionnalisée. L'agriculture est constitutionnalisée à travers la création du HCA, haut conseil de l'agriculture.

Comme on le sait, le haut conseil est placé auprès du président de la république.

Cette proximité explique combien l'Etat doit se préoccuper de la sécurité alimentaire qui est une composante importante de la sécurité nationale, et donc de la souveraineté nationale.

Le Haut Conseil de l'agriculture comprendra en son sein les représentants de tous les secteurs liés à l'agriculture, lui donnant ainsi le caractère inter ministériel qui en facilitera à la fois l'étude de la prise de décision et également sa mise en œuvre. Il s'agira ainsi de rendre plus court le processus de l'étude et de la décision.

Des aberrations constatées devront être levées. Comment qualifier le fait que des éleveurs de vache n'ont pas de terre et qu'il y en a de ceux qui ont des terres mais pas de vaches. Deux ou trois mois après leur importation, des vaches ont fini à l'abattoir.

La constitutionnalisation de la protection de l'agriculture permettra de sauver des terres agricoles de leur disparition sous « le béton». Ainsi, il faudrait laisser aux générations futures les moyens de leur développement agricole.

Après la promulgation de la constitution, l'année 2016 sera celle des lois d'orientation et des décrets d'application.

Le Constitutionnaliser la protection de la production agricole reviendrait à garantir aux fellahs l'accès à l'irrigation de leurs terres. Cela permettra également d'entreprendre impérativement la construction de moyens de stockage et de conservation de la production. Concernant l'eau, tel que rapporté par la presse, le projet du gouvernement permettra d'irriguer 1,5million d'hectares dans le cadre de l'extension du périmètre irrigué. L'investissement agricole permettra de consolider l'économie.

Said Abjaoui


Les interrogations de Alioui

«Soutenir l’agriculture, renoncer aux importations» Mohamed Alioui est président de l’Union des fellahs maghrébins, connaît parfaitement l’état de l’agriculture dans ces pays frères voisins.

Son franc parler repose sur les constats irréfragables, par exemple : le défaut d’approvisionnement en eau des terres à Sig, Mohammedia, Guelma.

«Les éleveurs de vaches laitières de Boumerdes n’ont pas un hectare pour cultiver des fourrages ! Ceux de Tizi-Ouzou spécialisés dans la viande rouge sont dans la même situation.

Les éleveurs d’ovins de la wilaya de Djelfa sont confrontés à une pénurie de fourrages et si une brebis met bas, son petit ne survivra pas au froid à moins 4° et parce qu’elle n’a pas de lait.»

Après avoir fait le constat du réchauffement climatique qui touche le monde, il soutient que les «retards dans la chute des pluies saisonnières pénalisent grandement l’agriculture : les cours d’eau sont à sec et les réserves des barrages serviront à la distribution d’eau potable, pas pour l’irrigation.»

Il ajoute : «Les engrais de désherbage des plantes nuisibles aux graminées n’ont pas été répandus faute de pluie pour assurer leur drainage des sols. Par ailleurs l’entreprise espagnole installée à l’est du pays commercialise 90% de sa production à l’exportation, les 10% restants sont réservés aux agriculteurs nationaux.

Il notera également le renchérissement des prix des engrais.

Que faire des productions excédentaires ? M. Alioui signale que «400 000 quintaux de pomme de terre doivent être mises rapidement sur le marché, sans quoi, elles seront perdues pour l’économie algérienne.

«J’entends par mise sur le marché, l’exportation de ces surplus vers la Tunisie, la Libye (qui importe 2000 000 de quintaux par an, mais ce n’est pas d’Algérie où il n’y a pas d’aide à l’export.

Je viens d’apprendre que des centaines de quintaux de tomate ont été jetés à Adrar !» Et de lancer : «Nous sommes experts en importations mais pas encore appris à exporter !»

Mohamed Alioui est connu pour son courage politique et son attachement aux fellahs et à la terre, aussi ne mâche-t-il pas ses mots : «Quand l’administration se décidera-t-elle à délivrer leurs actes aux concessionnaires ? Quand le ministre des finances enjoindra-t-il les banques d’accorder des crédits aux fellahs ? Quand le ministre de l’habitat interviendra-t-il pour empêcher l’achat de terres par de promoteurs immobiliers qui réduisent comme peau de chagrin les plaies de la Mitidja, d’Annaba, de Maghnia, de l’est et de l’ouest du pays ?

Quand le ministère des ressources en eau lancera-t-il effectivement la mise en valeur pour l’irrigation d’un million d’hectares, et quand se termineront les études qui ont déjà pris 18 mois ?»

A propos de la pression des promoteurs immobiliers, il dit la «résistance des fellahs de Rahmania, près de Sidi Abdallah qui, possédant 300 ha, se sont vus proposés 18 milliards de centimes pour vendre leur terre : Chaque jour l’huissier se présente pour leur demander de se saisir de l’opportunité. Mais, ils tiennent bon, l’UNPA les soutient. Dans le droit fil de ce que prévoit la constitution, à savoir «Protéger les terres agricoles».

Si des fellahs ne sont entrés en possession de «leur carte d’identité agricole», l’acte de concession, il en est d’autres qui ont eu tout ce qu’il faut mais ne travaillent pas la terre, «j’ai demandé devant témoins que ceux-ci soient exclus du bénéfice de la concession».

Tous ces freins au développement de l’agriculture algérienne sont des entraves bureaucratiques qui mettent en échec la volonté de l’Etat de se protéger contre la dépendance alimentaire et de soustraire la souveraineté de la nation aux pays qui ont les capacités de production, les moyens et les aides de l’Etat.

«Sachez que la moyenne des aides étatiques en Europe est de 47%, aux USA, certaines filières sont soutenues à plus de 50%. Les aides à l’agriculture dans notre pays ne dépassent pas 4,5%...

La mécanisation est hors de prix pour n’importe quel agriculteur en Algérie, c’est pourquoi nous estimons que la création de coopératives d’achats de matériels sont nécessaires et prioritaires : en France, un seul agriculteur peut s’occuper grâce aux moyen mécaniques de labours, de répartition des engrais, de récoltes, etc., tandis que le fellah algérien ne peut même pas s’occuper de 2 hectares seul !»

Mohamed Alioui reste optimiste, «car, le premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré que l’année 2016 sera celle de l’agriculture : beaucoup de choses seraient mises à niveau et des problèmes récurrents réglés.» Le Conseil supérieur de l’agriculture verra-t-il le jour ?

L’optimisme du secrétaire général de l’UNPA trouve sa source dans la détermination des fellahs à défendre la terre et tous les moyens de sécuriser l’alimentation des algériens.

Mohamed Alioui est aussi encouragé dans les positions par le président de la république : «Abdelaziz Bouteflika sait la place et le rôle des fellahs dans les différentes étapes de l’histoire de l’Algérie et pas seulement depuis l’indépendance, durant la décennie noir notamment. Il m’a chargé de veiller à ce que son rôle ne soit pas amoindri.

«le Président Bouteflika, qui a été destinataire d'une motion de l'UNPA, à l'occasion du 41e anniversaire de sa création, a souligné que cette motion «traduit l'engagement des agriculteurs algériens à contribuer au processus d'édification de l'Algérie et de préservation de ses richesses». Le Président de la République a tenu à exprimer aux agriculteurs sa «haute considération pour leur dévouement et leur attachement aux nobles principes unificateurs ainsi qu'aux valeurs authentiques de notre peuple, mus par une forte volonté de promouvoir ce secteur vital pour permettre à notre pays de surmonter les épreuves, tout en préservant sa stabilité et la cohésion du front interne à l'ombre des crises économiques et soubresauts politiques qui secouent le monde».

Le secrétaire général de l’UNPA est lié : «S'adressant au secrétaire général de l'UNPA et aux responsables du secteur, le Président Bouteflika s'est dit confiant que leur «dévouement au service du pays, leur expertise et expérience sur le terrain, ainsi que leur attachement à honorer leurs engagements et leur sérieux, sont autant d'atouts qui les qualifieront pour mener à bien la mission qui leur incombe, notamment en cette conjoncture difficile où le pays a plus que jamais besoin de ses vaillants enfants pour concourir à son progrès et sa prospérité».

Le Forum de DK news a permis à Mohamed Alioui de clarifier certains sujets et de rappeler la confiance du plus haut magistrat du pays.

O. Larbi


Les agriculteurs en manque d’eau : Le projet d'un million d'hectares de surface irriguée à la traîne

Tout comme l’Algérie, les pays du Maghreb enregistrent un grand manque en matière de barrages destinés au secteur agricole.

Le ministre des Ressources en Eau avait annoncé dernièrement que ce problème avait été résolu et que les réserves en eau sont suffisantes pour les deux prochaines années. «C’est peut-être le cas pour l’eau destinée à la consommation et aux ménages mais pour l’agriculture, c’est une autre histoire», a indiqué M. Alioui.

D’après le président de l’UNPA, le projet d'un million d'hectares de surface irriguée décidé par le président de la République pour relancer le secteur agricole est encore en phase d’étude dix mois après son annonce.

L’accélération de la mise en œuvre de ce programme permettra à l’Algérie de produire 90% de ses besoins et de réduire considérablement la facture d’importation.

 

Crédit bancaire 30% des agriculteurs n’ont pas encore reçu leurs contrats

Plus de 30% des agriculteurs des wilayas d’Alger et de Boumerdès à qui le ministère de l’Agriculture a redistribué des terres qui étaient destinées dans un premier temps à la réalisation de projets industriels ou immobiliers, n’ont pas encore reçu leur contrat de propriété. Ces derniers qui ne disposent pas d’acte ne peuvent pas prétendre à un crédit bancaire indispensable pour l’acquisition de matériels agricoles nécessaires pour le développement de leurs exploitations.

 

En l’absence d’unités de transformation : 400 000 quintaux de pomme de terre risquent de finir à la poubelle !

Plus de 400 000 quintaux de pomme de terre entreposés dans les chambres froides depuis mai 2015 risquent de finir dans la poubelle si on ne les commercialise pas avant la fin du mois de février prochain, annoncé M. Alioui. Devant l’abondance de la production et en l’absence d’unités de transformation, cette quantité de pomme de terre risque tout simplement de finir en compost. Pour permettre aux agriculteurs de mieux commercialiser leurs produits et par la même occasion mettre un terme à la spéculation qui engendre une flambée des prix, le président de l’UNPA a proposé au ministère du Commerce de permettre aux agriculteurs de vendre leurs produits directement sur les marchés, comme cela a été fait durant le Ramadhan dernier.

R.R.

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